Claude Lorius : "Les aurores depuis la base Charcot étaient absolument fantastiques"

Aurore boréale en Antarctique
Aurore boréale en Antarctique ©Getty - Hongjie Han
Aurore boréale en Antarctique ©Getty - Hongjie Han
Aurore boréale en Antarctique ©Getty - Hongjie Han
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Le glaciologue Claude Lorius est décédé. En juillet 2013, il était l'invité de Daniel Fiévet dans une émission très glacée, consacrée à l’Antarctique. À cette occasion, il était revenu sur ses dix années passées dans le grand froid.

Avec

L’Antarctique : 14 millions de km², une température moyenne de -10°C sur les côtes, -55°C à l’intérieur. Terre internationale et de paix, c’est aussi un lieu de recherches sur le climat, la biodiversité, et le magnétisme ...

Connaître le climat et l’atmosphère d’il y a des milliers d’années est l’un des buts des scientifiques des stations polaires, à l’image de Claude Lorius et Jérôme Chapellaz, tous deux glaciologues.

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La Terre au carré
54 min

Extraits de l'émission

L’antarctique, un vrai continent

Jérôme Chappelaz décrit cette immensité : « Il faut distinguer la côte, d'une part, qui comprend pour une partie de très haute montagne avec des sommets qui atteignent pratiquement 5000 mètres d'altitude. C'est une partie de la chaîne transantarctique, qui se prolonge de l'Amérique du Sud jusqu'à en face de l'Australie. Essentiellement rocheuse, elle représente seulement quelques pourcentage de la surface.

Le reste, c'est un immense glacier dont l'épaisseur moyenne fait près de deux kilomètres. Ce qui explique ces altitudes extrêmes. Il faut savoir que le point culminant du glacier atteint quatre kilomètres d'altitude. Si toute cette glace fondait, le niveau des océans s'élèveraient de d’environ 70 mètres.

C’est la principale ressource d’eau de la planète. En Antarctique, c'est sur la base de Vostok que la température la plus basse a été enregistrée : on parle de -89,6°C . Mais c'était peut-être inférieur à ça, parce que le thermomètre a commencé à geler ! »

L’une des premières expéditions de Claude Lorius

Il y a un peu plus de 50 ans, l'année géophysique internationale s'ouvrait. C’est dans ce cadre que Claude Lorius, Jacques Dubois et Roland Schlich prennent part à une sacrée expédition au cœur du continent antarctique dans la base Charcot.

Claude Lorius se souvient : « J'ai 23 ans à l'époque et j'ai envie de partir. Je m'engage et un an après, je pars pour la base Charcot, l’une des trois bases installées sur le continent. C'est à 300 kilomètres de la base Dumont d'Urville à l’intérieur des terres.

Les conditions de vie sont plus rude que sur la côte. Les deux autres bases, l'américaine et la russe, sont beaucoup plus faciles à ravitailler. Et on n’était pas toujours bien équipés. On n’envoie pas trois jeunes dans la bagarre !

Il y avait deux jeunes et un gars qui avait déjà une expérience. Il avait hiverné dans une expédition antérieure. Il était assez philosophe et il rétablissait souvent la paix entre les deux jeunes. La base était bien située. L’emplacement avait été choisie car elle était proche de plusieurs pôles magnétiques. C'était un coin où on a été gâtés pour l’observation des aurores. Et ça, c’était absolument fantastique ! »

Claude Lorius a connu 22 arrivées sur l’Antarctique

Il est allé 22 fois sur la glace : « Je me souviens des arrivées. C’était très impressionnant. Mais ensuite aussi, par avion, ça l’était parce que vous survolez des zones inconnues ; l'avion se pose mais le sol est plein de bosses. J’ai volé dans des avions qui se sont cassé la gueule ! Mais il ne prend pas feu. On se retrouve donc au sol et on attend qu'on vienne nous chercher dans le froid. »

Une montagne qui porte son nom

Modeste, le glaciologue relativise : « Il n'y a que les Américains pour donner un nom de montagne à quelqu'un de vivant ! Lors de cette expédition avec les Américains, je suis très fier parce qu'on a découvert une chaîne de montagnes. C’est vous dire qu’on ne connaissait pas grand chose !

Ça s’est fait tout simplement. On part de la côte, on avance vers l’intérieur des terres, et tout à coup, on ne peut plus passer, car on est bloqués par une montagne. »

La suite est à écouter…

L'aventure en direct

Albane Barbero en direct de la station polaire Concordia. Son blog.

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