Biden veut augmenter les impôts et taxer les riches, c'est pas gagné !

Ce 14 septembre, au lendemain de la présentation de la réforme fiscale, Joe Biden est venu en Californie soutenir le gouverneur démocrate Gavin Newsom
Ce 14 septembre, au lendemain de la présentation de la réforme fiscale, Joe Biden est venu en Californie soutenir le gouverneur démocrate Gavin Newsom ©AFP - Brendan Smialowski / AFP
Ce 14 septembre, au lendemain de la présentation de la réforme fiscale, Joe Biden est venu en Californie soutenir le gouverneur démocrate Gavin Newsom ©AFP - Brendan Smialowski / AFP
Ce 14 septembre, au lendemain de la présentation de la réforme fiscale, Joe Biden est venu en Californie soutenir le gouverneur démocrate Gavin Newsom ©AFP - Brendan Smialowski / AFP
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C’est l’événement politique de la rentrée aux États-Unis. Les Démocrates, le parti du président Biden,viennent de dévoiler une vaste réforme des impôts pour financer l’énorme plan de relance du président, 3500 milliards de dollars. C’est le grand pari du mandat de Biden. Et ça sera compliqué.

Alors que ce projet était dévoilé à Washington, the place to be au même moment hier soir, était ailleurs. A New-York. Pour le gala du Met. Avec un défilé de stars : Billie Eilish, Rihanna, Timothy Chalamet, etc. Pourquoi je vous parle de ça ?

Parce que l’égérie de la gauche du parti démocrate, Alexandria Ocasio-Cortez, dont le talent pour la comm’ n’est plus à démontrer, s’est présentée à ce gala avec une robe spectaculaire. Une très belle et longue robe blanche, décolleté dans le dos. Et sur ce blanc immaculé, d’énormes lettres écrites en rouge un peu façon pochoir : TAX THE RICH ! Taxez les riches ! 

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Cette robe fait causer. Parce que la réforme fiscale, c’est le grand sujet de cette rentrée parlementaire outre-Atlantique. Objectif : trouver 3500 milliards de dollars, le montant du gigantesque plan de relance post Covid de Joe Biden, plan baptisé « Build back better ». Reconstruire en mieux. Il s’agit de financer des logements publics, des places en crèche et en maternelle, plus de congés payés. Et aussi d’accélérer la conversion écologique : plus d’énergies renouvelables, plus de batteries électriques. 

Bref, plus d’investissements publics, façon New Deal de Roosevelt. Ici on dirait : le cap à gauche. D’autant que l’essentiel de la somme doit donc être financée par une hausse des impôts, un mot souvent tabou aux Etats-Unis. 

Hausse de 5 points de l’imposition des entreprises, et de près de 3 points de la taxation des très hauts revenus. Augmentation des moyens de l’administration pour lutter contre l’évasion fiscale.

Des démocrates divisés 

Tout cela promet une grosse bataille parlementaire, mais pas celle que l’on croit ! Il y a bien sûr l’opposition des Républicains. Ils dénoncent déjà « une taxation sans précédent des Américains, qui va les ruiner et détruire des emplois ». Le fait est que cette réforme fiscale revient sur la plupart des baisses d’impôts accordées sous Donald Trump, en particulier aux plus riches.

Mais pour Joe Biden, le souci n’est pas là. La réforme peut passer sans les Républicains. A une condition : que pas une voix ne manque à l’appel dans les rangs démocrates. Parce que la majorité tient à un fil, précisément à une voix au Sénat. Et c’est là que ça se complique.

Les démocrates sont divisés devant ce paquet fiscal. Très divisés.

L’aile centriste estime que ça va trop loin. Elle a trouvé son porte drapeau (notre correspondant à Washington Sebastien Paour en parlait ici-même hier soir):  le sénateur de Virginie Occidentale Joe Manchin. Pour lui, il faut réduire le package de moitié : plutôt 1500 milliards de dollars.

A l’opposé, il y a l’aile gauche. Elle s’incarne dans la robe d’Alexandria Ocasio Cortez. Ou dans les propos, furieux, de l’ex candidat à la primaire, Bernie Sanders. Lui il demande 2 fois plus, pas 2 fois moins : 6000 milliards. Et une hausse beaucoup plus forte de la taxation des entreprises, comme l’avait promis Joe Biden à l’origine.

Le texte, dans sa version actuelle, est donc un compromis. Un plus petit commun multiple, selon la formule d’un représentant à la Chambre. Mais ce compromis peut exploser dans les jours qui viennent.

L'heure de vérité pour Biden

La chronique de Jean-Marc Four
4 min

Et c’est vraiment important pour Biden, c’est même sans doute l’heure de vérité de son mandat. Oubliez les questions de politique étrangère comme le retrait chaotique d’Afghanistan. Une majorité d’Américains n’en juge pas Biden responsable. C’est donc secondaire.

A l’inverse, avec cette réforme fiscale, on parle du cœur du réacteur : la vie quotidienne des Américains, le point central du programme de Biden. C’est là-dessus qu’il sera jugé d’abord. Il s’y joue sa crédibilité économique, sa capacité à faire tourner la machine tout en engageant des réformes profondes sur les questions d’environnement.

Il s’y joue donc aussi la préservation de l’unité d’un parti démocrate écartelé entre des courants très différents idéologiquement, un peu comme si Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon étaient dans le même parti… L’unité des démocrates s’est cimentée, pour l’essentiel, autour de l’opposition à Trump. Mais maintenant ? La cohérence ne saute pas aux yeux. La cohésion encore moins.

Et pour pimenter encore le défi, la fenêtre de tir calendaire est étroite. L’accord sur ce méga package économique et fiscal doit être obtenu dans les 20 jours qui viennent. C’est le calendrier parlementaire américain. Et plus largement, dès janvier prochain, les Etats-Unis vont entrer à nouveau en campagne, en vue du scrutin de « mi-mandat ». Cette étrange périodicité électorale grippe la machine politique du pays un an sur deux.

Donc en résumé, le mandat de Biden se joue en bonne partie d’ici à la fin de ce mois de septembre. 

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