Les nouveaux livres de Maylis de Kerangal, Samuel Benchetrit, Jérôme Ferrari… Que lire en cette rentrée ?

Pour le savoir, Jérôme Garcin s'est entouré de Nelly Kaprièlian (Les Inrockuptibles), Michel Crépu (NRF), Arnaud Viviant (Transfuge) et Frédéric Beigbeder (Figaro-Magazine).

► A noter que les différents avis échangés autour des livres critiqués au Masque et la Plume sont à retrouver ici

« Un monde à portée de main », Maylis de Kerangal 

Quatre ans après Réparer les vivants, qui connut un grand succès et fut adapté au cinéma et au théâtre, Maylis de Kerangal publie un nouveau roman : 

Un monde à portée de la main, chez Verticales. Un roman sur le trompe-l’œil dont la jeune héroïne est Paula Karst. Elle intègre, en 2007, l’Institut supérieur de la peinture, à Bruxelles, où elle découvre l’art de reproduire les minéraux, les végétaux, les animaux. Elle noue une relation avec son colocataire, Jonas, qui est peintre en décor et avec une autre étudiante, l’Ecossaise Kate. Après avoir obtenu son diplôme, Paula va exercer son métier à Paris, à Moscou sur le tournage d’Anna Karénine, à Cinecittà, où elle travaille au décor de Habemus Papam, de Moretti, jusqu’au projet de reconstitution de la grotte de Lascaux, ce « fac-similé ultime »... Un roman d’apprentissage, où il est beaucoup question du vrai et du faux.  

► Editions Verticales

► Les critiques du Masque et la Plume se sont ennuyés...

« Les Idéaux », Aurélie Filippetti 

12 ans après son premier roman – il est vrai qu’entre-temps elle a été ministre de la Culture et députée –, Aurélie Filippetti revient à ses premières amours. Les Idéaux, chez Fayard, est en effet un roman à la fois politique et sentimental. L’histoire se déroule au palais Bourbon. Elle est députée de gauche, lui est de droite, tout les oppose et pourtant ces deux quadras vont clandestinement s’aimer. Elle vient du peuple et de l’est industriel, lui de l’aristocratie et de l’ouest résidentiel : « Ils partagent la même langue, mais ne la parlent pas de la même manière ». Il finit par entrer au gouvernement avant de s’engager dans une association humanitaire et elle, par devenir ministre de la Culture. On reconnaît sans mal ici le couple qu’ont formé un temps Aurélie Filippetti et le chiraquien Frédéric de Saint-Sernin, qui fut ministre de Raffarin. Un roman qui, du Krach de 2008 aux attentats de 2015, et du sarkozysme au hollandisme, n’est pas tendre pour la realpolitik et se termine par cette question : « comment la gauche a-t-elle pu échouer à ce point avec les classes populaires ? »              

► Chez Fayard

► Bécassine au pays des méchants pour les critiques du Masque et la Plume

« Reviens », Samuel Benchetrit 

Reviens, chez Grasset, un roman de Samuel Benchetrit, l’auteur des Chroniques de l’Asphalte, le cinéaste de Janis et John, l’ex-mari de Marie Trintignant qui s’est marié cet été avec Vanessa Paradis. Son personnage est un écrivain en panne d’inspiration depuis que son fils est parti faire le tour du monde. En plus, il ne trouve plus un exemplaire de son roman précédent, « Béton armé », auquel s’intéresse un producteur. Le seul exemplaire est dans une maison de retraite, où il va rencontrer l’amour, non pas avec une comédienne-chanteuse, mais avec, je cite, « une infirmière bègue dont les silences sont des poèmes ». L’éditeur préconise de « suivre Benchetrit les yeux fermés, c’est une promesse de bonheur ». Mais lire les yeux fermés, ça le fait pas vraiment...  

► Chez Grasset

► La panne de l'écrivain, fausse bonne idée ?

« Le guetteur », Christophe Boltanski 

Le guetteur, chez Stock, c’est le deuxième roman de Christophe Boltanski, après La Cache, qui lui valut en 2015 le prix Femina. Boltanski prolonge avec ce livre sa geste familiale, puisqu’il y fait le portrait de sa mère, une femme étonnante. Enfermée chez elle, cette ex-militante contre la guerre d’Algérie dormait sur un matelas à même le sol, fumait comme un pompier, développait une paranoïa aiguë et n’arrêtait pas d’écrire des ébauches de polars qu’elle arrêtait à la 6ème page et bien-sûr ne finissait jamais. C’est donc sur elle que le narrateur grand-reporter enquête, remontant dans son passé de femme très engagée à gauche et découvrant, après sa mort, le fameux dossier rempli de mini séries noires...   

► Chez Stock

► Journalisme ou littérature ?

« A son image », Jérôme Ferrari 

A son image, chez Actes Sud, c’est le nouveau roman de Jérôme Ferrari, prix Goncourt 2012 pour « Le sermon sur la chute de Rome ». Un roman qui est scandé par les funérailles d’une reporter-photographe corse, Antonia, tuée dans un accident de voiture et dont l’oncle et parrain, qui est prêtre, prononce l’oraison funèbre. Cette photographe, longtemps liée à un militant du FLNC, avait notamment couvert la guerre en ex-Yougoslavie, avant de se reconvertir dans les photos de mariage. C’est donc son histoire que raconte Jérôme Ferrari au rythme des Kyrie eleison, Sanctus, Pater Noster, Agnus Dei de l’office.

► Chez Actes Sud

► Le verdict du Masque et la Plume

Les conseils

• Arnaud Viviant : En guerre, de François Bégaudeau (Verticales).
• Frédéric Beigbeder : Babylone Express, de Mathilde-Marie de Malfilatre (Le Dilettante).
• Jérôme Garcin : La Vraie Vie, d'Adeline Dieudonné (L'Iconoclaste).
• Nelly Kapriélian : Asymétrie, de Lisa Halliday (Gallimard).
• Michel Crépu : L'Enigme de l'arrivée, de V. S. Naipaul (Les Cahiers Rouges-Grasset)

Prochain enregistrement le jeudi 30 août

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