

Combien de temps faudra-t-il à l’Allemagne pour se doter d’un nouveau gouvernement après les législatives du 26 septembre ? Dix jours après les résultats, les discussions entre les différents partis pour bâtir une nouvelle coalition sont en train de s’accélérer.
C’est bien le SPD d’Olaf Scholz, arrivé en tête des législatives du 26 septembre, qui va mener les discussions pour tenter de construire une coalition à même de gouverner l’Allemagne pour les quatre prochaines années. Rien que de plus logique : le vainqueur est toujours le mieux placé pour réunir une majorité autour de lui et espérer devenir le nouveau Chancelier. Mais cette année le leader social-démocrate aura dû attendre que ses alliés potentiels – les écologistes et les libéraux du FDP – se mettent d’abord d’accord entre temps, comme ils avaient prévu de le faire dès l’annonce des résultats. Les deux partis, arrivés en 3è et 4è position, ont confirmé ce mercredi leur volonté de discuter en priorité avec le SPD plutôt qu’avec la CDU d’Armin Laschet. La plus forte probabilité désormais est donc une alliance à trois : SPD-Libéraux-Verts. Les Allemands appellent ça la « Ampel Koalition »… La coalition feu de circulation (rouge, jaune, verte) Une configuration qui n’a jamais existé au niveau fédéral.
Les négociations ne font que commencer
Il faudra encore plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avant que l’Allemagne ne se dote d’un nouveau gouvernement et qu’Angela Merkel quitte pour de bon la Chancellerie. D’ici là, les discussions vont se poursuivre : d’abord de façon exploratoire entre les trois partis. S’ils s’entendent, ils entreront ensuite de façon concrète en négociation pour rédiger un contrat de coalition. Principale inconnue : comment les Libéraux vont-ils se comporter dans ces pourparlers ? Autant les programmes du SPD et les Verts semblent compatibles, autant les Libéraux sont connus pour être plus à droite, plus rigides notamment sur la question des finances publiques, l’intégration européenne et la fiscalité. Ils espèrent décrocher le portefeuille du ministère des finances, dont on sait à quel point il est joue un rôle majeur dans un gouvernement allemand. Dans quel mesure Christian Lindner, le leader du FDP sera-t-il prêt à lâcher du lest sans trahir son électorat ? Le souvenir de 2017 est encore dans toutes les têtes. Il y a quatre ans, les Libéraux et les Verts s’étaient déjà retrouvé en négociation (à l’époque, c’était avec Angela Merkel et la CDU) et Christian Lindner avait fini par faire capoter le projet de coalition.
Un espoir de vrai changement
Si rien n’est encore signé, plusieurs signaux incitent à l’optimisme. Le fait les Verts et le FDP aient commencé à dialoguer dès les premiers jours laisse à penser que des sujets importants ont été mis sur la table, et que les deux partis ont déjà trouvé des terrains d’entente, suffisamment en tout cas pour être prêts à entrer dans le vif du sujet. Autre point positif : écologistes et libéraux donnent l’impression cette année d’être prêts à gouverner, peut-être davantage que par le passé. Ils savent la responsabilité qu’ils portent après ces élections, celle d’incarner un vrai changement. Les jeunes ont voté massivement pour eux, ils promettent – chacun à sa manière – de moderniser le pays pour affronter les grands enjeux à venir (climat, numérisation, mutations de l’industrie). Cette « coalition du changement » n’a pas encore vu le jour. Il va falloir des semaines avant d’aboutir. Mais déjà, une certitude : c’est ce que souhaitent une large majorité d’Allemands, qui préféraient de loin voir cette alliance – SPD, Verts, Libéraux – former le prochain gouvernement.
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