

Après 25 ans d'ouverture, la librairie-papeterie-presse du Pont-de-Sèvres, à Boulogne-Billancourt, ferme ses portes définitivement ce samedi, faute de clients. Les locaux deviendront des bureaux.
Cela faisait 25 ans que la librairie-papeterie-presse du Pont de Sèvres, à Boulogne-Billancourt, était ouverte. Sur la devanture de ce commerce, il y a des indices qui ne trompent pas : des affiches de promotions placardées partout. Alors que la librairie fermera ses portes ce samedi, les habitants du quartier, très attachés à Dorine, la propriétaire des lieux, lui ont organisé un pot surprise.
"C'est dur, surtout pour une librairie, de se dire qu'elle sera remplacée par un commerce lambda", dit, émue, Judith, une habituée, venue participer à ce pot : "elle a eu des dernières années très difficiles, avec peu de ventes à cause d'une activité en déclin". Dorine, qui ne s'attendait pas à cette surprise, se dit être surtout touchée par les jeunes, comme cette cliente de 29 ans, qui avait quatre ans lorsque la librairie a ouvert : "Tout le monde achète ses livres à la Fnac ou sur Amazon, c'est terrible, même moi je le fais".

"Je vends la mort dans l'âme".
"Je crois que j'ai dit à mes stagiaires de ne jamais faire libraire, jamais de la vie", reconnait Dorine, face à un autre jeune client, qui avait fait son stage de 3e à ses côtés.
Si cette librairie-papeterie ferme, c'est qu'il y a moins de clients. D'un millier de clients par jour il y a 25 ans, il n'y en a plus que 150 aujourd'hui en moyenne : "Une idée m'a traversé l'esprit, c'était de vendre mon appartement et de mettre l'argent dans la librairie, et je me suis dit que ce n'était plus possible. Je ne dégageais rien, j'avais un salarié au Smic, je me payais 890 euros".
La distribution de la presse accusée
Dorine dénonce aussi Presstalis, le groupe chargé de la distribution des journaux, un système en crise, rigide et en quasi monopole : "Les chiffres de librairie sont en hausse, je vends des guides, des cartes, le papier n'est pas mort".
"C'est le système Presstalis qui est en train de tuer la presse : il faut savoir que j'avais 4 000 titres dans mon magasin, aucun des titres, aucune des quantités, n'étaient choisis par moi, je subissais du début à la fin", raconte-t-elle, disant qu'il était impossible d'obtenir des journaux en plus de titres qui se vendaient bien.

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