Le Ramadan

-Le Ramadan a commencé au début de cette semaine. Le mois le plus long pour les musulmans...

A cause du jeûne qu’il impose le jour mais aussi des joies qu'il permet la nuit venue. La pénitence n'est pas le seul axe du Ramadan. Si une prière bien connue dit : "Je demande pardon pour tout plaisir goûté en dehors du rappel de ton nom ", c’est que le plaisir à droit de cité...

Simplement, il doit être accompagné de l’attestation de Dieu. On sait que cette attestation est un des piliers de l'Islam comme la prière, l’aumône, le jeûne et le pèlerinage.

Le Ramadan associe les quatre premiers comme aucun autre moment de l'année. Dieu invoqué par les fidèles les enveloppe de sa miséricorde, leurs aumônes sont plus bienfaisantes, leurs prières plus facilement exaucées.

-Le Ramadan selon la tradition, c'est le meilleur des mois comme le vendredi est le meilleur des jours et il accueille le meilleur des envoyés, le meilleur des messages.

C'est une nuit de Ramadan que le Prophète reçoit pour la première fois la Parole.

C'est le mois pendant lequel le Coran fut descendu comme guidance pour tous les hommes.

Dans le Ramadan, la pénitence n'est pas l’axe essentiel, c'est bien plutôt le mois de l’abondance des grâces !

-L’association Ramadan-Coran-Prophète...

L'association avec l'enfance...

C'est une grande responsabilité des parents musulmans que de former à la pratique du Ramadan leurs enfants dont les souvenirs, ensuite, se réveilleront chaque année.

Le Ramadan peut être un enchantement. Certes ce n'est est pas facile de jeûner mais des accommodements peuvent être apportés les premières années. En revanche, que de surprises offertes par le changement des rythmes : le droit de veiller, les autres familles qui viennent rendre visite, la visite rendue à d'autres mosquées, d'autres quartiers.

En Turquie, pour ne prendre que cet exemple dans le passé, des filaments lumineux se mettaient à scintiller entre les minarets des grandes mosquées, des théâtres d'ombres à jouer dans les rues. Le même émerveillement que celui offert par les illuminations de Saint Nicolas aux enfants de Lorraine et d'Alsace qui vivaient depuis si longtemps dans la nuit.

-Oui mais le Ramadan, ce n'est pas un invariant. On y retrouve les souvenirs de son enfance mais il change.

Ces transformations assurent son regain contemporain, indéniable.

Le Ramadan est ductile, il s'est ainsi glissé dans le nouvel espace défini par la télévision puis par les réseaux sociaux.

Aux origines, la rupture du jeûne la nuit venue s'accompagnait de la lecture réciproque du Coran. Les usines à séries proposent maintenant des feuilletons de Ramadan : il y aurait toute une géopolitique à faire de ces feuilletons, produits en Égypte, en Turquie, ailleurs...

C'est aussi par les écrans que passe la consultation des imams. Les croyants qui craignent de mal jeûner posent des questions de plus en plus minuscules. Peut-on enlacer sa femme quand on jeûne, nager, mâcher un chewing-gum, se brosser les dents ? Le plaisir des imams cathodiques qui se prêtent à cette scolastique est évidemment d'étendre jusque dans le détail le domaine de la norme.

C’est une tendance très contemporaine comme celle d'étendre le domaine du commerce. Si tout est de plus en plus interdit le jour, l’ouverture des supermarchés ne l'est pas la nuit. Les plus riches peuvent aussi s'offrir des Ramadans de luxe. Ce centre de thalassothérapie de Casablanca va ainsi vous proposer, contre une somme qu'autrefois vous auriez pu consacrer à l’aumône, un jeûne contrôlé médicalement avec trois objectifs : minceur, santé, vitalité.

L'usage du Ramadan par les politiques publiques dans les pays musulmans s’en trouve compliqué : les états doivent tenir compte de pratiques privées de plus en plus différenciées.

Mais n'en disons pas plus S’il y a un point commun dans la tradition du Carême qui s'achève bientôt pour les chrétiens et celle du Ramadan qui commence pour les musulmans, c'est l’appel à la retenue. Jusque dans la parole. Et les plus laïcs de nos auditeurs, las d'entendre parler de religion, en seront d'accord.