Les britanniques doivent 60 milliards d'euros à l'UE. Vrai ou faux ?
La facture sera salée prévient l'ancien Premier ministre Jean Pierre Raffarin, président de la commission des affaires étrangères du Sénat.
" Madame May est dans une situation extraordinairement difficile : les électeurs ont dit : quittons l'Europe pour que ça coute moins cher et là on va leur présenter deux chèques. Le premier c'est ce qu'ils doivent, c'est plus de 60 milliards, leurs engagements, en gros la dette britannique !"
Les britanniques doivent 60 milliards d'euros à l'UE. Vrai ou faux ?
Plutôt vrai. Le chiffre est élevé, c'est la fourchette haute mais il est réaliste
En gros, il comprend tous les engagements pris par le Royaume Uni vis à vis de ses 27 partenaires !
60 milliards c'est le reste à charge de tous les projets sur lesquels Londres s'est engagé financièrement : les aides aux agriculteurs, aux régions, les infrastructures, les satellites ou encore les pensions des fonctionnaires européens, parmi lesquels des britanniques. Le budget européen c'est un budget multi-annuel qui prévoit des investissements sur 7 ans. Londres s'est engagé financièrement jusqu'en 2020. "C'est la même chose que lorsqu'on sort au pub entre amis, dit la Commission, avant de partir il faut régler la tournée de bières, même si la fête continue sans vous." C'est donc plutôt vrai, même si c'est un argument tactique que brandit l'exécutif européen.
Le Royaume uni va-t-il continuer de payer y compris après sa sortie de l'UE ?
C’est tout l'enjeu. Londres aura quitté l'union européenne en 2019, or il va lui falloir payer dans certains cas jusqu'en 2023. Voire au-delà, de longues années après la sortie effective de l'UE, alors même qu'il ne touchera plus une livre sterling de l’Europe. Le Royaume uni est un état de droit, il est tenu par ses obligations internationales, mais politiquement c'est inacceptable pour le gouvernement britannique. Le Premier ministre Theresa May menace de partir sans payer et sans rien négocier, un "no deal" en quelque sorte
Le début d'un bras de fer
Le français Michel Barnier, négociateur de la Commission, veut faire de ces 60 milliards d'euros un préalable avant de négocier tout le reste : en priorité le sort des 4 millions d'européens qui travaillent au Royaume uni et des britanniques qui vivent sur le continent. C'est une façon de montrer aussi aux européens, ce que va leur couter le départ du Royaume Uni : car chaque pays va devoir compenser la part britannique. A ce stade, on ignore combien la France devra payer. Dans la balance, il y a l'accès des britanniques au marché unique : Londres voudrait négocier tout de suite ce point car les 2/3 des exportations britanniques en dépendent. Il faut négocier aussi la sortie d’Euratom (l'Europe du nucléaire), les étudiants Erasmus, les programmes de recherche : les britanniques sont les premiers à en bénéficier. Bref on n'en est qu'au tout, tout début des négociations du Brexit.
►►►Pour aller plus loin : "L'Europe a-t-elle un avenir ? : une approche critique de la construction européenne : manuel historique, théorique et pratique" de Patrick Martin-Genier aux Éditions Studyrama.
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