Nos critiques ont-ils aimé "Sérotonine" de Michel Houellebecq, “Occident” de Simon Liberati, “Le Diable emporte le fils rebelle” de Gilles Leroy, et “Kiosque” de Jean Rouaud, "Frantumaglia" d'Elena Ferrante ?
Pour en débattre, Jérôme Garcin s'est entouré de Patricia Martin (France Inter), Jean-Claude Raspiengeas (La Croix), Michel Crépu (NRF), et Arnaud Viviant (Transfuge)
► Que lire ? Différents livres passés au crible des critiques du Masque & la Plume sont à retrouver ici.
« Sérotonine », de Michel Houellebecq
Le héros, Florent-Claude Labrouste, est un ingénieur agronome de 46 ans employé au ministère de l’agriculture en couple avec une Japonaise de 26 ans, qui se meurt « de chagrin ». Il doit sa survie à un médicament, le Captorix, qui stimule la production de sérotonine, une « hormone liée à l’estime de soi ». Et il décide de disparaître. D’abord dans un hôtel Mercure, à Paris, puis en Basse-Normandie.
Sérotonine est un précis de décomposition, où il est question du déclin de l’occident, de l’Union européenne, de la France :
Une civilisation meurt juste par lassitude, par dégoût d’elle-même. Que pouvait me proposer la social-démocratie ? Evidemment rien, juste une perpétuation du manque, un appel à l’oubli.
"Sérotonine" de Michel Houellebecq : les critiques du Masque et la Plume
11 min
► Le roman est publié chez Flammarion
► retrouvez l'essentiel des critiques du Masque à propos de ce livre compilées ici
« Occident », de Simon Liberati
Alain, un peintre figuratif à l’huile, vit dans une maison au fond d’une forêt, avec sa maîtresse Lukardis et rejoint souvent ses copains, des noctambules chics, dans un hôtel parisien. Sa vie bascule quand il rencontre Poppée, une jeune israélienne bientôt enceinte qui lui promet les commandes exceptionnelles d’un grand collectionneur d’art. Victime d’un infarctus, Alain se réfugie dans la drogue, et puis part en Andalousie à la recherche d’une jeune fille qu’il a follement aimée, Emina. Avec, en arrière-fond, comme chez Houellebecq, d’où le titre, le déclin de l’Occident...
“Occident” de Simon Liberati : les critiques du Masque et la Plume
11 min
► Chez Grasset
« Le diable emporte le fils rebelle », de Gilles Leroy
La famille Kennedy vit dans un bungalow sur une ancienne friche, dans une ville du Wisconsin. La mère, Lorraine, très pieuse, le père, Fred, très désabusé, et leurs quatre fils, dont l’aîné, Adam, 15 ans, sort de la prison pour mineurs. Sa mère l’appelle « l’escroc ». Elle vient d’apprendre ce dont le père se doutait : Adam est gay, il a des « pratiques dépravées » et fréquente les vestiaires de l’équipe de basket. Il disparaît après avoir traité sa mère de « sale pute toxico ». Une mère qui raconte, en flash-backs successifs, comment elle a toujours voulu protéger ses trois autres fils de « la contamination » d’Adam...
“Le Diable emporte le fils rebelle” de Gilles Leroy : les critiques du Masque et la Plume
7 min
► Chez Mercure de France
« Kiosque », de Jean Rouaud
Le kiosque du titre, c’est celui, rue de Flandre, à Paris, où, pendant sept années, de 1983 à 1990, Jean Rouaud vendit les journaux. Une activité à laquelle il mit un terme lorsque, en 1990, il publia son premier roman chez Minuit, Les Champs d’honneur, et obtint, à 38 ans, le prix Goncourt. Et c’est depuis ce kiosque, ce « balcon sur rue », que Jean Rouaud raconte le Paris encore populaire de l’époque, se souvient de son copain communiste Norbert, d’un sosie d’Elvis Presley, d’un SDF surnommé Chirac parce qu’il attendait que la Mairie de Paris lui donne un logement, d’un rescapé de la Shoah qui lisait une gazette en yiddish ou encore d’un peintre maudit. Il se souvient surtout de ces ébauches d’apprenti-écrivain qui travaillait sur ce qu’allaient être Les Champs d’honneur...
“Kiosque” de Jean Rouaud : les critiques du Masque et la Plume
8 min
► Chez Grasset
« Frantumaglia », d'Elena Ferrante
En même temps que paraît, en Folio, L’enfant perdue, le quatrième et dernier tome de L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante, Gallimard publie Frantumaglia, l_’écriture et ma vie_ et traduit par Nathalie Bauer.
La toujours mystérieuse Elena Ferrante – puisqu’elle ne révèle toujours pas son identité - rassemble ici toute l’histoire de sa tétralogie : correspondances diverses, lettres à son éditeur, entretiens par mails, réponses lapidaires à des demandes d’interviews. Ainsi, à un responsable de la Répubblica, elle écrit : « Un livre qu’il vaut la peine de lire est sorti. Je pense que les véritables lectrices et lecteurs se moquent bien de savoir qui l’a écrit ». Et elle ajoute : « Même Tolstoï est une ombre insignifiante lorsqu’il se promène en compagnie d’Anna Karénine ». Quant au titre du volume, elle l’explique ainsi : « Ma mère m’a légué un mot de son dialecte qu’elle employait pour décrire son état d’esprit lorsqu’elle éprouvait des impressions contradictoires qui la tiraillaient et la déchiraient. Elle se disait en proie à la frantumaglia.»
"Frantumaglia" d'Elena Ferrante : les critiques du Masque et la Plume
4 min
► Chez Gallimard
► retrouvez l'essentiel des critiques du Masque à propos du livre d'Elena Ferrante compilées ici
Les conseils
- Patricia Martin : Le Code Jupiter, de Démosthène (Equateurs).
- Arnaud Viviant : No zone, de Bruno Gay (Léo Scheer).
- Jérôme Garcin : L'Explosion de la tortue, d'Eric Chevillard (Minuit).
- Jean-Claude Raspiengeas : Emmanuel le Magnifique, de Patrick Rambaud (Grasset).
- Michel Crépu : Antonia. Journal 1965-1966, de Gabriella Zalapì (Zoé).
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