Suite de notre série sur les alternatives au glyphosate dans l'agriculture ( 3/4) . Début octobre 2020, l'agence sanitaire l'Anses va restreindre les usages de l'herbicide quand "des alternatives sont possibles". Rencontre avec un céréalier près de Dijon qui expérimente des solutions de rechange.
Début octobre 2020, l'agence sanitaire Anses va donner de nouvelles restrictions d'usage du glyphosate. Il y a deux ans, l'Anses a été chargée par le gouvernement d'évaluer les alternatives à l'herbicide. Lorsqu'une alternative est jugée "possible", l'usage de l'herbicide sera limité voir interdit par le biais des Autorisations de mise sur le marché (AMM). L'agence a passé en revue les secteurs qui en utilisent beaucoup : la viticulture, l'arboriculture fruitière, les forêts et les grandes cultures. Le secteur des grandes cultures est, du fait de son emprise sur le territoire français, celui qui en utilise le plus explique l'Institut agronomique, l'Inraé dans son rapport sur les alternatives publié en juin 2020.
Gilles Dorel est céréalier à Clenay, près de Dijon. Il cultive du blé, de l'orge ou encore du sarrasin. Il expérimente des techniques alternatives non chimiques.
Au lieu de désherber chimiquement, il travaille le sol : "on scalpe avec un tracteur sur à près 5 cm de profondeur. On coupe les racines et on laisse sécher cette végétation à la surface". Il teste aussi des implantations de cultures avant la récolte du blé. Faire pousser du trèfle et de la luzerne permet d'étouffer les "mauvaises herbes". Cet agriculteur veut également installer une bergerie pour que les moutons fassent le travail de désherbage. Gilles Dorel explique qu'il faut des investissements pour adopter ces alternatives, il faut également passer plus de temps dans les champs et utiliser davantage le tracteur et du carburant. Tout cela a un coût. "Si l'on interdit le glyphosate, il faut qu'on nous donne les cartes en main pour assumer, des aides je ne suis pas trop pour, payez nous plutôt le juste prix du blé ".