Lula veut remettre le Brésil au centre du jeu

France Inter
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Pour son premier déplacement à l’étranger depuis son élection, le président brésilien Lula se rend en Argentine, trois semaines après le début de son nouveau mandat. Une visite qui marque son véritable retour sur la scène internationale.

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Le choix de Buenos Aires ne doit rien au hasard. Non seulement le Brésil reste le premier partenaire commercial de l’Argentine, mais le chef d’état argentin Alberto Fernandez est aussi un allié, une autre figure de la gauche latino-américaine. Pour les Argentins, le retour aux affaires du vétéran Lula est un soulagement après les années Bolsonaro, des années de tensions brouille diplomatique, où le dirigeant d’extrême-droite a souvent pratiqué la politique de la chaise vide. Lula arrive avec un message très clair : « cette période est derrière nous. Le Brésil est de retour! ». Cette visite chez le voisin argentin, doit permettre de remettre sur les rails toute une série d’accords bilatéraux : sur l’agriculture, la santé, l’énergie. Les deux pays envisagent même la création d’une monnaie commune. L’idée est dans l’air depuis des années, mais n’a pas pu se concrétiser jusque là. Lula veut croire que ce nouveau départ permettra de surmonter les blocages du passé.

Un vent de gauche souffle sur l'Amérique Latine

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Il faut dire que le contexte politique en Amérique Latine lui est particulièrement favorable !Depuis 4 ou 5 ans, un vent de gauche souffle sur le continent, avec l’arrivée d’une nouvelle génération de dirigeants : que ce soit le jeune président du Chili, Gabriel Boric, le mexicain Lopez Obrador ou encore Gustavo Petro en Colombie, qui a fait basculer son pays à gauche pour la première fois. Tous ont en commun une même référence, une figure tutélaire : Lula, l’homme qui incarne mieux que quiconque les peuples de gauche du continent. Lula a bien l’intention de s’appuyer sur cette aura pour retrouver la stature internationale qui était la sienne lors de ses précédents mandats. Première étape, ce mardi à Buenos Aires : avec un sommet de la CELAC – la Communauté des Etats d’Amérique Latine et des Caraïbes. Une organisation régionale créée en 2010, à l’initiative notamment de Lula. Jair Bolsonaro avait pris un malin plaisir à retirer le Brésil de ce groupe. C’est donc symboliquement très important pour Lula de s’y montrer.

Changement de discours sur l'Amazonie

Ce retour pourrait permettre de relancer certains chantiers, à commencer par l’accord de libre échange avec l’Union Européenne, lefameux accord « UE-Mercosur ». Finalisé il y a des années, mais toujours pas ratifié par les Européens, qui ont mis les hola au moment de l’arrivée de Jair Bolsonaro. La politique environnementale de Bolsonaro, son soutien à l’agro-business en Amazonie, était pointée du doigt. Là encore, Lula veut tourner la page. Il promet une exploitation de l’Amazonie plus durable, plus responsable. A la derniére édition de la COP en Egypte, le président brésilien est même allé proposer d’organiser la conférence climat de 2025 en Amazonie. Un changement de discours radical qui devrait trouver un certain écho en Europe, même s’il reste pas mal d’obstacles des deux côtés de l’Atlantique pour que cet accord de libre-échange voit le jour. Lula aura l’occasion d’évoquer tout cela la semaine prochaine en recevant le chancelier allemand Olaf Scholz, le premier dirigeant européen à venir lui rendre visite à Brasilia.

Un médiateur pour la guerre en Ukraine ?

La suite du programme pour Lula… Ce seront des déplacements aux Etats-Unis et en Chine. Le président brésilien a clairement pour objectif de replacer le Brésil au centre du jeu !C’était le cas dans les années 2000, au moment des premiers mandats de Lula. La diplomatie brésilienne était écoutée et respectée dans le monde. Lula avait réussi à se faire le porte-voix des pays émergents, avec les premiers sommets des BRICS – le groupe de pays réunissant, Brésil, Russie, Inde et Chine et L’Afrique du Sud. Des pays et qui pèse à eux cinq 40 % de la population mondiale. Une alliance que Bolsonaro a eu tendance à laisser de côté. Là aussi, Lula veut la réactiver et redonner du poids aux BRICS, avec l’objectif d’incarner une 3è voie diplomatique entre les Occidentaux d’un côté, et la Chine et la Russie de l’autre. En pleine guerre en Ukraine, Lula a une carte à jouer. Le Brésil a maintenu des liens économiques avec la Russie. Il s’est tenu à l’écart des sanctions, tout en condamnant la guerre menée par Moscou. Lula pourrait bien, le cas échéant, faire office de médiateur avec Vladimir Poutine.