Giulia Sissa

France Inter
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François Busnel reçoit Giulia Sissa pour son ouvrage

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© Radio France

"Voici le livre qu'attendaient tous ceux pour qui aimer est un art. Pourvu qu'ils soient nombreux! Notre époque est fâchée avec le plaisir, l'amour, la beauté, les grandes vibrations. Elle préfère juger, trancher, condamner, comme si le spectacle de la joie ou de l'émotion la renvoyait à d'insupportables blessures. Passons... Il est temps de replonger dans ce qui fut, pour les Grecs et les Romains, un art: aimer.

Giulia Sissa enseigne la théorie politique de l'Antiquité à la très sérieuse Université de Californie à Los Angeles. Elle est également chercheuse au CNRS. Elle est, surtout, un remarquable écrivain. Son immense culture se double d'un style clair, souvent drôle, parfois léger. Elle nous offre un véritable guide de la culture érotique. La recherche du plaisir, l'importance du féminin, le primat de l'ironie, le statut de l'homosexualité... Bref, l'art d'aimer. Si vous voulez mieux vivre votre sexualité, mais surtout votre sensualité, revenez vers les Anciens, explique-t-elle. Les Anciens, oui, tout en s'en démarquant: le paradoxe n'est qu'apparent. Ce recours aux mythes et légendes de l'amour qui firent d'Athènes et de Rome les plus grandes cités de l'univers nous ouvrira les portes du sensuel plus que du sexuel. On y trouvera matière à plus d'inventivité, de liberté, de complicité et de raffinement. Nécessaire, par les temps qui courent, quand la sensualité se confond avec l'image que nous renvoient les top-modèles et les magazines de papier glacé et quand la sexualité se confond trop souvent avec la pornographie et son culte de la performance. L'enjeu, selon Giulia Sissa, est clair: si nous apprenons à transformer le sexe en sensualité, alors disparaîtra ce qui nous paralyse, c'est-à-dire la peur d'apprendre à aimer vraiment. Or, si nous voulons que l'amour dure un peu plus de trois ans, si l'on veut aimer dans le temps, il faut apprendre à faire de l'amour un art et non une simple émotion. Agir plutôt que subir. Réinventer ce répertoire qu'est le corps vivant de l'autre. Médée et Pénélope, l'une étant l'antithèse de l'autre, la vengeresse et l'abandonnée, sont des modèles parmi beaucoup d'autres. Leur exemple, ici décrypté, est fascinant. Sur le désir et le plaisir, les Anciens ont encore tant à nous apprendre. "

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François Busnel, in L'Express, le 09/11/2011

Choix musical de l'invitée: « L’air du catalogue » du Don Giovanni de Mozart par Ildebrando d’Arcangelo avec The English Baroque Soloists, Direction John Eliot Gardiner.

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