

Un monsieur de 104 ans, expert en botanique et chercheur en écologie – il a écrit des dizaines de livres sur le sujet.
104 ans : ce n’est pas souvent que les médias nous parlent de quelqu’un d’aussi âgé. Les centenaires ne font jamais les gros titres des journaux, sauf le jour où ils entrent dans le Guinness des records ! Actuellement, elle est japonaise, la doyenne de l’humanité : Chiyo Miyako. Elle a 117 ans. Un exploit qui n’a jamais fait rêver notre botaniste australien. Il s’appelle David Goodall et, pour lui, 104 ans, c’était déjà bien suffisant.
Jusqu’à ses 102 ans, tout allait plutôt bien pour David Goodall
Alors que d’autres, au même âge, passent leur temps à dormir ou devant la télé, il continuait d’aller bosser tous les jours dans le bureau de son université australienne. Il prenait le train, le bus. Une vie sociale intense ; discuter avec des collègues et des étudiants de ses recherches ou de théâtre, son autre passion. Et ça a fait scandale lorsque la fac a décrété que c’était devenu trop dangereux de l’accueillir sur le campus !
Mais son corps de centenaire a commencé à décliner. Les jambes, tout d’abord. Obligation de prendre un déambulateur, puis un fauteuil roulant. Ensuite, sa vue a baissé, son audition aussi, et il a perdu l’odorat et le goût. Et puis le goût le vivre. Plus envie. Ça suffit. Pas dans ces conditions. Le mois dernier, quand il a eu 104 ans, le scientifique a prévenu sa famille et la presse : son pays n’autorisant pas le suicide assisté, il irait en Suisse pour qu’on l’aide à mourir. Là-bas, en Australie, l’affaire a fait grand bruit. Parce que David Goodall est une célébrité. Et parce qu’il n’était pas malade. Simplement il en avait marre. Assez vécu comme ça. Et il ne voulait pas se dégrader davantage, s’enfoncer dans la déchéance, terminer grabataire, connaître l’agonie.
Des caméras l’ont suivi jusqu’à l’aéroport
Il a dit qu’il était heureux d’aller mourir, que n’était pas triste et que ce qui l’était, c’était d’être empêché de le faire. Nouvelle conférence de presse mercredi en Suisse et nouveau plaidoyer pour l’euthanasie**. Il a expliqué qu’il aurait aimé pouvoir mourir chez lui, qu’il espérait que son choix ferait bouger les mentalités en Australie**. Et quand on lui a demandé la musique il aimerait entendre avant de fermer les yeux, il s’est mis à chanter l’Hymne à la Joie de Beethoven ! Ensuite, il s’est promené avec ses petits-enfants dans le jardin botanique de l’université de Bâle…
David Goodall est mort hier à midi et demi, entouré de sa famille et de ses amis, avec lesquels il venait de déguster ses plats préférés : Fish and Chips et cheesecake. Un assistant lui a placé une intraveineuse dans le bras. Puis après avoir confirmé qu’il était pleinement conscient du geste qu’il faisait – il avait toute sa tête, c’est lui-même qui a déclenché l’ouverture de la valve contenant la substance létale. Des barbituriques à haute dose. On s’endort au bout de vingt secondes, et le cœur s’arrête de battre au bout d’une minute trente.
David Goodall n’a pas souffert. Il a choisi sa mort et en la planifiant ainsi, il a pu dire « au revoir » à chacun de ses proches. Son histoire nous fait réfléchir. A la déchéance. La liberté. La dignité. Et nous, jusqu’à quel âge sera-t-on en état d’apprécier l’existence ? Et nous, aura-t-on le temps de dire « au revoir » à nos proches ? En France, le suicide assisté est toujours interdit. Pour nourrir le débat, il n'est sans doute pas inutile d'écouter la leçon de vie du défunt vieillard australien de 104 ans.
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