Les turbulences bancaires, un signal d’alerte

Devant une agence du Crédit Suisse à Genève ce 15 mars 2023
Devant une agence du Crédit Suisse à Genève ce 15 mars 2023 ©AFP - Fabrice COFFRINI / AFP
Devant une agence du Crédit Suisse à Genève ce 15 mars 2023 ©AFP - Fabrice COFFRINI / AFP
Devant une agence du Crédit Suisse à Genève ce 15 mars 2023 ©AFP - Fabrice COFFRINI / AFP
Publicité

Le calme est revenu sur les places boursières après trois jours de turbulences bancaires, après la faillite de la Silicon Valley Bank aux États-Unis puis la tempête sur le Crédit Suisse en Europe.La crise financière de 2008 n’est pas en train de se répéter mais ces signaux d’alerte sont sérieux.

Le premier enseignement, c’est que les vieux réflexes boursiers ont la vie dure. Pour le dire autrement : quand les investisseurs commencent à avoir peur, ils vendent d’abord et ils réfléchissent après.

C’est ça qui crée les paniques en chaine et les tempêtes financières. C’est l’explication de la chute hier de la cotation des principales banques françaises, Crédit Agricole, BNP, Société Générale.

Publicité

C’est vieux comme la Bourse, mais on n’en finit jamais d’être surpris par l’irrationalité des acteurs financiers. Penser que ce mécanisme gouverne le monde fait à chaque fois froid dans le dos !

Le deuxième constat, c’est que le ménage post 2008 n’a pas été mené à son terme.

Aux Etats-Unis, la SVB, la Silicon Valley Bank a échappé à la surveillance : sa situation est passée inaperçue, non repérée par les radars du contrôle bancaire.

Parce qu’elle se trouvait, en termes de liquidités, sous le seuil des contrôles. Un seuil relevé sous Donald Trump.

A tort : la chute de cette banque de taille modeste, en a quand même entrainé trois autres derrière elle.

L'édito éco
2 min

En Europe, c’est un autre cas de figure.

Tout le monde de la finance connaissait l’état de santé maladif du Crédit Suisse, sa propension à traficoter ses comptes, son implication dans de multiples affaires d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent.

Mais ça n’a rien changé.

Donc la régulation, bien qu’améliorée après la grande crise financière, ne fonctionne pas totalement. Elle reste insuffisante.

Une irrationalité boursière persistante

Certes les dirigeants politiques et économiques sont quand même très rassurants.

Et ils ont sans doute raison d’affirmer que le système est plus solide, plus assaini qu’il y a 15 ans.

Que les grandes banques ont des réserves. Comme en témoignent leurs derniers résultats financiers.

Et puis les événements de ces derniers jours montrent que les banques centrales, les États, réagissent rapidement pour voler au secours des banques menacées.

C’est le cas en Suisse, 50 milliards injectés pour aider le Crédit Suisse.

Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

C’est le cas aux États-Unis, où le gouvernement a pris l’engagement de garantir les dépôts des clients de la Silicon Valley Bank.

Donc le message politique, c’est : pas de crainte à avoir, les États se porteront garants quoi qu’il en coûte, ne vous précipitez dans votre agence bancaire pour retirer votre argent, nous garantissons le système.

Fait révélateur : la banque centrale européenne, cet après-midi, a maintenu sa décision de hausse des taux d’intérêt d’un demi-point.

Alors même que ça peut un peu plus fragiliser les banques.

C’est donc une façon de dire : on tient notre cap parce qu’on a confiance dans le système. Il faut augmenter les taux d’intérêt pour enrayer l’inflation, c’est la priorité, mais ça ne déclenchera pas de crise financière. Vous pouvez dormir tranquille.

Sauf que franchement, on a un peu de mal à dormir tout à fait tranquille.

Comment avoir vraiment confiance alors que les banques suisses sont censées, dans l’imaginaire collectif, incarner le risque zéro ?

Comment ne pas penser que d’autres faillites ou d’autres secousses peuvent advenir ?

Le spectre de l'endettement

La question en bout de ligne, c’est qui va payer ?

Aux États-Unis, on en a déjà une petite idée : à court terme, ce sont toutes les start-ups auxquelles la SVB prêtait de l’argent. C’était sa spécialité.

Avec beaucoup de petites entreprises dans le secteur de la transition énergétique. Donc cette faillite n’est pas précisément une bonne nouvelle.

A moyen terme, c’est, un peu partout, le contribuable qui pourrait payer la facture. Pourquoi ?

Parce que si les États renflouent les banques, c’est vous et moi qui financerons en bout de ligne. Avec une hausse d’impôts sous une forme ou sous une autre.

Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Et puis tout ça continue de créer de la dette.

Le monde vit sur de la dette. Une dette colossale. Si on cumule celles des Etats, des ménages et des entreprises, cette dette c’est l’équivalent de 2 fois et demi la richesse mondiale.

Tout ça est indolore et passe inaperçu tant que l’argent est « gratuit », que les taux d’intérêt sont nuls.

Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui : les taux d’intérêt montent parce qu’on le disait, il faut enrayer l’inflation. Donc la dette mondiale redevient inquiétante.

Dont acte : nous ne sommes pas revenus à 2008 et au séisme lié à la faillite de Lehmann Brothers.

Mais les soubresauts de ces derniers jours sont malgré tout un avertissement sérieux.

L’irrationnel boursier est décidément le pire ennemi d’un système économique basé sur l’endettement qui a besoin de confiance pour fonctionner.

Le problème est à la Bourse, pas dans la rue. Sauf qu’en bout de ligne, c’est la rue qui peut payer les pots cassés.

Programmation musicale

  • 18h53
    Cold little heart
    Cold little heart
    Michael Kiwanuka
    Cold little heart

    Michael Kiwanuka Dean Josiah Cover Brian Burton

    Album Cold Little Heart (2017)
    Label MERCURY GROUP

L'équipe