La saturation des centres d'accueil destinés aux migrants a conduit à une multiplication des créations de camps improvisés, majoritairement aux abords des grandes métropoles. Souvent démantelés, presque toujours aussitôt reconstitués, aucune solution viable n'a pour l'instant été trouvée pour réguler la situation.
- Didier Leschi Directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII)
- Pierre Henry Directeur général de l’association France Terre d’Asile
- Olivier Caremelle Auteur
L’Europe vit actuellement sa plus grave crise migratoire depuis 1945.
Les conflits internationaux qui se sont intensifiés à partir de 2015 ont représenté un défi d’accueil inédit pour la France qui se place à la tête des pays européens recevant le plus grand nombre de demandes d’asile.
Selon L'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE), plus de 6,7 millions de d'immigrés vivaient sur le territoire français en 2019 et 132 614 dossiers ont été déposées auprès de l'Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA) la même année.
Un dispositif national d’accueil dépassé
L'office Français de l'Immigration et de l'Intégration (OFII) gère le placement et le transfert des migrants dans les centres d'accueil.
Le dispositif déployé dispose au total d'environ 108 000 places, occupées selon l'OFII à hauteur de 97%.
Malgré une augmentation massive de la création de lieux d'accueil ces dernières années, l'offre ne comble pas l'ensemble des besoins d'hébergement qui s’accroît de jour en jour, si bien que seuls deux cinquièmes des migrants bénéficieraient de ce dispositif.
Cette situation engendre la construction de campements sauvages concentrés principalement dans les rues ou terrains vagues situés en périphérie de grandes villes françaises.
Le nombre de personnes entassées dans ces camps peut atteindre entre 3000 et 4000 personnes. La "Jungle" de Calais démantelée il y a trois ans a atteint un malheureux record, avec plus de 10 000 personnes réparties dans différents bidonvilles.
Des démantèlements à répétition mais toujours pas de solutions durables
Les dispositifs mis en place par les autorités publiques pour palier à la problématique des camps sont principalement répressifs et consistent en une évacuation forcée des personnes vivant dans ces structures.
Une des dernières en date, celle d'Aubervilliers (nord de Paris) qui a eu lieu le 29 juillet, a vu près de 1500 personnes se faire déloger par les forces policières qui quadrillaient la zone.
Présent ce jour là, le préfet de Police Didier Lallement a indiqué à la presse que cette opération représentait la suite logique de toutes celles menées ces derniers mois dans le but d'éviter un regroupement massif de migrants dans les départements limitrophes de Paris.
Le problème demeure pourtant extrêmement préoccupant. Le nombre de personnes relogées suite à ce type d'opération étant très faible, la grande majorité des camps sont reconstitués dans les jours qui suivent ces interventions.
Les associations dénoncent ainsi des démantèlements répétitifs qui n'apportent qu'une réponse oppressive au problème d'hébergement sans laisser entrevoir des solutions concrètes.
Les politiques menées provoqueraient en outre à un phénomène d' "invisibilisation" des migrants qui, sans cesse repoussés hors des villes, subiraient une exclusion sociale et un cloisonnement spatial de plus en plus intenable.
L'Etat est-il impuissant face au problème migratoire ?
Comment réguler les capacités d'accueil au niveau national ?
Quelles solutions durables trouver au problème des camps en France ?
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