

Paul Auster a donné à François Busnel et à France Inter deux grands entretiens exceptionnels. A l’occasion de la sortie de “Chronique d’hiver” et dans ce second entretien, il se confie sur la lecture et l'écriture, sur la France et sa littérature.
- Paul Auster écrivain
Paul Auster a un pacte moral avec ses lecteurs : “je ne mens pas”. Dans une œuvre telle que Chronique d’hiver, qu’il définit comme un “dialogue intime avec lui-même”, il ne peut pas laisser entrer la fiction. Et quand il écrit un roman, il s’agit vraiment d’un roman.
Paul Auster, l’écriture comme une blessure
“A chaque fois que je commence un nouveau livre, j’ai l’impression d’être un amateur”, confesse Paul Auster. C’est pour cette raison, que le métier d’écrivain est “une occupation intéressante”.
Difficile pour l’écrivain d’expliquer pourquoi et comment il écrit. “Je ne sais pas ce qui m’a poussé à écrire.” Certes, il a commencé très jeune. Il a douze ans quand il écrit son premier roman.
Mais chaque processus de création est différent. Certains romans prennent dix ans de réflexion, d’autres viennent en quelque mois.
A la notion d’inspiration, Paul Auster préfère celle d’inconscient. Pour écrire “il faut être dans un état d’esprit, très ouvert, sans préjugés. Il faut laisser les choses se produire”. Le livre est une sorte d’improvisation.
Pour lui, l’artiste est “quelqu’un pour qui le monde n’est pas suffisant”. La blessure est toujours à l’origine de la création. Parfois quand il écrit, “c’est comme si son corps entier était une blessure ouverte”.
Paul Auster, la France et sa littérature
Paul Auster apprend le français par hasard au lycée. Puis il vient en France très jeune. Expérience “merveilleuse”. A l’époque la France représente ce qui n'est pas les Etats-Unis, ce qui n’est pas chez lui. Puis la France est devenue “un autre chez lui.”
La littérature est au cœur de son amour pour la France. Il lit et relit Montaigne, qu’il considère comme un des grands : “Il a inventé une autre manière de penser.”
Il raconte la révélation que fut la découverte de Chateaubriand : “Il écrit bien et mêle passé et présent de manière très intéressante.”
Rousseau le touche même si "on sait qu’il ment". Paul Auster nous replonge dans “Les Confessions” et dans un moment en particulier. Rousseau se promène dans les bois, il ramasse une pierre et la jette contre un arbre. Le philosophe se dit alors : si je touche l’arbre avec la pierre, toute ma vie sera merveilleuse. Il échoue à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’il soit si près de l’arbre qu'il ne puisse plus le rater. Pour Paul Auster, ce passage est "son moment préféré de la littérature”.
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