

Lors du championnat de France de football, les arbitres de ligue 1 ont interrompu à cinq reprises des rencontres depuis le début de la saison pour cause de chants ou de banderoles homophobes.
Une première réunion avec tous les acteurs étaient prévue jeudi dernier. Elle aura lieu finalement aujourd’hui mercredi au siège de la ligue de football pour trouver des solutions. Ces chants homophobes ou racistes, presque tous les pays les connaissent. Mais certains ont réussi à trouver des solutions comme aux Pays-Bas.
"C’était très dur d’entendre toutes ces insultes"
Au début des années 2000, le championnat de première division est marqué par des débordements de toutes sortes : bagarres sur les aires d’autoroutes entre supporters, cris racistes, banderoles et chants homophobes dans les tribunes.
Les supporters de La Haye, du PSV Eindoven et de l’Ajax Amsterdam sont les plus virulents. Renate est une supportrice transgenre du club de La Haye. Avant de changer de sexe, elle a très mal vécu les insultes dans les tribunes : "C’était très dur d’entendre toutes ces insultes à l’ADO Den Haag stadium. J’ai vraiment été blessée. Et j’ai longtemps été très en colère."
Mais en 2012, le président de la KNVB, la fédération néerlandaise de football tape du poing sur la table. Michaël Von Praag réuni tout le monde : supporters, présidents de clubs et arbitres : "D’où que vous veniez, quelle que soit votre religion, votre orientation sexuelle, quelle que soit votre apparence physique, le football vous appartient. Notre attention est constante dans le football professionnel. Mais je n’oublie pas les 1 200.000 licenciés qui jouent dans 3500 clubs amateurs. Et parmi eux, il y aussi des homosexuels. Il faut qu’il y une bonne atmosphère pour qu’ils sortent du placard. Je ne veux pas qu’ils jouent la boule au ventre. Nous ne pouvons pas faire ça à nos enfants."
Sanction, information et formation
Après des mois d’échanges et de discussions, la fédération présente un plan d’action en 12 points qui repose sur une sanction (les interruptions de matchs), et surtout sur l’information et la formation.
Dans un spot audiovisuel diffusé à la télévision et sur internet, tout en dérision, on voit un joueur de foot sur le terrain qui porte une armoire et à qui personne ne fait jamais la passe : "comme l’homosexualité est lourde à porter."
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Quant à la formation et à l’éducation, ce sont des associations qui s’en chargent dans les clubs professionnels, comme la fondation John Blankenstein du nom du premier arbitre international à faire son coming-out dans les années 80.
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Sa sœur Karin la préside aujourd’hui : "Nous avons organisé de nombreux ateliers de travail. Il n’y a rien de mieux parce que l’on se regarde tous les yeux dans les yeux. Vous savez les jeunes ignorent beaucoup de choses. Ils répètent ou reproduisent sans réfléchir ce que pensent et disent leur disent les parents. Alors, on leur fait comprendre qu’on a tous les mêmes droits, que l’on doit se respecter. A ce moment-là, on devient une équipe."
Identifier les coupables
Sept ans après, ce travail de fourmi a porté ses fruits. Il y a encore parfois quelques dérapages dans les stades. Mais ils sont rares. Les clubs de supporters gays peuvent en témoigner comme les "Hérons Roses de La Haye" dont l’oiseau est l’emblème du club. Maron Pots, la soixantaine est son président :
"Si quelqu’un a des propos déplacés dans les tribunes, je vais le voir. Je lui dis : 'Tu crois qu’on peut parler comme ça' ?"
"Sinon, on regarde avec les caméras et on peut très facilement identifier les coupables, connaitre leur nom et leur adresse. Le club les convoque. Et s’ils ne viennent pas, ils sont interdits de stade pendant un an."
C’est aussi simple que ça. Dans un pays qui a autorisé le mariage homosexuel quinze ans avant la France, cela n’étonne plus personne de voir chaque année sur les canaux d’Amsterdam le bateau de la fédération néerlandaise de football défiler à la Gay Pride, aux côtés des drag-queens de la police et des pompiers.
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