EHPAD : sait-on désormais soigner sans isoler les personnes âgées ?

EHPAD : sait-on désormais soigner sans isoler les personnes âgées ?
EHPAD : sait-on désormais soigner sans isoler les personnes âgées ?  ©Getty - andresr
EHPAD : sait-on désormais soigner sans isoler les personnes âgées ? ©Getty - andresr
EHPAD : sait-on désormais soigner sans isoler les personnes âgées ? ©Getty - andresr
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Un nouveau confinement dans les EHPAD aurait des conséquences dramatiques sur leurs résidents. Si un reconfinement général est inenvisageable, des mesures de confinement partiel ont été mises en place dans certains établissement pour éviter la propagation du virus. Comment protéger les personnes âgées sans les isoler ?

Avec
  • Françoise Gobled Kinésithérapeute, vice-présidente de la FNAPAEF (Fédération Nationale des Associations et Amis de Personnes Âgées et de leurs Familles)
  • Pascal Champvert Président de l'Association des directeurs au service des personnes âgées

L'isolement dans les EHPAD pendant le confinement a été très difficile pour les personnes âgées dépendantes : confinées dans leurs chambres, sans possibilité de visites par leurs proches et avec une grande difficulté pour organiser la continuité des soins, les conséquences physiques et psychologiques du confinement ont été très violentes, en particulier l'isolement social. 

Pourtant les résidents d'EHPAD est la population le plus à risque, et on estime que sur les 30 000 décès liés au Covid-19 en France, environ 14 000 vivaient en EHPAD. Si la protection de cette population est donc une priorité, le Premier Ministre Jean Castex et la ministre de l'Autonomie Brigitte Bourguignon ont déclaré qu'un reconfinement général dans les EHPAD était inenvisageable et qu'il fallait agir au cas par cas. Une décision saluée par de nombreuses associations qui ont pointé du doigt les dégâts dévastateurs qu'auraient un second confinement sur la santé des résidents d'EHPAD. 

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Mais maintenant que l'épidémie progresse, certains EHPAD ont dû mettre en place des mesures de reconfinement partiel pour limiter la propagation du virus, alors même que les mesures sanitaires mises en place étaient annoncées comme suffisantes. Sait-on désormais protéger les personnes âgées dépendantes sans devoir les isoler ? 

Pour en parler avec nous et répondre à vos questions Pascal Champvert, président de l'Association des directeurs au service des personnes âgées, et Françoise Gobled, kinésithérapeute et vice-présidente de la FNAPAEF (Fédération Nationale des Associations et Amis de Personnes Âgées et de leurs Familles).

D'abord une crise de la confiance ? 

Anne nous appelle de Lyon : "Dans l'établissement où nous nous rendons régulièrement, nous faisons toujours les gestes barrières, avec prises de température, attestations sur l'honneur, comme quoi nous ne prenons pas de Doliprane [le doliprane pourrait cacher une fièvre qui pourrait être l'un des symptomes du Covid], comme quoi nous n'avons pas croisé quelqu'un qui aurait pu être porteur du virus depuis 15 jours. Ensuite, nous devons remplir la feuille de contrôle avec la date, l'heure, notre température, qui nous visitons, qui nous sommes, notre signature et notre numéro de téléphone".

On fait tout ce qu'il faut pour être là, pour essayer de sortir nos parents de ce "syndrome de glissement". Notre présence est absolument indispensable.

Anne insiste néanmoins sur un point durant son appel : "les premiers gestes barrières, ce sont les gestes d'hygiène et de propreté". Elle raconte l'importance de l'hygiène dans les EHPAD où le personnel, souvent peu nombreux, ne peut pas forcément s'atteler à la tâche de manière poussée par manque de temps. La nourriture également lui semble importante pour lutter contre le virus, les défenses immunitaires étant boostées par une bonne hygiène de vie et un moral au beau fixe. 

Fabienne Sintès se penche sur la question de la confiance : peut-on en effet faire confiance aux familles qui viennent voir les personnes âgées dans les EHPAD, en partant du principe qu'ils vont s'assurer de la santé de leurs aînés, en ayant un comportement adapté à la situation ? Pascal Champvert, président de l'Association des directeurs au service des personnes âgées, répond : "Nous, nous avons dit dès le début de la crise qu'il fallait trouver le bon équilibre entre sécurité et liberté et entre sécurité physique et sécurité psychique. Nous avons été entendus, mais après un petit délai".

"Les familles sont responsables encore une fois" affirme Françoise Gobled, kinésithérapeute et vice-présidente de la FNAPAEF. Pour les invités, la responsabilisation des familles et des aidants est primordiale. 

Ou la crise d'un modèle avant tout ? 

Il faut bien comprendre que cette période a aussi été révélatrice de ce qu'est le modèle EHPAD. C'est un modèle à bout de souffle parce que basé sur une logique hyper sécuritaire. Et ça, il faudra y revenir. 

Alors aujourd'hui, les patients, les familles et les experts sont-ils écoutés ? cela dépend, affirment les deux invités de Fabienne Sintès. "Cet isolement forcé, qui a été décidé du jour au lendemain pour le confinement total, a été pris sans aucun consentement éclairé des personnes âgées qui restent des citoyens majeurs", dit Françoise Gobled, kinésithérapeute et vice-présidente de la FNAPAEF.

Au-delà de la crise du Covid-19, c'est le modèle lui-même de l'EHPAD qui est remis en cause par les invités : les conseils de vie sociale peu voire pas écoutés, le manque de personnels, la sous-médicalisation, l'absentéisme, le taux élevé d'accidents du travail... sont autant de facteurs qui rendent la gestion d'une crise compliquée en EHPAD. 

Les tests et leurs implications

Catherine s'interroge durant l'émission sur la possibilité de tester les familles qui viennent voir les proches en EHPAD. Françoise Gobled intervient en disant qu'il serait également important de tester les personnels eux-mêmes. 

Mais ces tests peuvent être problématiques : ils entravent des venues à l'improviste et empêchent également de venir souvent (tous les jours, ou tous les deux jours) notamment ceux qui sont reconnus comme étant des "aidants" pour leurs proches. Ces tests réguliers ne feraient également qu'engorger les laboratoires d'analyses et médecins, selon Françoise Gobled. 

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