

La question du climat revient au premier plan. Avec les arbitrages en France sur les propositions de la Convention Citoyenne et avec un Sommet européen en partie consacré au Plan Vert, cinq ans après l'accord de Paris. Et cinq ans après, les petits font plus d'efforts que les gros. C'est le monde d'après.
Les exemples sont légion. Tenez, prenons le petit Costa Rica en Amérique Centrale : son réseau électrique fonctionne désormais à 100% aux énergies renouvelables, le pays a doublé sa surface forestière, et il est proche de la neutralité carbone.
En Afrique, le Maroc a mis en place de gigantesques parcs solaires. Le Rwanda et l’Éthiopie ont pris des engagements spectaculaires sur leurs réductions de gaz à effet de serre : moins 65% pour l’Éthiopie. En Asie, le Bhoutan ne fonctionne plus qu’avec de l’énergie hydroélectrique. Dans le Pacifique, les petits archipels des Fidji, des Marshall ou des Palaos, préfèrent limiter le tourisme pour mieux préserver leurs sanctuaires marins. Les Palaos ont même décidé d’interdire la crème solaire.
J’arrête là. Vous avez compris. Les plus petits sont souvent les plus actifs et les plus novateurs dans la lutte contre le réchauffement climatique. Alors bien sûr, ils sont aux premières loges, frappés de plein fouet, les uns par la sécheresse, les autres par la montée des eaux. Ils n’ont pas d’autre choix que d’agir vite. Mais ils semblent aussi plus lucides, moins obnubilés par la préservation de leur bien-être économique.
Le problème, c’est que tous ces pays que je viens de citer, même mis bout à bout, représentent à peine 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Les riches à petits pas
Et pendant ce temps les gros se tournent un peu les pouces. Parce que la clé, ce sont les gros qui la détiennent : je vais aller lentement, le 1% le plus riche de la population mondiale émet 2 fois plus de gaz à effet de serre que les 50% les plus pauvres.
Donc, les gros, et les riches ? Ils font quoi ? D’abord, il y a ceux qui ne font carrément rien ou pas grand-chose :
- Les États-Unis de Trump, de loin les plus gros pollueurs de la planète rapportés au nombre d’habitants. Ça va peut-être changer avec Biden ;
- La Russie, qui continue de louer les vertus du gaz ;
- L’Australie, qui persiste à ouvrir des mines de charbon alors qu’elle prend le réchauffement en pleine figure ;
- Sans oublier le Brésil ou l’Arabie Saoudite.
Ensuite, toujours dans la famille des gros, je voudrais ceux qui font mais pas assez :
- La Chine, énorme investissement sur le solaire, mais toujours premier pollueur mondial en valeur absolue, recours au charbon oblige. Ses émissions ont augmenté l’an dernier ;
- L’Inde, là encore du volontarisme sur le solaire et l’éolien, mais toujours la dépendance au charbon ;
- Enfin les Européens, en progrès, mais légers : nous ne sommes pas partis pour atteindre les objectifs de réduction que nous nous sommes fixés pour 2030, la France au 1er chef.
Les gros n’arrivent pas à se résoudre à changer de logiciel. Résultat : il n’y a jamais eu autant d’émissions de gaz à effet de serre que l’an dernier.
L'épidémie de Covid opportunité pour la relance verte
Évidemment, l’épidémie a changé la donne ! Elle a changé la donne à très court terme parce que dans l’urgence, il a fallu changer l’ordre des priorités : sauver des vies, au plus vite.
Mais la question maintenant, c’est de savoir dans quel sens l’épidémie va changer la donne à moyen terme. En fait c’est quitte ou double. Croisée des chemins. Soit le plan de relance post Covid repart « comme en 40 » et remet le couvert de l’ancien monde : relancer la croissance au plus vite sur la base des vieux réflexes, et de la priorité aux énergies fossiles. Et là c’est la cata pour le climat.
Soit c’est l’occasion de faire redémarrer l’économie sur une autre base : priorité aux énergies vertes, à l’éolien, à l’hydrogène, aux bâtiments mieux isolés, au covoiturage, à la taxation du transport aérien et maritime, etc. C’est l’idée du Green Deal défendu par la Commission Européenne. On met 1000 milliards de dollars sur la table. Mais en conditionnant ces aides au respect de l’environnement, avec un but de neutralité carbone. Avec peut-être un nouvel objectif européen plus ambitieux de 55%, voire de 60% de réduction des émissions d’ici 10 ans.
En plus, ça permettrait à l’Europe de se doter d’un leadership moral sur le sujet : ce n’est pas un détail. L’enjeu est donc considérable. C’est pour ça aussi que le chantage exercé par la Pologne et la Hongrie sur l’adoption du plan de relance européen, alors que tant de choses sont dans la balance, que ce chantage est vraiment mesquin et consternant.
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