L'Europe dans la campagne : ceux qui en veulent le moins en parlent le plus

France Inter
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L'Europe dans la campagne
L'Europe dans la campagne
© Niccolo Caranti

L’Europe, c’est ceux qui en veulent le moins qui en parlent le plus. C’est le constat des Vigies 2012, ce site internet dont nous vous en avions parlé en octobre. Une cinquantaine d’experts a passé au crible les propos tenus par les candidats sur l’Europe dans les médias et les meetings.

Bilan de ces 7 mois de campagne : c’est Marine le Pen qui parle le plus d’Europe, devant Nicolas Dupont-Aignan et de Jean-Luc Mélenchon. La France du « non » est donc celle qui s’exprime le plus.

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Parmi les 860 déclarations, il faut noter que la moitié est fausse ou plutôt fausse, et l’on trouve plus de contre vérités sur l’Europe dans les propos de Marine Le Pen et de Nicolas Sarkozy, en proportion, que chez François Hollande ou Philippe Poutou.

Pas question d’en tirer des enseignements définitifs, car ces vigies européennes ne prétendent pas à l’exhaustivité : il s’agit simplement de donner une photo de cette campagne. Il faut bien le reconnaître, sur cette photo, l’Europe aura occupé comme jamais la place du bouc-émissaire.

- Concrètement, quelles sont les propositions des candidats sur l’Europe ?

C’est à croire que la France est une île où l’on décide tout seul. En pleine crise de l’euro, certains réclament le retour du franc, mais ils oublient de dire que cela équivaudrait à quitter l’Union européenne.

D’autres plaident pour le protectionnisme ou le « produire en France ». On parle aussi de renégocier les traités ; Schengen, Maastricht ou le Pacte budgétaire, mais on ne dit pas comment on arrivera à convaincre la Pologne, la Belgique ou l’Autriche, car cela nécessiterait un accord à l’unanimité des 27.

Comment convaincre, également, l’Allemagne de changer le mandat de la Banque centrale européenne comme vient de le faire dans la dernière ligne droite Nicolas Sarkozy ? On l’ignore …

Or, pour l’Allemagne, c’est une ligne rouge, et Berlin l’a d’ailleurs très clairement rappelé cette semaine.

- Autre thème qui s’est immiscé dans la campagne : la relance de la croissance européenne

Oui, mais on a du mal à s’y retrouver car les discours sont assez contradictoires chez les principaux candidats. D’abord, François Hollande promet ce qu’il y a de plus fédéraliste : la création d’obligations européennes qui permettrait de se défaire de la pression des marchés. Mais dans le même temps, il menace de bloquer le pacte budgétaire signé par son propre pays si l’on n’y rajoute pas une dose de croissance.

Quant à Nicolas Sarkozy, il se présente comme un Européen convaincu, le sauveur de la monnaie unique, mais il ne rate pas une occasion de rabrouer les institutions européennes et quand il parle d’Europe, c’est pour dire qu’il faut donner un tour de vis à l’immigration.

Dans les meetings, l’Europe déserte pratiquement les discours. Même la sortie de l’euro, cheval de bataille de Marine le Pen, a finalement disparu de sa profession de foi.

C’est vrai, durant la crise, l’Europe a sans doute beaucoup déçu et du coup, chacun surfe sur la vague anti-Bruxelles, persuadé que cela rapportera peut-être quelques voix. On peut s’en servir comme d’un parfait repoussoir, c’est classique et c’est facile, car on le sait : personne ne viendra la défendre. Mais ça ne nous dit pas comment on fera, après l’élection, pour sortir la France de cette crise, avec l’Europe.

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