

Depuis février, Israël a entrepris de construire un mur avec son voisin du nord, exactement comme les murs qui entourent la Cisjordanie et la Bande de Gaza. Pour Israël, il s’agit de se prémunir de toute attaque du Hezbollah libanais, soutenu par l’Iran, et auquel Israël a déjà livré une guerre en 2006.
La construction de ce mur a été dénoncée par le Liban mais elle se poursuit, avec en bruit de fond la rhétorique guerrière des deux camps et entre les deux les casques bleus de l’ONU.
Sur les collines arides qui surplombent la vallée libanaise de Marjayoun, on voit parfaitement les villes israéliennes de Metula, Kfar Guiladi ou Khiriat Shmona, à quelques kilomètre.
Des terres que parcouraient autrefois Mahmoud, un forgeron libanais qui a dépassé la soixantaine.
Ce que je veux c’est qu’ils enlèvent le mur, que ça redevienne la Palestine et qu’on récupère nos terres. Ils disent que c’est une frontière ? Non ! Notre frontières elle n’est pas là, nos terres sont de l’autre côté.
Officiellement le Hezbollah n’est plus au Sud Liban. La construction du mur avance sans accrochages, malgré les protestations officielles du Liban. Bulldozers côté israélien et patrouille de la FINUL, la force d’interposition de l’ONU, côté libanais.
Aujourd’hui les Casques bleus sont espagnols et pas très bavards avec la presse. Les langues se délient au quartier général de la force de l’ONU, dans la ville côtière de Naqoura. Depuis la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, 12 000 casques bleus sont au Sud Liban.
1 400 patrouilles par mois, sous les ordres du Général Stefano Del Col pour surveiller le retrait de la milice chiite et assister l’armée libanaise. "Moi je ne m’occupe pas de la rhétorique, je m’occupe des faits sur le terrain. La ligne bleue n’est pas une frontière, le Liban a émis 13 réserves sur son tracée. Quand les ingénieurs israéliens arrivent sur l’un de ces points, la construction du mur est suspendue. Donc je peux dire que la situation le long de la ligne bleue pourrait être fragile, mais qu’elle est stable… "
Israël et le Liban sont toujours en guerre, mais tous les mois depuis 10 ans, militaires des deux camps se retrouvent à la même table. Réunion tripartite avec l’ONU, pour aborder les violations de la ligne Bleue et désormais aussi, la construction du mur israélien.

Andrea Tenenti est le porte-parole de la Force de l’ONU :
"Pour la première fois depuis trente ans, l’armée libanaise est de retour au Sud Liban et c’est la seule armée reconnue ici. Dans le passé, on a eu des incidents graves qui auraient pu déclencher une guerre, mais on a fait baisser les tensions, avec ces réunions tripartites. Je ne vais pas dire que c’est nous qui assurons la stabilité, mais qu’il y a une volonté des deux parties de maintenir une stabilité bénéfiques pour elles".
Une stabilité bien précaire, car Israël accuse maintenant le Hezbollah d’avoir désormais des missiles et des usines d’armement plus au nord, notamment à Beyrouth. Les autorités libanaises démentent et le Hezbollah, lui, menace l’état hébreu de représailles en cas d’attaque.

Mis à jour le 14 novembre à 16h
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