Après l'Afghanistan, le chaos menace aussi l'Irak, le Mali ou la Somalie

Légende Emmanuel Macron à Mossoul lors de son déplacement en Irak le 29 aout
Légende Emmanuel Macron à Mossoul lors de son déplacement en Irak le 29 aout ©AFP - Ludovic Marin
Légende Emmanuel Macron à Mossoul lors de son déplacement en Irak le 29 aout ©AFP - Ludovic Marin
Légende Emmanuel Macron à Mossoul lors de son déplacement en Irak le 29 aout ©AFP - Ludovic Marin
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La débâcle du retrait américain d’Afghanistan est regardée avec inquiétude dans plusieurs autres pays de la planète. Sur le mode : et si nous étions les suivants à être abandonnés par l’Occident, les suivants à passer aux mains de l’islamisme radical.

L’inventaire de ces pays fait froid dans le dos ! Commençons par la comparaison la plus évidente, l’Irak, où se trouvait ce week-end Emmanuel Macron.

La plus évidente tant l’Irak et l’Afghanistan présentent des points communs : même zone géographique, même taille, peu ou prou 40 millions d’habitants, mêmes frontières arbitraires dessinées par l’ancienne occupation européenne. Même intervention militaire sous la houlette américaine. Même présence de groupes terroristes islamistes. Même retrait américain en bout de ligne.

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Et les deux dossiers sont liés : les États-Unis auraient peut-être accordé plus d’attention à la reconstruction politique de l’Afghanistan s’ils ne s’étaient pas engagés entre temps dans cette aventure militaire inconsidérée en Irak. Au bout du compte ils ont perdu sur les deux tableaux

Géopolitique
2 min

Comme l’Afghanistan, l’Irak est rongé par la corruption, le business ne profite qu’à une poignée. Comme l’Afghanistan, l’Irak n’a pas su constituer une armée digne de ce nom représentative de la diversité du pays. Et comme l’Afghanistan le pays est militarisé, aux mains de tribus et de milices. Il est donc tentant d’imaginer l’Irak basculer à son tour, d’autant que le groupe État Islamique a quand même un temps contrôlé tout une partie du pays.

Mais il y a une différence majeure avec l’Afghanistan : l’Irak est scindé en trois blocs, chiites, sunnites, kurdes. Et aucun ne semble en capacité de s’imposer nationalement comme les Talibans en Afghanistan. Donc le chaos oui. Mais la bascule vers un régime islamiste, sans doute pas.

Une guerre sans fin au Mali

Vu de France, on pense aussi, forcément, au Mali. La rapidité avec laquelle les Talibans ont pris le contrôle de l’Afghanistan une fois confirmé le retrait américain, laisse présager le pire au Sahel en cas de retrait occidental.

Là encore, les points communs sont nombreux: une intervention armée extérieure, en l’occurrence française, face à la menace terroriste : c’était en 2013 l’opération Serval. Au départ tout allait bien. Et puis la guerre s’enlise. Les groupes islamistes, liés à Al Qaïda et à l’État islamique, se restructurent et même s’étendent aux pays voisins, Niger, Burkina. Résultat : aujourd’hui 8 ans plus tard, la France envisage formellement la fin de l’opération Barkhane (5000 hommes) qui a succédé à Serval.

Comme l’armée afghane, l’armée malienne reste mal formée, mal équipée et ne reflète pas la diversité ethnique du pays. Là encore, la corruption règne, les infrastructures publiques manquent. Les jihadistes apparaissent à une partie de la population comme la solution.  Donc oui, il y a un risque de voir le Mali basculer sous la férule islamiste.

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Heureusement, il y a quelques différences.

  • D’abord, la débâcle de Kaboul est tellement saisissante qu’elle va sans doute inciter Paris à ne pas se retirer trop vite.
  • Ensuite, les Européens, les Allemands en particulier, vont peut-être comprendre qu’il faut aider la France à maintenir une présence militaire au Sahel. C’est l’objet de la force dite Takuba.
  • Enfin, il y a des voisins régionaux, le Tchad, l’Algérie, qui ne laisseront pas faire les Islamistes au Mali.

La Somalie dans la tourmente

Il y a encore plusieurs autres pays pour lesquels il faut s'inquiéter. 

D’abord, il y a tous ceux qui comptent sur la protection américaine et qui soudainement s’interrogent devant les événements de Kaboul : et si notre tour venait, et si un jour Washington nous laissait tomber nous aussi. On songe à l’Ukraine et à Taïwan, menacés par leurs puissants voisins, la Russie et la Chine.

Mais c’est justement l’identité de leur voisin qui peut constituer leur assurance vie : on voit mal les États-Unis, même s’ils ne veulent plus être les gendarmes du monde, concéder une défaite directe face à Moscou ou à Pékin.

Reste un pays qui se rapproche terriblement de l’Afghanistan : c’est la Somalie, 15 millions d’habitants en Afrique de l’Est. Là encore, un mouvement islamiste fort, les Shebab, liés à Al Qaida, très proches idéologiquement des Talibans. Arrivés au pouvoir en 2006, chassés par une intervention militaire africaine soutenue par l’Occident et les Etats-Unis.

15 ans plus tard rien n’est réglé : les soldats africains (et quelques centaines de soldats américains) sont toujours là. Le pouvoir politique tient la capitale Mogadiscio, mais n’a aucune légitimité. Les Shebab tiennent les campagnes. La corruption et la pauvreté règnent, malgré les centaines de millions de dollars d’aide annuelle.

Et en plus, passez-moi l’expression, la Somalie, tout le monde s’en fout. C’est trop loin des centres de gravité du monde de 2021. La déroute à Kaboul va certainement donner des idées aux Shebab somaliens et aux terroristes de tout poil. Les islamistes sont comme tout le monde : ils ont des yeux pour voir.