Affaire Traoré : autopsie de dysfonctionnements judiciaires en série...

Une marche organisée en hommage à Adama Traoré.
Une marche organisée en hommage à Adama Traoré. ©Maxppp - Aurelien Morissard
Une marche organisée en hommage à Adama Traoré. ©Maxppp - Aurelien Morissard
Une marche organisée en hommage à Adama Traoré. ©Maxppp - Aurelien Morissard
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L'AffaireTraoré du nom de ce français d'origine malienne mort à la suite d'une interpellation par trois gendarmes le 19 juillet dernier à Beaumont-sur-Oise.

Son décès avait été suivi de plusieurs nuits d'émeutes. La cour de cassation pourrait décider de "dépayser" un dossier entaché jusque-là par de nombreux dysfonctionnements qui ont relancé ces derniers jours les accusations de bavure. Le procureur général de Versailles a proposé de confier le traitement de ce dossier à une autre juridiction. Il s’agira de comprendre comment Adama Traoré est mort après avoir été poursuivi et arrêté parce qu'il n'avait pas ses papiers sur lui et qu'il s'était enfui. Dès le départ, cette histoire a connu des dysfonctionnements. Au début de la poursuite par exemple, un agent se blesse tout seul à une cheville mais sur les ondes de la gendarmerie, cela donne : « un suspect en fuite. Un gendarme blessé ».

Etalé à même le bitume, toujours menotté

C'est un deuxième trio d'agents qui interpelle Adama Traoré chez lui avant qu'il ne fasse un malaise lors de son transport et s'urine dessus. C'est le témoignage sur procès-verbal d'un pompier révélé par la chaîne TMC mi-septembre qui a relancé la polémique. Témoignage qui révèle que lorsque les pompiers sont enfin arrivés à la caserne de la gendarmerie, Adama Traoré était étalé dans la cour à même le bitume et qu'il avait toujours ses menottes. Les gendarmes ne les lui ont ôtés qu’à l’arrivée des pompiers croyant qu'il simulait encore un malaise. C'est bien ce qui a choqué Samba, l'un des frères d'Adama Traoré.

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La mère d'Amada Traoré ne sera prévenue que trois heures après le décès

Ensuite, la mère d'Amada Traoré ne sera prévenue que trois heures après le décès. Le parquet de Pontoise ouvre le lendemain une procédure pour rébellion ce qui a contribué à mettre le feu aux poudres. Il saisit la section de recherche de la gendarmerie voisine de l'île Adam, ce qui n'a pas aidé à lever les soupçons sur l'origine du décès. Mais Yves Janier co-saisit pourtant l'inspection générale de la gendarmerie nationale, l'équivalent de la police des polices, preuve que l'hypothèse d'une bavure n'est pas écartée.

Possibilité d'une mort par asphyxie

Mais le procureur n'en dira rien, pas plus qu'il ne prendra la parole après une dépêche de l'Agence France Presse ne donnant pas le principal résultat de l’autopsie, à savoir la possibilité d'une mort par asphyxie. Une méthode que dénonce très sévèrement Clarisse Taron, la présidente du syndicat de la magistrature. L'avocat de la famille Traoré, Yacine Bouzrou dénonce également des dysfonctionnements judiciaires mais il attend surtout qu'un juge indépendant examine vraiment les faits à l'origine de la mort d'Adama. Cette version est contestée par Laurent Franck Liénard, l'avocat des trois gendarmes mis en cause.