Les Canadiens votent ce lundi pour élire leurs députés. Le premier ministre libéral sortant, Justin Trudeau, espère décrocher un nouveau mandat à la tête du pays. Mais en quatre ans, son étoile a pâli. Et sa réélection est loin d'être assurée.
Les électeurs canadiens sont appelés aux urnes, ce lundi. Le premier ministre, Justin Trudeau, espère décrocher un second mandat, lui qui, en 2015, s'imposait après avoir soulevé un immense espoir de changement dans son pays. Jeune, brillant, sorte de "gendre idéal", on lui prédisait un avenir prometteur. Mais quatre ans plus tard, le charme ne semble plus opérer de la même façon. Les sondages le donnent au coude à coude avec les conservateurs. L'effet Trudeau n'était-il qu'une illusion ?
Figure charismatique
Nous sommes au dernier meeting de campagne du Premier ministre canadien, à Montréal. Sur une musique de rock star, son arrivée au milieu de la foule se fait dans une ambiance électrique. Une chose est certaine : malgré l'usure du temps, Justin Trudeau continue de faire le show et sait ravir son public. "On est tellement content d'être ici ce soir avec vous", lance-t-il, chemise blanche, cravate à poids bleu desserrée.
Le public est content mais pas forcément serein. Cette militante libérale croit dans son champion, même si elle sait que la victoire n’est pas acquise : "Même si l'on pense que son bilan est imparfait, il mérite qu'on lui donne les clés du gouvernement pour continuer de nous emmener vers un avenir meilleur. Personne ne sort d'un mandat de quatre ans sans aucune critique. La question est : mérite-t-il un second mandat ou mérite-t-il qu'on le congédie ? Est-ce qu'on veut continuer pour l'environnement et la classe moyenne ?"
Cible facile pour ses adversaires
Le doute est là, nourri par Justin Trudeau lui-même. Le Premier ministre a été touché par un scandale politico-judiciaire, ridiculisé lors d'un voyage en Inde, mais aussi accusé d'avoir été raciste dans sa jeunesse. Autant de prises pour ses adversaires.
Son principal opposant est le conservateur anglophone Andrew Sheer. L'opposé de Trudeau en matière de charisme, mais capable d'appuyer là où ça fait mal. Dans cette partie du Québec, on puise ses racines dans la terre. Et entre la fourmi et la cigale, Roy, retraité conservateur, a choisi son camp.
"Je n'ai rien contre M. Trudeau mais il a fait trop de promesses. On peut pas endetter autant un pays. On travaille pour le peuple de demain. Il faut économiser, être rationnel, pour être juste avec tout le monde."
À gauche de l'échiquier politique, le candidat du Nouveau parti démocratique Jagmeet Singh lui reproche aussi d'avoir menti en promettant de faire de la politique autrement. L’argument de la sincérité fait mouche, notamment auprès des jeunes qui seront décisifs dans cette. élection. Alexandre a été conquis il y a 4 ans par Trudeau, mais là encore, le mirage a disparu :
"Il est arrivé sur la scène politique en disant que l'environnement lui tenait à cœur. Deux ans plus tard, il a acheté un pipeline à 4 milliards. Pour moi, Justin Trudeau est un beau parleur."
Christian Dufour est professeur, politologue. Selon lui, certes, Justin Trudeau a déçu et commis des erreurs, mais il reste un redoutable combattant politique. "M. Trudeau c'est une dynastie. Il est le fils de Pierre Elliott Trudeau, le fondateur du Canada moderne. Donc les Québécois sont tombés amoureux".
Pour l’emporter ce lundi, Justin Trudeau devra gagner 170 des 338 sièges que compte la Chambre des communes.
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