Marie-José Chombart de Lauwe : “J’ai vu la grandeur humaine”

La résistante Marie-Josée Chombart de Lauwe
La résistante Marie-Josée Chombart de Lauwe ©Radio France - Anne Audigier
La résistante Marie-Josée Chombart de Lauwe ©Radio France - Anne Audigier
La résistante Marie-Josée Chombart de Lauwe ©Radio France - Anne Audigier
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Entrée dans la Résistance à 17 ans en 1940, Marie-José Chombart de Lauwe a été trahie puis déportée à Ravensbrück. Aujourd’hui présidente de la Fondation pour la mémoire de la déportation, elle retrace son parcours avec lucidité et précision.

Avec
  • Marie-José Chombart de Lauwe Ancienne résistante française

Marie-José Chombart de Lauwe préfère expliquer les causes du nazisme que parler de ses souffrances  Elle privilégie l’analyse des faits “qui sont toujours les mêmes” au récit de la déportation et de la Résistance.

L’entrée dans la Résistance

Au début de la guerre, elle est en classe de Première à Tréguier. Une professeure lui fait entendre le message de Pétain : “c’était la honte, on pleurait”.

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Animée par une “conscience patriotique” et la volonté “d'essayer de faire quelque chose”, la jeune Marie-José s’engage dans la Résistance à 17 ans au côté de sa mère et de son père. Dans sa famille, l’engagement, “ça allait de soi”.

Son premier réseau, “La Bande à Sidonie”, organise des évasions vers l’Angleterre. Elle intègre ensuite “George 31”, un réseau plus important en lien avec l’Intelligence Service. Bien que très jeune, elle a parfaitement conscience du danger. Elle sait que les Résistants arrêtés sont exécutés.

Trahison, arrestation et transfert à Paris

Trahie par “Roger”, un infiltré, Marie-Josée Chombart de Lauwe est arrêtée le 22 mai 1942 à Rennes. L’arrestation par la police allemande est “un choc très fort” comme si sa vie se coupait en deux. “Je rentrais dans un univers que je ne maitrisais pas.”

Transférée à la prison de la Santé à Paris, elle réussit à communiquer avec d’autres Résistantes par le “siège des WC”, notamment France Bloch-Sérazin et Marie-Claude Vaillant-Couturier.

Elle découvre également à cette période la “grandeur humaine” : un jeune Résistant qui attend son exécution lui dit “Quand on m’emmènera, ne pleurez pas. Je veux que vous disiez aux jeunes que je suis tombé pour eux !”

Les interrogatoires ont lieu au siège de la Gestapo, 11 rue des Saussaies. Elle réussit à graver sur un mur les quatre derniers vers de “La Mort du loup” d’Alfred de Vigny. C’est dans ce lieu qu’elle apprend qu’elle est classée NN (Nuit et Brouillard), ceux qui doivent disparaître sans laisser de traces.

Survivre à Ravensbrück

Marie-José Chombart de Lauwe est déportée à Ravensbrück en juillet 1943. Avec les femmes de son groupe, elles essaient “de rester des êtres pensants”. Elles écrivent des poèmes, chantent, se font des petits cadeaux. Elles rient aussi. Mais d’autres groupes de femmes, "en bout de course", n’ont plus la force de survivre.

“La chambre des enfants” est son pire souvenir. Sur les 500 enfants nés en 1944, une quarantaine ont survécu. “On a essayé de faire ce qu’on a pu.” Une femme parvient à voler les gants en caoutchouc du médecin pour fabriquer des tétines : c'est le courage et la solidarité au bout de l’enfer.

En mars 1945, les survivantes sont envoyées à Mauthausen. Celles qui ne peuvent plus marcher sont tuées d’une balle dans la tête.

Sortir des camps

Après avoir été rapatriée et soignée en Suisse, Marie-José Chombart de Lauwe rentre en France en mai 1945. Elle a 22 ans et retourne vivre à Bréhat. Une voisine pétainiste refuse de la recevoir car elle estime que la vie dans les camps, “ce n’est pas une éducation pour une jeune fille bien”. Pour Marie-José Chombart de Lauwe, le pardon n’a pas de sens.

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