Pendant l'épidémie, certains pays utilisent massivement les tests auprès de leur population. Les tests sont-ils fiables et quels sont les types de tests dont nous disposons actuellement pour détecter le Sars-Cov-2 ?
Qu'entend-on par dépistage massif ?
Cela veut dire qu'au-delà des malades suspects d'infection, il faudrait tester toutes les personnes exposées, tous les patients guéris pour voir si ils restent encore porteurs du virus, ainsi que les personnes présentant des signes (même faibles) de la maladie.
Or on sait déjà qu'un tel dépistage est impossible d'un point de vue des capacités techniques, financières et humaines.
Et de plus, n'oublions pas qu'une personne testée négativement aujourd'hui peut devenir positive plus tard.
Aujourd'hui ce sont les Islandais, les meilleurs élèves en matière de dépistage massif. En 8 semaines, ce pays a testé 10% de sa population. Ce qui a permis de limiter très efficacement les contaminations.
Objectif impossible à tenir pour la France en raison du nombre d'habitants. De plus des doutes subsistent encore sur la fiabilité de certains tests. C'est un véritable casse-tête. Alors qu'aucune sortie du dispositif de confinement ne pourra être envisagée sans la généralisation des tests.
Odile Launay, infectiologue à l’Hôpital Cochin (Paris) et professeure d’infectiologie à l’Université de Paris répond aux questions des auditeurs et de Mathieu Vidard.
Le dépistage pourra-t-il vraiment être massif ?
O.L : C'est une question de nombre. Pour l'instant on n'a pas vraiment d'idée précise de la vitesse à laquelle le virus va repartir, va se multiplier. L'objectif ici est de tester toutes les personnes qui présentent des signes cliniques qui peuvent rentrer dans un cas de covid19. Et on sait que cette maladie prend différentes formes : pulmonaire, mais aussi digestive ou neurologique.
Donc il va falloir qu'on puisse tester les personnes présentant ces signes, les isoler si elles sont d'accord, et ensuite tester les personnes avec qui elles ont été en contact les jours précédents.
Avec 500 000 tests, cet objectif est-il atteignable ?
O. L : C'est difficile encore une fois de dire. Avec le confinement, le virus circule beaucoup moins. Donc on espère qu'avec 500 000 tests on va être capable de freiner la circulation du virus. L'objectif c'est de faire 500 000 tests le 11 mai, au moment du déconfinement qui ne va pas être un déconfinement complet.
D'autres mesures vont être mises en place pour éviter la circulation du virus. En particulier le port de masque pour les gens qui le voudront, mais qui va être obligatoire dans les transports en commun. Peut-être la poursuite du télétravail pour les personnes qui pourront continuer.
Quel type de test utilise l'Allemagne ? Et pourquoi le pays arrive-t-il mieux a gérer l'épidémie ?
O. L : Ce sont ces tests PCR qui cherchent la présence du virus qui ont été massivement utilisés notamment en Allemagne ou en Corée.
L'Allemagne a sans doute anticipé plus que la France le développement et la mise à disposition de ces tests. Non seulement dans les hôpitaux (pour les hospitalisés, comme les soignants) mais aussi en médecine de ville.
La France a pris un petit peu de retard, mais il va être rattrapé. Et on espère que le 11 mai le dépistage se fera à grande échelle.
Quid de la fiabilité de ces tests PCR ?
O. L : Il y a plusieurs problèmes dans la sensibilité du test. Il y a d'abord la nécessité de bien faire le prélèvement. Ensuite se pose le problème de la quantité du virus portée par la personne. Le test peut être faussement négatif.
Ensuite cela va dépendre du moment où l'on se place (...) Ensuite les tests n'ont pas une sensibilité de 100%. Même si le test est bien fait, dans les bonnes conditions, à la bonne période, on peut avoir un test négatif.
⚫ Pourquoi les personnes peuvent-elles être testées à Marseille et pas ailleurs ? Pourquoi ne faisons-nous pas des tests de température ? Quelle serait la stratégie la plus efficace possible pour sortir vraiment du confinement ? ...
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