
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve à huis clos face aux députés cet après-midi (mardi 8 décembre) pour répondre aux inquiétudes concernant l'état d'urgence. Si pendant les premiers jours qui ont suivi les attentats, la nécessité d'agir vite n'a pas été remise en cause, près d'un mois plus tard, des voix s'élèvent pour dénoncer un dispositif potentiellement dangereux car stigmatisant et d’une efficacité discutable .
Plus les jours passent, plus le nombre de témoignages de personnes qui estiment avoir été injustement perquisitionnées, et qui ont décidé de sortir du silence, augmente. Le domicile de Samir par exemple, la trentaine, habitant du Val d'Oise a fait l'objet d'une fouille nocturne le 19 novembre dernier. Probablement, explique cet informaticien, en raison de son investissement actif dans plusieurs associations humanitaires islamiques. Une soirée qu'il n'est pas prêt d'oublier.
Ils ont tout retourné, chaque placard, chaque tiroir. Ça devait durer jusqu'à 6 heures du matin, finalement ça s'est arrêté sur le coup de 3 heures.
ZOOM Etat d'urgence - BOB 1 ok
40 sec
Aucun motif officiel ne lui a été donné. Samir a contacté la préfecture pour en savoir plus, sans réponse pour le moment.
Des organisations de solidarité islamique dans le collimateur
Parce qu’elles drainent des financements parfois importants et que le secteur est en plein essor, certaines organisations caritatives islamiques seraient effectivement observées avec attention. Pourtant, répète Samir, « imaginer que ces fonds pourraient bénéficier au terrorisme relève du pur fantasme ». La ligue des Droits de l'homme de son côté n'hésite plus à questionner les méthodes utilisées dans le cadre de l'état d'urgence. L'avocat Michel Tubiana , président d'honneur de la LDH interpelle directement le ministre de l'intérieur à ce sujet :
Le ministre de l'Intérieur agit probablement sur la base des fiches S, ce qui ne laisse pas de nous inquiéter. Ces fiches sont renseignées uniquement par les services de police. Mal renseignées, à partir de présupposés qui relèvent plus de l'idéologie que d'une réelle analyse du terrorisme
ZOOM Etat d'urgence - BOB 2 ok
32 sec
A cela s'ajoute la recrudescence des assignations à résidence suite à des dénonciations qui inquiète la LDH. Des actions qui sont malheureusement inévitables, explique-t-on côté police. Denis Jacob est le secrétaire général du nouveau syndicat de police Alternative CFDT .
On ratisse large parce qu'il vaut mieux éviter de passer à côté d'un élément aussi petit soit il pour identifier les terroristes
ZOOM Etat d'urgence - BOB 3 ok
26 sec
L’état d’urgence a tout de même conduit à la fermeture de trois mosquées et la saisie de plus de 300 armes martèle le gouvernement, qui malgré les critiques n'écarte plus l'idée de prolonger les mesures d'exceptions au-delà des 3 mois actuellement en cours.
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