Boris Cyrulnik : “L’insoumission m’a sauvée la vie”

Boris Cyrulnik
Boris Cyrulnik ©Getty - Ulf Andersen
Boris Cyrulnik ©Getty - Ulf Andersen
Boris Cyrulnik ©Getty - Ulf Andersen
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Avec “Sauve-toi, la vie t’appelle”, Boris Cyrulnik choisit l’autobiographie pour reconstituer son enfance volée par la guerre. Le neuropsychiatre et écrivain explique les incroyables mécaniques de la mémoire et les vertus réparatrices de la fiction.

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Pour le titre de son autobiographie, Boris Cyrulnik a choisi un vers d’Aragon : "Sauve-toi, la vie t’appelle", en hommage à la fuite et au “pouvoir de rêverie” qui lui ont sauvé la vie.

Boris Cyrulnik ou les pièges de la mémoire

“Mon histoire commence à 6 ans et demi quand je suis arrêté par des hommes en armes.” C’est ainsi que Boris Cyrulnik décrit sa "seconde" naissance, celle du début de ses souvenirs. 

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Le neuropsychiatre explique alors le mécanisme de la mémoire : "la mémoire intime n’est composée que de ce que les autres y mettent”. Enfant caché dans une famille d’accueil pendant la Seconde Guerre mondiale, il ne peut ni parler ni sortir sous peine d’être arrêté. Complètement isolé, “un enfant seul ne peut avoir de souvenirs”.

Boris Cyrulnik, du traumatisme à la parole

L’arrestation de Boris Cyrulnik, enfant, correspond au début de ses souvenirs mais aussi à la mise en place de la mémoire traumatique. 

Selon Boris Cyrulnik, la mécanique du traumatisme entraine chez l'adulte et chez l'enfant une modification émotionnelle et génétique. L’adulte traumatisé modifie ses hormones de stress et transmet à son enfant une génétique modifiée.

L’adulte comme l’enfant doivent affronter ce traumatisme. Il faut “se souvenir sans se soumettre”. Ce "combat" passe par la parole : “la parole a une fonction biologique et tranquillisante”. 

Boris Cyrulnik, après la guerre, l’impossible témoignage

Après la guerre, Boris Cyrulnik se heurte au déni de ceux qui n’ont pas subi la déportation et qui peuvent dire “Arrête de te plaindre, nous aussi on a souffert, on a manqué de beurre.” 

Comme les gens ne voulaient pas entendre, Boris Cyrulnik devenu médecin décide alors de devenir écrivain, comme Georges Pérec pour que les gens lisent son histoire. Il estime que le témoignage n’a pas le même pouvoir que la fiction : “La fiction est bonne pour les blessés de l’âme."

Selon lui, si Primo Lévi "n’a pas été entendu", c’est parce qu’il a témoigné. André Schwartz-Bart et Anne Franck sont parvenus à se faire entendre car ils ont “modifié la culture”. 

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