La Moldavie fait face à d’énormes pénuries énergétiques alors que son unique fournisseur, la Russie, refuse de renégocier ses contrats d'approvisionnement. Un chantage énergétique que dénonce l'Union Européenne.
C'est l'histoire d'un tout petit pays, à peine plus de deux millions et demi d'habitants, la Moldavie, aux confins de l'Europe, coincé entre la Roumanie et l’Ukraine. Un tout petit pays qui est aussi le plus pauvre de tout le continent européen, une de ces anciennes républiques soviétiques où la Russie garde d'ailleurs un pied puisqu'elle occupe avec ses soldats une province entière, la Transnistrie.
Bras de fer energétique
La Moldavie, comme beaucoup de ces anciennes républiques soviétiques, est toujours sous forte dépendance de la Russie. C'est le cas pour son approvisionnement énergétique. Le pays achète 100% de son gaz à Gazprom, le géant énergétique russe.
Le contrat de fourniture est arrivé à échéance au mois de septembre. Et au moment de le renouveler, les prix avaient augmenté.
La Moldavie, déjà pas très riche et très endettée - elle doit déjà de plus 600 millions d'euros à Gazprom- a cherché à négocier. En vain.
Le contrat arrivé à terme, la Russie a accepté de le prolonger in extremis de quelques semaines, tout en commençant à diminuer ses livraisons. Pénuries, usines au ralenti, habitants frigorifiés. La situation se dégrade et Gazprom menace de fermer totalement les robinets en décembre si la Moldavie ne plie pas.
Appel à l'Union Européenne
Le Parlement, devant les pénuries, a voté l'état d'urgence et autorisé l'état à aller chercher des fournisseurs ailleurs.
Lundi, pour la première fois de son histoire, la Moldavie a ainsi acheté du gaz à un autre pays que la Russie : la Pologne. Pas grand-chose, un million de mètres cubes. Pas avec ça que les moldaves vont passer l'hiver. La Moldavie, bien que ne faisant pas partie de l'Union européenne, a appelé celle-ci à l’aide pour étudier les moyens de diversifier son approvisionnement.
Jusqu'ici la Moldavie faisait partie de la zone d'influence traditionnelle russe, avec ses vieux caciques pro-russes au pouvoir. Jusqu’aux élections, l’an dernier, qui ont vu gagner le clan pro-européen qui a élu une présidente, Maia Sandu. Et avec elle, un parlement majoritaire. Dans ce contexte, on comprend bien quel est l'enjeu pour la Russie, qui veut récupérer son influence sur son ancien pré-carré. L’intransigeance de Moscou s'appuie sur les arriérés de paiement de la Moldavie pour justifier sa position.
Les pénuries mettent évidemment la présidente moldave et le gouvernement en difficulté, en butte aux inquiétudes, à la colère des moldaves.
Dépendance au gaz russe
Mais quand la Moldavie fait appel à l'Union Européenne pour l'aider à s'en sortir, que faire?
Elle n’est pas un pays membre de l'Union, et elle n'a déjà pas d'argent pour payer son fournisseur russe. Alors quels pays pourraient donc accepter de fournir de l’énergie sans la garantie d'être payés? La Roumanie, pays voisin est venue à l'aide, avec ses petits moyens.
Mais tout cela ne suffit pas et le cas moldave vient donc illustrer l'angoisse de tous ces pays de l'ex-bloc soviétique, comme les états baltes, face à la dépendance au gaz russe, plus crucial que jamais dans ces temps de crise énergétique. La Russie est le principal fournisseur de gaz de l'Europe.
Et cela montre aussi les choix stratégiques que l'Union européenne doit faire au moment où en son sein même, sa légitimité, son existence est mise à mal par le Brexit, ou l'attitude de la Pologne ou de la Hongrie. C'est donc un grand poker géopolitique qui commence à se jouer ici, en Moldavie, ce tout petit pays qui ne pourra pas, quoi qu'il en soit, arriver à l'hiver sans source d'énergie.
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