Sur les pas d’Albert Londres

Portrait du journaliste et écrivain Albert Londres dans les années 1910.
Portrait du journaliste et écrivain Albert Londres dans les années 1910. ©Getty
Portrait du journaliste et écrivain Albert Londres dans les années 1910. ©Getty
Portrait du journaliste et écrivain Albert Londres dans les années 1910. ©Getty
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Pionnier du grand reportage, Albert Londres a enquêté sur tous les continents et marqué l'histoire du journalisme.

Cet été tous les mercredis nous repartirons sur les pas d’un grand voyageur d’hier qui a marqué son époque. Pour commencer nous allons nous intéresser au parcours d’un homme qui est devenu l’une des figures de références du journalisme.

Un style vif et incisif, le sens du récit, une indépendance d’esprit,  un goût pour la vérité… Albert Londres a imprimé sa marque dans la presse française et dans l’histoire de sa profession.

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Pionnier du grand reportage, en une  vingtaine d’années, il a enquêté sur tous les continents. Il s’est  intéressé aux sorts des travailleurs africains au Congo, des prostitués à  Buenos Aires, des juifs de Palestine ou encore des pêcheurs de perles dans le golfe Persique.  L’humain était au cœur de ses reportages.

Une sélection de ses articles a été rassemblée dans un recueil intitulé " Albert Londres – Grands reportages à l’étranger" aux éditions Arthaud.

Un ouvrage préfacé par Étienne de Montety. Ecrivain, journaliste. Directeur du Figaro littéraire et fin connaisseur de la vie et de l’œuvre d’Albert Londres.

Cet après-midi, Étienne de Montety nous emmène dans les pas de celui qu’il nomme "Le patron".

Retrouvez ci-dessous des extraits de l'entretien

Albert Londres par lui-même

Quand il voyageait, c'était comme d'autres fument l'opium ou prisent la coco : c'était son vice à lui. 

"Il était l'intoxiqué des sleep-in et des paquebots. Et après des années de courses inutiles à travers le monde, il pouvait affirmer que ni le regard d'une femme intelligente, et malgré cela proprement faite, ni l'attrait d'un coffre-fort, n'avaient pour lui le charme diabolique d'un simple et rectangulaire petit billet de chemin de fer".

Albert Londres se décrit lui-même ainsi, dans le prologue de son recueil d'articles Chine en folie.

Ce que représente le prix Albert-Londres

Le prix Albert-Londres est la consécration ultime, le Goncourt des journalistes si on veut. Il a été créé par sa fille deux ans après la mort d'Albert Londres, en 1934. Avec un palmarès absolument admirable : "tous les grands noms du journalisme depuis les années 1930 y sont" souligne Étienne de Montety. "C'est la consécration d'une carrière au service de quelque chose qui était vraiment la vocation Albert-Londres : montrer ce que le lecteur, à l'époque, ne pouvait pas voir".

Le prix Albert-Londres est une référence qui fait appel à deux qualités :

  • la curiosité : aller partout, et notamment là où les autres ne vont pas. 
  • cette fameuse "plume dans la plaie" : cette idée qu'une fois qu'on est quelque part, on a aussi parfois un jugement à donner sur le régime, des situations qu'on voit. C'est cet art de dénoncer ou, du moins, de pointer du doigt des situations anormales". 

Albert Londres, premier grand-reporter 

Il est né en 1884, à Vichy. Il commence sa carrière comme comptable à Lyon (!), il veut devenir écrivain - et à l'époque, ce n'est pas être romancier comme aujourd'hui, mais être poète. Il écrit quelques recueil de vers, puis à Paris, comme tous les jeunes gens qui ont envie d'exister. 

Là, il retrouve un de ses compatriotes de la région Centre, Mr Bois, qui lui ouvre les portes de la presse populaire de l'époque. Il y entre par la petite porte pour se nourrir. C'est un anonyme de la rédaction, il fait des brèves... Mais il a de la chance : il va interroger un très brillant parlementaire qui s'appelle Jean Jaurès - et dans les heures qui vont suivre, Jean Jaurès sera assassiné.

De même, un peu plus tard, il est réformé et il est correspondant de son journal au ministère de la Guerre, alors que la guerre de 1914 vient d'éclater. Et il entend dire que Reims, il y va et donne naissance à son premier reportage signé qui va impressionner tous ses confrères. Il décrit le bombardement de la cathédrale comme une sorte d'épopée inouïe. "Ils ont bombardé Reims, nous avons vu cela", première phrase de l'article, est devenue emblématique.

Il a des trouvailles extraordinaires. Il fait de la cathédrale un être vivant. Il en parle comme d'une femme malmenée, une femme violée, une femme bafouée. Et ça donne une extraordinaire vie à ses articles.

À partir de là, il va prendre son envol et parcourir le monde en tous sens. 

Dans ses reportages aussi, il se met en scène : "Il a l'art, par une sorte d'auto dérision, de se représenter comme un personnage qui irait partout, qui interrogerait partout, quitte à être parfois un peu ridicule" précise Étienne de Montety. "Ça donne un attrait et même souvent une drôlerie extraordinaire à ses récits". Et parfois, il utilise son double narratif, Jean-Pierre d'Aigues-Mortes pour parler de lui-même

Le reste à écouter

La programmation musicale 

  • Goran BREGOVIC'S Savatone 
  • YOUSSOUPHA Astronaute 
  • NOEL GALLAGHER'S HIGH FLYING BIRDS We're on our way now

Cette émission est une rediffusion du 26 juillet 2017

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