Ils sont chercheurs ou journalistes scientifiques et sont peut-être en train de bouleverser le paysage de la recherche. Sur internet, ils écrivent ce que la presse ne dit pas, parlent de leur quotidien, veulent une science plus participative. Avec eux, finie, l'image du savant cosinus, enfermé dans sa tour d'ivoire. Ils ont souvent moins de 30 ans, ils sont équipés en haut débit. Le mail, le podcast, le web, le chat, le wiki, tout ça, pour eux c'est fastoche. Antoine Blanchard, agronome de formation, a ouvert son blog de science il y a 2 ans. Il poste 2 à 3 billets par semaine (interview). En somme, l'objectif est de montrer aux chercheurs ce qui intéresse les citoyens. Le plus souvent des questions qui font débat : les OGM, le nucléaire, le clonage ou les nanotechnologies. Et à l'inverse, montrer aux quidams ce qu'est le travail d'un chercheur. Dans leurs blogs, les chercheurs ne se présentent pas comme des grands génies, des découvreurs, des mythes vivants. Ils mettent un point d'honneur à expliquer leur quotidien, comment se fait la science. Ils la réhumanisent, selon Pierre Mounier, éditeur du site homo numericus et chercheur (interview). Mais il n'y a pas que le public profane qui lit ces blogs de science. On trouve aussi des profs de sciences, enthousiastes de trouver de bonnes sources pédagogiques. Et puis, il y a des blogs très spécialisés où des chercheurs parlent aux chercheurs. Dans ce cas là, ce qu'on observe, c'est que le blog a tendance à remplacer les revues scientifiques traditionnelles, telles "Nature" ou "Science". Avec une différence de taille : il est possible d'actualiser sans cesse la connaissance, la commenter et la compléter. Ce qui pose un problème épistémologique, souligne Pierre Mounier (interview). Le problème est d'autant plus épineux qu'au nom d'une science financée par des fonds publics, certains chercheurs américains militent pour un accès libre aux résultats. Le web regorge d'info et les éditeurs de revues scientifiques ont donc du souci à se faire, pour leurs abonnements payants. En France, bloguer, vulgariser la science relève encore d’une démarche individuelle, très peu reconnue par les pairs, comme en témoigne Jean- Marc Galand, biologiste moléculaire au CNRS et animateur d'un blogcast, une émission de science téléchargeable sur Radio Alligre (interview). Pourtant, si vous êtes tenté, sachez qu'ouvrir un blog de sciences est très facile. Il existe un site hébergeur qui regroupe la communauté des blogueurs scientifiques. Il s'appelle Café des sciences. Un reportage de Sophie Bécherel. ________________________________________________ LIVRE : "Science ! On blogue" de Pascal Lapointe et Josée Nadia Drouin aux éditions Mutimondes.