Cette émission spéciale est consacrée au palmarès du 75ᵉ Festival de Cannes. Un festival qui, après les années covid et l'édition de l'an passé, présentée en plein mois de juillet, avait retrouvé sa forme, son prestige, ses étoiles - ce fut plus que jamais le grand rendez-vous mondial du cinéma.
Et pour commenter cette distribution des prix, il y a autour de Jérôme Garcin :
- Charlotte Lipinska (Vogue)
- Xavier Leherpeur (7ème Obsession)
- Michel Ciment (Positif)
- Eric Neuhoff (Figaro)
À ceux qui auraient manqué l'événement, rappelons rapidement que le festival s'est ouvert le 17 mai lors d' une soirée assez mémorable : le président Zielinski est intervenu en direct, et en a appelé à Charlie Chaplin avant que Vincent Delerm fasse chanter "Que je t'aime" aux robes longues, au smokings et à Xavier Leherpeur et que surgissent enfin les étranges zombies de Michel Hazanavicius. Et le lendemain, la Patrouille de France survolait le bunker pour saluer le pilote Tom Cruise et la présentation de "Top Gun", dont on parlera d'ailleurs dimanche prochain au "Masque et la Plume".
Rappelons enfin que le jury était présidé par un Vincent Lindon très motivé, j'allais dire survitaminé, très investi en tout cas. I était entouré d'actrices la britannique Rebecca Hall, l'indienne Deepika Padukone, la suédoise Noomi Rapace, l'Italienne Jasmine Trinca et deux réalisateurs, l'iranien Asghar Farhadi, le français Ladj Ly, l'américain Jeff Nichols et le norvégien Joachim Trier.
Un jury qui avait à juger 21 films du monde entier, signés notamment Valeria Bruni-Tedeschi, David Cronenberg, Albert Serra, Arnaud Desplechin, James Gray…
L'avis des critiques sur cette 75e édition du festival
Charlotte Lipinska : "Même s'il y a beaucoup de bons films qui étaient sélectionnés en compétition, très clairement, il m'a manqué un engouement, un titre qui fasse l'unanimité, qui nous porte tous. Il m'a manqué des révélations, aussi : d'habitude, chaque année, j'ai la révélation d'un cinéaste en compétition ; là, ça n'a pas été le cas. Ce n'était que des réalisateurs qu'on connaît tous qui étaient là, et pas forcément pour leurs meilleurs films. Et donc je n'ai pas eu cette joie immense qu'on a quand on découvre un cinéaste à Cannes".
Xavier Leherpeur : "Même si je suis très déçu par la compétition, il y a eu dans l'officiel, à la quinzaine, à la semaine des choses qui m'ont rassuré sur l'appétit de certains jeunes auteurs venant de tous pays. Le meilleur film pour moi, c'est peut-être un film pakistanais, un premier film qui était un certain regard et rien que pour ça, moi, ça me ravit, ça me nourrit et ça me ravit".
Eric Neuhoff : "J'ai trouvé la première semaine exceptionnelle et la deuxième désastreuse. Et surtout, j'en veux beaucoup aux sélectionneurs français de nous avoir imposé ces films tous plus calamiteux les uns que les autres. Je pense qu'on devrait pour eux rétablir soit le bagne à Cayenne, soit le goudron et les plumes parce qu'on n'a pas le droit de faire ça".
Michel Ciment constate que "la critique en général est plus sévère à Cannes que dans l'année : quand on regarde les listes des dix meilleurs films de l'année selon les critiques, il y a toujours quatre ou cinq films sur dix qui ont été présentés à Cannes. Or, on a l'impression, on vient de l'entendre, que Cannes n'avait pas un seul grand film. Je pense qu'il y a eu des grands films - souvent absents du palmarès, qui est assez décevant dans l'ensemble".
Jérôme Garcin, lui, a été frappé par le fait que "pendant cette édition, dont on a beaucoup parlé dans la presse, sont tombés les chiffres de fréquentation des salles et eux sont absolument calamiteux. La vitrine cannoise est peut-être très belle, très avenante, mais que la réalité de la fréquentation des cinémas" est différente".
Il s'interroge aussi : "dix prix pour 21 films, presque un sur deux… Est-ce que trop de prix ne tuent pas les prix ? Surtout qu'il y a beaucoup de grands oubliés".
Le Palmarès
Et le reste du palmarès :
- Prix du Jury ex-æquo : EO, réalisé par Jerzy SKOLIMOWSKI. Et LE OTTO MONTAGNE (LES HUIT MONTAGNES), réalisé par Charlotte VANDERMEERSCH & Felix VAN GROENINGEN.
- Prix du 75e : TORI ET LOKITA, réalisé par Jean-Pierre & Luc DARDENNE.
- Prix d'interprétation Féminine : Zar AMIR EBRAHIMI dans HOLY SPIDER (LES NUITS DE MASHHAD), réalisé par Ali ABBASI.
- Prix d'interprétation Masculine : SONG Kang-ho dans BROKER (LES BONNES ÉTOILES), réalisé par KORE-EDA Hirokazu.
Films en compétition
"Holy Spider" d'Ali Abbasi
"Les Amandiers" de Valéria Bruni-Tedeschi
"Les crimes du futur" de David Cronenberg
"Tori et Lokita" de Jean-Pierre et Luc Dardenne
"Stars at noon" de Claire Denis
"Frère et sœur" d'Arnaud Desplechin
"Close" de Lukas Dhont
"Armageddon" Time de James Gray
"Broker" d'Hirokazu Kore-Eda
"Nostalgia" de Mario Martone
"Rmn" de Cristian Mungiu
"Le triangle de la tristesse" de Ruben Östlund
"Decision to leave" de Park Chan-Wook
"Showing up" de Kelly Reichardt
"Leila's brothers" de Saeed Roustaee
"Boy from Heaven" de Tarik Saleh
"La femme de Tchaïkovski" de Kirill Serebrennikov
"Eo" de Jerzy Skolimowski
"Le Otto Montagne" de Charlotte Vandermeersch, Felix Van Groeningen
"Un petit frère" de Léonor Serraille
"Tourment sur les îles" d'Albert Serra
Films présentés hors compétition
"Top Gun 2 : Maverick" de Joseph Kosinski
"Elvis" de Baz Luhrmann
"Novembre" de Cédric Jimenez
"Three thousand years of longing (Trois mille ans à t'attendre)" de George Miller
"Mascarade" de Nicolas Bedos
"L'innocent" de Louis Garrel
Aller plus loin
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