Trump, la confusion mais pas la guerre

Donald Trump il y a un an, le 28 novembre 2019 lors d'un déplacement en Afghanistan sur la base militaire de Bagram
Donald Trump il y a un an, le 28 novembre 2019 lors d'un déplacement en Afghanistan sur la base militaire de Bagram ©AFP - Olivier Douliery / AFP
Donald Trump il y a un an, le 28 novembre 2019 lors d'un déplacement en Afghanistan sur la base militaire de Bagram ©AFP - Olivier Douliery / AFP
Donald Trump il y a un an, le 28 novembre 2019 lors d'un déplacement en Afghanistan sur la base militaire de Bagram ©AFP - Olivier Douliery / AFP
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Washington a annoncé le retrait de la moitié des soldats américains encore présents en Irak et en Afghanistan. C’est le signe que Donald Trump veut continuer à agir sur la scène internationale, d’ici au 20 janvier. Mais surtout, cette annonce révèle combien Trump n'aura pas été un va-t-en guerre. C'est le monde d'après

Ses partisans le soulignent et ils n’ont pas tort.

Les États-Unis ont compté beaucoup de présidents le doigt sur la gâchette, prompts à déclencher de nouveaux conflits. On pense à Bush père et surtout Bush fils. Et puis il y a le cas Obama : prix Nobel de la paix certes, mais il a passé 8 ans à la tête d’un pays en guerre, en Irak, en Afghanistan, en Syrie, voire indirectement en Somalie, au Yémen, au Pakistan. 8 ans en guerre, soit dit en passant, c’est plus qu’aucun autre président dans l’Histoire américaine, plus que Lincoln, Roosevelt ou Johnson.

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Trump, lui, en 3 ans et 10 mois, a certes hérité de guerres déjà engagées mais il n’a pas déclenché de nouveau conflit. Il a défendu, à l’inverse, une logique de retrait militaire, de désengagement des bourbiers du Moyen-Orient. Bring the boys back home. Ramenons les petits gars à la maison. C’est dans cette logique que s’inscrit l’annonce de la nuit dernière sur l’Irak et sur l’Afghanistan. Même contre l’Iran, pourtant sa bête noire, Trump souvent tenté par une frappe militaire, n’est jamais passé à l’acte jusqu’à présent. Il s’est retenu ou a été retenu.

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On peut même porter à son crédit la recherche de la paix. Avec la Corée du Nord, même si sa motivation était de réussir un coup spectaculaire. Et au Proche-Orient, en favorisant le rapprochement israélo-arabe, même si cela est passé par la marginalisation des Palestiniens.

En fait Trump est un président qui n’aime sans doute ni l’armée, ni la guerre

L'incohérence et le chaos

Il laisse quand même un sacré bazar derrière lui mais ça c’est autre chose. Trump n’est pas va-t’en guerre. Mais il n’a jamais eu de stratégie géopolitique à long terme. Donc il a semé le désordre un peu partout. Il ne s’est montré cohérent, à sa façon, que sur le dossier israélien : soutien sans faille à Netanyahu, reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, etc.

Pour le reste, le bilan est chaotique à tous points de vue. Sur l’Iran, le retrait américain de l’accord sur le nucléaire et la multiplication des sanctions n’a rien résolu. Pire : le résultat est contreproductif. Les Iraniens ont dépassé de beaucoup les limites autorisées sur l’enrichissement de l’uranium. Ils sont plus proches de la bombe que jamais. Échec total.

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En Afghanistan et en Irak, le retrait à pas comptés laisse le champ libre aux Talibans et aux groupes extrémistes qui attendent leur heure. La violence s’accroit à nouveau. Échec encore. Quant à la Corée du Nord, les effets de manche n’ont eu aucun résultat non plus. Le régime stalinien de Kim Jong Un a développé son arsenal un peu plus encore. Échec là aussi.

Donald Trump, faute de cohérence dans sa politique étrangère, laisse donc derrière lui un chaos accru. Et en plus, ça va peut-être encore se dégrader : le président sortant semble en effet tenté, d’ici au 20 janvier, de savonner la planche à son successeur sur plusieurs sujets internationaux. C’est la politique de la terre brûlée. 

Biden ou le retour du risque messianique

Avec Biden, le risque est inverse.

D’un côté, on devrait retrouver de la cohérence en politique étrangère, et la restauration de fondamentaux comme la relation Transatlantique. Le retour à la table des négociations avec les Iraniens est plausible, annoncé en tous cas. La volonté de ramener les Palestiniens dans les discussions au Proche-Orient vient d’être confirmée par Kamala Harris. 

Et puis il faut s’attendre à une diplomatie plus courtoise et un peu plus multilatérale. Biden est expérimenté en politique étrangère et il devrait s’entourer de nombreux experts des Think Tanks, ce milieu que l’on surnomme à Washington « le blob ». Plus de cohérence donc. C’est certain.

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Mais d’un autre côté, il y a le risque d’un retour du messianisme va-t’en guerre. Joe Biden affirme vouloir promouvoir la défense de la démocratie. Et organiser dès l’an prochain un Sommet de la démocratie aux États-Unis. On voit bien l’idée : restaurer l’image d’Épinal des « États-Unis chef du monde libre ».

Mais n’oublions pas combien cette prétendue défense de la démocratie a servi de prétexte à des aventures guerrières occidentales douteuses, par exemple en Irak ou en Libye. On a vu le résultat. Cette tentation messianique est encore plus dangereuse dans un monde devenu multipolaire.

Comme le dit un diplomate Onusien, avec le départ de Trump, « The US madness is over, but the madness is everywhere ». C’en est fini de la folie des Etats-Unis, sauf qu’entre temps, la folie s’est installée partout.

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