Parmi les combats de l’ASPAS, il y a celui de repenser l’organisation de la chasse. Madline Rubin, directrice de l’ASPAS, rappelle que la France est un des seuls pays où la chasse est autorisée quasiment toute l’année. Elle lutte aussi contre les pratiques cruelles et les élevages d’animaux sauvages pour la chasse.
Vous vous rappelez peut-être le travail de la philosophe Virginie Maris, qui est intervenue plusieurs fois sur cette année dans "La Terre au carré", et qui parle de préserver des espaces pour y décoloniser la nature. Et effectivement, dans les réserves de l'ASPAS, aucune exploitation chasse, pêche ou cueillette n'est autorisée.
Cela revient à mettre la nature sous cloche, dénoncent les organisateurs d'une manifestation qui aurait réuni plus de 700 éleveurs et chasseurs en août dernier. Pour eux, l'activité humaine est essentielle pour préserver les habitats et se protéger des dégâts liés à la prolifération des animaux sauvages.
Madline Rubin, directrice de l'ASPAS, a reçu des menaces
Madline Rubin : "Il y a beaucoup de menaces qui viennent par rapport à notre position de protéger le loup (qui est une espèce protégée). Les lettres nous disent 'On va déjà buter tous les loups et les protecteurs'. 'Il y a des voitures qui vont avoir des problèmes'. 'On va aller déposer des cadavres de brebis devant leurs bureaux, ils verront'... Dans les dernières lettres, c'était 'On va s'occuper d'eux, des dirigeants et de leurs familles__. On va trouver leurs adresses'.
C'est un peu anxiogène, effectivement, et c'est vrai que du coup, moi, j'essaie de ne pas rendre publique ma vie privée parce que je n'ai pas envie qu'on s'en prenne à ma famille parce que je décide de protéger la nature et les animaux."
La directrice nous amène au bord de la rivière : "Là, on est vraiment en bord de Drôme, on est sur ce qu'on appelle la ripisylve ou forêt alluviale (tous les végétaux proches de zones humides). On ne sait pas trop si ce sont les cours d'eau qui ont rabattu tous les arbres ici mais, si on regarde bien, on va voir les petites traces des dents des castors sur les bouts des branches. Et ici, c'est assez chouette quand on vient au moment où le soleil baisse un peu et qu'on se pose en observation, on les voit faire toutes leurs petites affaires. Ça, c'est magique. C'est des endroits qui sont importants.
Le souci sur cette réserve, c'est que la chasse y est autorisée. Donc c'est un combat qu'on a mené avec l'AFPAS et d'autres associations locales dans la Drôme".
Il n'y a pas que les espèces qui sont chassées qui subissent la chasse ici : il y a tout le dérangement des chiens qui passent, le dérangement des coups de feu… Le dérangement de cette activité qui a un impact fort.
La France est le pays d'Europe où la période de chasse est la plus longue
Madline Rubin : "Il y a la période générale de septembre jusqu'à février. Et après, il y a aussi toutes les périodes complémentaires, les dérogations, les battues, la destruction de nuisibles, la destruction ou l'abattage d'animaux…"
En fait, la chasse est quasiment toute l'année. La France est le seul pays d'Europe qui accepte ça.
Les chasseurs sont-ils nécessaires pour réguler la population animale ? "Quand on sait qu'un animal chassé sur quatre est issu d'élevages (parce qu'il y a des relachés de faisans, de certains petits mammifères aussi) : pour nous, cet argument ne tient pas. On le voit sur les réserves qu'on crée : il n'y a pas de chasse et la régulation n'est pas nécessaire. Il faut laisser la place aux animaux et au milieu de s'équilibrer entre eux. Et c'est pour ça que nous voulons montrer nos réserves, où on interdit totalement et strictement la chasse.
L'idée que le chasseur est essentiel pour réguler le milieu, c'est vraiment une idée reçue
Faut-il abolir la chasse ?
Madline Rubin : "Si on pouvait déjà s'occuper de tout ce qui n'est plus tolérable aujourd'hui…
On ne peut pas tolérer la souffrance parce que c'est de la tradition. On ne peut pas tuer des populations qui sont en mauvais état de conservation parce que c'est la tradition. C'est une voie sans issue !
D'autres pays sont bien plus en avance que nous et profitent de la préservation de la nature et des animaux : il y a un écotourisme de malade ! Les Français, d'ailleurs, partent souvent en Espagne, en Italie, pour avoir la chance de voir des loups ou des ours.
Si en France on savait valoriser ça, on pourrait aussi développer l'économie rien que parce qu'il y a des zones où la nature est laissée tranquille et qu'elle est observable.
Et la nouvelle génération, la génération climat : tous ces jeunes pointent les défaillances du système, tout ce qu'on ne fait pas. Ces jeunes sont en train d'arriver en exigeant d'avoir une planète habitable ; donc il y a des choses qu'il va falloir arrêter".
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