

En France, 150 000 enfants sont placés parce que leurs parents n'ont pas pu ou su s'en occuper. Comment s'assurer de leur sécurité? Comment être sûr de la bientraitance de ceux qui en ont désormais la charge? L'association SOS Villages d'enfants a accepté de nous laisser assister à leur processus de recrutement.
SOS Villages d'Enfants, c'est une association un peu particulière qui accueille 800 frères et sœurs, retirés à leurs parents par la justice. Ils logent dans des maisons individuelles voisines de 200 mètres carrés où une éducatrice familiale s'occupe 24h sur 24 et 7 jours sur 7, de 4 à 6 enfants. En ce jour de recrutement pour un nouveau site, au Lion d'Angers, dans le Maine et Loire, 6 candidats sont regroupés autour d'une table pour un premier entretien collectif.
"Nous accueillons des enfants victimes de maltraitance, qui ont des carences affectives et éducatives. Et ces enfants sont placés généralement sur une durée moyenne de 7 à 9 ans" explique d'entrée, Mathilde Flerchinger la responsable du recrutement pour SOS Villages d'enfants. "Ce que l'on recherche en terme de compétences : la capacité de créer du lien avec les enfants, le sens de l'organisation parce que s'occuper de 5 enfants d'âges différents, ce n'est pas facile au quotidien et une capacité à prendre du recul".

Chez SOS Villages d'Enfants, le recrutement d'une éducatrice familiale s'étend sur deux à trois mois avec des phases d'observation en situation et plusieurs entretiens avec des psychologues. Une exigence que dit comprendre Gwenaëlle, à la sortie de son entretien individuel : "je trouve ça complètement normal. Ce sont des enfants, qui ont eu un parcours difficile. Il faut être sûr de la personne qu'ils auront en face". Pour ce travail, aucun diplôme n'est exigé mais le casier judiciaire du candidat est vérifié. Une éducatrice familiale chez SOS Villages d'Enfants est payée 1800 euros nets par mois et dispose d'une dizaine de jours de repos par mois, période durant laquelle elle est remplacée par une aide familiale, son binôme auprès des petits.

Dans le village de Sainte-Luce-sur-Loire, à une heure de route du futur site du Lion d'Angers, Christine Jean, 51 ans, s'occupe de 5 enfants de cinq à dix ans. "On est confrontés à des enfants qui ont des comportements pas habituels. Certains enfants ne mangeaient que des bonbons avant d'arriver ici par exemple, d'autres ne savent pas ce qu'est une douche. Ils peuvent avoir de grosses colères, on ne sait pas pourquoi. Donner de l'amour ça ne suffit pas. Il arrive que les enfants nous mettent vraiment très mal, qu'ils nous sortent de nos gonds. Nous ici, on a la chance d'avoir une équipe. J'ai beau être très calme, ça m'est arrivé de sentir que ça montait, ça montait... là faut pas hésiter, on prend le téléphone, on appelle la collègue ou quelqu'un qui peut prendre le relais pour nous permettre de redescendre".
Malgré ce recrutement poussé, est-il possible d'être complètement sûr de la personne recrutée? "Je ne peux pas dire oui, ce n'est pas possible", répond Marina Corbi, psychologue qui intervient dans le recrutement des éducateurs familiaux de SOS Villages d'Enfants. "Sauf cas exceptionnels, il ne s'agit pas de malveillance mais de dérapages parce que les professionnels sont débordés, exposés à des situations très lourdes et seuls. Quand l'Institution ne leur vient pas en aide quand ils réclament de l'aide, là il y a un risque de dérapage énorme. A SOS, il y a une disponibilité et tout ça vient faire prévention et protection".
Mais même ici, des cas de maltraitances graves peuvent arriver. L'an dernier, une éducatrice familiale de SOS villages d'enfants a été condamnée pour violences sur une fillette dont elle s'occupait. Alertée par de nombreux cas d'abus dans des structures de Protection de l'enfance, l'Assemblée nationale a lancé la semaine dernière une mission d'information sur l'Aide Sociale à l'enfance.
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