

Les changements de températures, du fait du réchauffement climatique, dessinent de nouveaux contours au parc viticole français.
- Pascal Prudhomme Directeur général de Champagne de Castelneau
- Jacques Dupont Journaliste au Point, spécialiste vin
- Hervé Quenol Géographe, chercheur au CNRS dans le domaine de la climatologie
Parmi les différents effets pervers du réchauffement climatique, l'un des moins commentés reste probablement son impact profond sur les vignobles français. La vigne est l'une des cultures les plus sensibles aux fortes variations de température: ces dernières peuvent altérer le taux d’alcool comme les arômes.
Plus que la chaleur, le manque d'eau est la principale menace. Les vendanges se font désormais deux à trois semaines plus tôt en France qu'il y a trente ans. Le phénomène risque de se poursuivre avec la hausse prévue des températures attendue d'ici 2050. Sur cette période, les températures pourraient grimper de 4 à 5 degrés supplémentaires.
Un secteur français
Inutile d'évoquer ici le fort rapport qu'entretiennent historiquement les Français et leurs vignes. Véritable fierté nationale, la qualité des cépages français contribue grandement à la renommée internationale du pays. Plus concrètement, et en chiffres : le vin en France représente plus de 500 000 emplois, 12 milliards d'euros de chiffre d'affaires et plus de dix millions de touristes font le voyage jusqu'à nos régions, chaque année, à la recherche de nouvelles saveurs .
Les premiers effets du réchauffement sont déjà visibles: dans le bordelais par exemple : le Cabernet Sauvignon profite des étés chauds, au contraire du Merlot qui est menacé. La floraison se fait aussi plus tôt (ce qui peut s'avérer problématique en cas de gel).
Changements profonds
Autres indicateurs: le rendement a plus que triplé en trente ans du seul fait des températures plus élevées. Géographiquement, le Sud jusqu'alors maître de la culture de vignes, pourrait progressivement perdre son presque monopole au profit des régions du Nord, désormais adaptées à certains cépages comme le Chardonnay ou le Pinot Noir.
En plus de ce phénomène de dé-zonage, l'impact sur le degré d'alcool et sur les arômes inquiète. Il existe des solutions pour faire baisser le taux d'alcool, mais elles sont coûteuses et compliquées, et peuvent mener à une perte de caractère des vins. L'activité viticole traduisant toujours une identité culturelle et régionale forte, les professionnels du secteur redoutent que les procédés destinés à pallier les effets négatifs du changement climatique ne mènent inévitablement à une uniformisation des productions, et, de facto, à une perte d'identité.
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