Beatles / Rolling Stones : les débuts

Les Beatles et les Rolling Stones en 1962
Les Beatles et les Rolling Stones en 1962 ©Getty
Les Beatles et les Rolling Stones en 1962 ©Getty
Les Beatles et les Rolling Stones en 1962 ©Getty
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1962, c'est cette année là que les deux plus grands groupes de tous les temps voient le jour.

Les Beatles et les Rolling Stones. Sans doute les deux plus grands groupes du monde. Pourquoi? D'abord parce qu'ils furent à l'origine de quelques uns des disques les plus saisissants de l'histoire de la musique. Ensuite, parce que leur destin est unique, encore à ce jour. Et enfin, parce que leur histoire, leur popularité et leur musique ont contribué, et parfois à leur insu, à bousculer les mentalités et à changer le monde dans la décennie. 

Resituons le contexte. Nous sommes en 1962. C'est l'année de la révolution des mœurs. Bien plus, si l'on n'y prend garde que 1968 et sa cohorte de révolutions étudiantes. 1962, c'est cette année là que les deux plus grands groupes de tous les temps voient le jour. Année charnière. 1962 est encore marquée par la Deuxième Guerre mondiale. L'ombre de la guerre pèse toujours sur l'économie du pays, l'Angleterre, et sur le moral d'une génération qui a vécu les combats, mais surtout les bombardements. Les enfants nés pendant cette guerre et qui sortent tout juste de l'adolescence n'ont qu'une idée en tête s'affranchir de ce cadre étouffant. Et c'est dans ce contexte que va naître la révolution Beatles / Rolling Stones. 

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Leur saga grandiose, tragique, gorgée de sexe et de rébellion, ponctuée de scandales, d'histoires de drogue, de brouilles, d'insultes, de destins brisés, mais surtout de tubes musicaux sans équivalent. Cette saga, qui se confond avec l'histoire des mentalités au vingtième siècle, est la plus incroyable des sagas du rock. La voici racontée à partir des confessions des Beatles et des Rolling Stones, glanés dans les très nombreux ouvrages qui leur sont consacrés.

Les Beatles sortent leur premier album en 1962. Mais en réalité, trois d'entre eux jouent ensemble depuis déjà 1958. John Lennon a 16 ans en mars 57, lorsqu'il attrape la fièvre du rock n roll naissant. Il obtient de sa tante qu'elle lui achète une guitare par correspondance et il forme avec des copains d'école son premier groupe, The Quarryman. Quatre mois plus tard, un certain Paul McCartney, 15 ans, parfaitement inconnu, aborde Lennon lors d'une kermesse et il lui fait une démonstration de guitare en reprenant notamment un tube de Little Richard, tube que les Beatles joueront systématiquement sur scène et que Paul McCartney joue encore lors de presque tous ses concerts.

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Grâce à cette chanson précisément, voici donc Paul McCartney enrôlé par John Lennon dans les Quarrymen. En février 1958, le Quarryman Paul McCartney va présenter au Quarryman John Lennon, un de ses amis qui s'apprête à devenir électricien, mais qui possède un jeu de guitare encore différent du leur, un certain George Harrison, 15 ans. Lennon tombe aussitôt sous le charme de George Harrison et Harrison rejoint donc le groupe. Ensemble, ils vont reprendre, notamment ce qui fera leur succès un peu plus tard dans les clubs : Chuck Berry, Buddy Holly, Eddie Cochran, Gene Vincent, Carl Perkins. Mais surtout, ils commencent à écrire. Et savez vous quelle est la première composition de ceux qui vont devenir les Beatles? Une chanson signée n'ont pas Lennon / McCartney comme ce sera ensuite l'habitude, mais Harrison / McCartney intitulé In Spite of all the dangers, enregistré le 12 juillet 1958 et qui ne sera publié en album qu'en 1995. 

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Au début des années 60, il existe près de 300 groupes de jeunes, tous âgés de 15 à 20 ans  en Angleterre, ils jouent dans les clubs, ils cherchent des engagements pour des concerts et ils interprètent à peu près tous des chansons américaines. Alors, comment sortir du lot ? Grâce à un manager. À la fin de l'année 1961, un jeune disquaire, Brian Epstein, s'emballe pour les Beatles. Il les a vus sur scène au Cavern Club de Liverpool. Frappé par leur magnétisme sur scène, Brian Epstein les prend sous son aile et frappe à toutes les portes pour dénicher un contrat dans une maison de disques. 

Et c'est là qu'intervient ce qui restera sans doute comme la plus grande erreur de toute l'histoire de la musique. Le 1er janvier 1962, Brian Epstein obtient une audition chez Decca, alors considéré comme le plus important label le dénicheur de talents. 

Les Beatles jouent et Decca refusent les Beatles. Motif avancé par la maison de disques : les groupes à guitares sont sur le déclin. Remarquez en son temps. Gallimard a bien refusé La recherche du temps perdu de Marcel Proust.

Brian Epstein ne se décourage pas. Nouvel échec. Quelques jours plus tard, chez Columbia. Et puis, le 6 juin 1962, les Beatles, tout juste rentré d'une série de concerts à Hambourg, obtiennent une nouvelle audition dans les studios ÉMI à Abbey Road. Le producteur s'appelle George Martin et il craque pour une chanson. Au point d'ailleurs qu'il renonce à son idée première, qui était de sortir un 45 tours de ses quatre garçons avec une reprise comme cela se fait pratiquement tout le temps à l'époque. Non, ce sera cette chanson qu'il entend pour la première fois en juin 62, chantée à deux voix par Paul McCartney et John Lennon. 

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Si les Beatles apparaissent les premiers sur la scène musicale grâce à cette audition du 6 juin 62, les Rolling Stones sont en réalité leur exacte contemporain. Le groupe trouve son nom en juin 1962 et donne son premier concert le 12 juillet 1962 à Londres au Marquee, un des clubs où se bousculent toute la jeunesse de l'époque. Sur scène, six jeunes gens d'à peine vingt ans qui chantent non pas des compositions originales, mais comme tout le monde, des reprises du blues et du rock n roll. Qui sont ces six garçons qui viennent de se baptiser les Rolling Stones ? Pour le comprendre, il faut revenir quelques mois en arrière. Car tout commence en réalité un soir d'avril 1962. 

Ce soir là, trois copains fans de rythm'n blues qui ont monté un petit groupe nommé Little Boy, Blue and Blue Boys, se rendent dans un club de Jazz à Londres. Ils s'appellent Mick Jagger, Keith Richards et Dick Taylor. Et ce soir d'avril 62, leur destin va basculer. 

Ce soir d'avril 62, tous trois se rendent donc au concert donné par un tout nouveau groupe qui commence à faire fureur à Londres. Blues Incorporated, le premier groupe de blues au monde, uniquement composé de Blancs. Du jamais vu. Sur scène ils découvrent un énergumène qui les impressionne en jouant d'un instrument totalement inconnu à l'époque en Angleterre : la guitare slide, son nom et Elmo Lewis. Un nom de scène que s'est choisi un gaillard de 20 ans, blond, solitaire, renfrogné, baptisé Brian Jones. 

Les Blues Incorporated fonctionnent comme une troupe de théâtre, en réalité beaucoup plus que comme un groupe soudé, c'est à dire que les musiciens changent souvent au gré des concerts, selon les jours. Alexis Korner, le leader de Blues Incorporated, accepte volontiers d'intégrer dans son groupe Mick Jagger, Keith Richard et Dick Taylor que l'envie de faire de la scène démange depuis longtemps et qui sont tous les trois éberlués par les solos de guitare de Brian Jones. Ça tombe bien, car Brian Jones, justement, vient de monter son propre groupe, un groupe qui n'a pas vraiment de nom, dont il est le guitariste et pour lequel il cherche un chanteur. Car celui qu'il venait de choisir, Paul Jones, vient de le quitter pour rejoindre une autre formation appelée à devenir célèbre. Les Manfred Man. Brian Jones choisit alors Mick Jagger, qui vient de faire son entrée dans le Blues Incorporated comme vocaliste. 

Jagger accepte, mais à condition que ses deux copains, Keith Richards et Dick Taylor, rejoignent eux aussi le groupe naissant. Au piano, Brian Jones a recruté Ian Stewart et à la batterie Mick Avory. Reste à choisir un nom et c'est Brian Jones qui va le trouver, ce nom. Au mois de juin 1962, au téléphone, en train de prospecter pour trouver des engagements pour des concerts, quand on lui demande comment s'appelle son groupe, il cite le premier nom qui lui tombe sous les yeux. Le titre d'une chanson de celui qui est à l'époque leur idole à tous, Muddy Waters. 

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En juin 1962, les Rolling Stones sont donc nés. Mais très vite, les dissensions éclatent. Le leader à cette époque, c'est Brian Jones. C'est lui qui a une idée précise de ce que doivent devenir les Stones : Un groupe de blues. Dick Taylor, qui joue de la guitare et de la basse, décide assez rapidement de quitter le groupe, à la fois parce qu'il voudrait poursuivre ses études d'art et parce qu'il ne s'entend guère avec Brian Jones. Il part donc et fondera quelque temps plus tard un autre groupe de rock mythique The Pretty Things. Brian Johns recrute Bill Wyman à la basse de cinq ans leur aîné, et il pousse dehors le batteur Mick Avory, qui partira lui fonder les Kinks. Il offre le poste de batteur à un type étrange à la mine impassible, fan de jazz Charlie Watts, avec qui les garçons ont déjà joué dans le Blues Incorporated, la formation ne bougera plus jusqu'en 1969. 

Les Rolling Stones jouent, mais ils n'écrivent pas. Ils continuent à assurer des reprises avec un style neuf, bien sûr, et qui surprend tout le monde. Mais pendant presque deux ans, les Rolling Stones resteront un groupe de reprises. Ils laissent la voie libre aux Beatles, qui vont s'imposer en un temps record. 

Le grand entretien
52 min

Bibliographie

  • Stanley Booth - Dance with the Devil (Flammarion)
  • Keith Richards - Life (Robert Laffont)
  • Andrew Oldham - Rolling Stoned (Flammarion)
  • Sean Egan - The Rolling Stones (Tournon)
  • François Bon - Rolling Stones une biographie (Fayard)
  • Stéphane Koechlin - Brian Jones (Le Castor Astral)
  • Glenn Crouch - Les Rolling Stones (Gründ)
  • Jacques Volcouve & Pierre Merle - Les Beatles Revolution (Fayard)
  • Jim Derogatis & Gret Hot - Les Beatles vs les Rolling Stones (Le Serpent à Plumes)
  • François Plassat - The Beatles Discomania (JBZ & Cie)
  • Alan Lysaght & David Pritchard - The Beatles l’histoire que l’on raconte… (Camion Blanc)
  • Geoff Emerick - En studio avec les Beatles (Le Mot et le Reste)
  • Barry Miles - Paul McCartney many years from now (Flammarion)
  • François Plassat - Paul McCartney l’empreinte d’un géant (JBZ & Cie)
  • Tim Hill - The Beatles 4 garçons dans le vent (Place des Victoires)
  • Jean-Eric Perrin & Gilles Verlant - Les Miscellanées des Beatles (Fetjaine)

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