
Dans « Le quart d’heure de célébrité », Frédéric Pommier a choisi de nous parler, non pas d’une, mais de 34 millions 540000 personnes… La meilleure partie de la population française ; autrement dit : les femmes. Hier, l'Académie Française a voté en faveur de la féminisation des noms de métiers dans la langue française.
Quelquefois maçonnes
Ou bien vigneronnes
Ou forgeronnes
Ou bûcheronnes
Quelquefois auteures
Ou bien proviseures
Bourrelles de cœur
Bourrelles de cœur
Femmes… carreleuses
Femmes… assureuses
Je connais des cheffes-cuisinières
Je connais des sapeuses-pompières
Des brigadières
Et des huissières…
Oui. Je les connais toutes. Enfin, presque toutes. J’en ai fréquenté beaucoup, des femmes, dans ma jeunesse… Quand j’étais mince et beau, et qu’un doux parfum de lavande exsudait des pores de ma peau… Je suis sorti avec une plombière, une routière, une voiturière, une verrière, une lunetière, une croupière – elle était fille de croupiers.
Je suis sorti avec une cafetière – elle était fille de cafetiers. Je suis sorti avec une portière – elle était fille de portiers.
Je suis sorti avec une glacière – elle était fille de… Non, pas de glaciers : fille de professeurs à l’Université… Son père : un mandarin… Sa mère : une mandarine – une grande officière de la Légion d’Honneur.
Je suis sorti avec une griotte – elle s’appelait Cerise, son frère était aussi griot… Je suis sorti avec une trappeuse, une brasseuse dont l’oncle était le sosie de Claude Brasseur, une pêcheuse à la mouche, une chasseuse alpine, une babysitteuse, une commissaire priseuse, une entraîneuse de foot, une hardeuse, une perceuse, une ponceuse et une dépanneuse, fille de dépanneurs !
Je suis sorti avec une maréchale-ferrante et une contremaîtresse, une pizzaïola, une veilleuse de nuit…
Un temps, j’ai même vécu avec une bandite… Autrement dit : une malfrate. Oui, c’est le mot adéquat ! Désormais, les Académiciens sont d’accord.
L'Académie Française vient de voter en faveur de la féminisation des noms de métiers dans la langue française.
Et c’est une bonne nouvelle ! Une excellente nouvelle ! Mais, entre nous, je pense qu’il ne faut pas s’arrêter là ! Féminisons maintenant toutes les œuvres de notre patrimoine culturel !
Commençons par les chansons… La poinçonneuse des Lilas, La barbière de Belleville, Adieu madame la professeure, Quand j’étais _chanteuse_de Michel Delpech, Les comédiennes de Charles Aznavour et Merci _patronne_des Charlots !
Attaquons-nous ensuite aux films… Coiffeuse pour Dames, Les gendarmettes de Saint-Tropez, La juge et l’__assassine, Dialogue avec ma jardinière__, Max et les ferrailleuses, La femme de la boulangère__…
Faisons pareil pour les livres... La Générale Dourakine, La marchande de Venise, Mort d’une commise-voyageuse, Pêcheuse d’Islande ou bien encore La bourgeoise gente Dame de Molière !
N’oublions pas les expressions.
Dorénavant, disons que ce sont les cordonnières qui sont les plus mal chaussées.
Disons « fumer comme une pompière », « mentir comme une arracheuse de dents »… « Une bataille de chiffonnières », « avoir la foi de la charbonnière », « faire la trêve des confiseuses »…
Et ta mère, elle est vitrière ?
Dans ce cas-là, on peut dire : Vouloir le beurre, l’argent du beurre… et le cul du crémier.
Remplaçons les hommes-grenouilles par des femmes-crapauds, remplaçons les hommes-sandwiches par des femmes-salades-César et remplaçons les dames-pipi par des Messieurs-caca !
Tant qu’on y est, d’ailleurs, modifions aussi la Genèse !
Ce ne serait plus « Adam et Ève » mais « Ève et Adam », et Adam serait créé à partir d’une cote d’Ève : là, on pourrait vraiment parler de révolution. Bien davantage encore que pour cette tardive féminisation des noms de métier que nos Académiciens et Académiciennes viennent de valider. Il était temps, franchement… Sur le sujet, ils ont, et elles ont avancé à un train de… sénatrice !