Les Paradise Papers mettent en lumière la participation du célèbre designer français à une société domiciliée aux Iles Caïmans lors de la construction du Faena hôtel de Buenos-Aires.
Philippe Stark, c’est le designer français le plus célèbre au monde . On lui doit la flamme des jeux Olympiques d’Albertville, le yacht de Steeve Jobs, la Free box révolution, de nombreux hôtels, y compris le design des pâtes Panzani, et même la conception d'une marina aux Baléares...
ILLUST : film de présentation "Port Adriano Majorca, designed by Starck"
En 1997, une rencontre déterminante a lieu dans son bureau parisien.
Il voit débarquer un promoteur argentin d’hôtels de luxe : Alan Faena… L’homme est vêtu d’un poncho blanc, il porte des bottes de gaucho et un grand chapeau. Le charme opère. Il propose à Starck de s’associer avec lui pour construire des hôtels de luxe en Amérique Latine, à Buenos Aires et à Rio de Janeiro, pour commencer…
Un marché porteur
A l’époque, l’hôtellerie de luxe est en plein boum. "Le nouveau marché qui émerge au début des années 2000 est notamment lié aux nouveaux riches, dans les pays du BRIC, Brésil, Russie, Inde et Chine, explique Alain Jacob_,_ président d’AJ Conseil_. Ces gens ont l’intention de se déplacer dans des établissements de grand luxe. Et les schémas financiers montrent que ces investissements sont sûrs"._
Cosmic Carrot
Pour développer ces projets et en gérer les revenus, les deux hommes s’associent au groupe américain RedBadge. Ils créent ensuite une société baptisée Cosmic Carrot qu’ils vont domicilier aux Iles Caïmans.
Ces îles attirent alors toutes sortes de capitaux plus ou moins recommandables. "C’est un paradis bancaire et judicaire, explique Eric Vernier, docteur en finance et spécialiste des paradis fiscaux. Il y a un secret quasi absolu. La plupart des comptes sont anonymes. On ne s’interroge pas trop sur l’origine des fonds. On sait par ailleurs que lorsqu’il y a eu la crise argentine en 2000, la moitié des capitaux sont sortis immédiatement du pays, et notamment les capitaux des argentins les plus fortunés".
L’aventure durera 5 ans. Puis pour une raison obscure, en 2004, Starck se brouille avec ses associés. Il démissionne de ses fonctions d’administrateur de Cosmic Carrot. Puis, deux ans plus tard, après d’âpres négociations, il revend ses actions à Alan Faena.
La faute des autres…
Philippe Starck n’a pas souhaité commenter cet épisode offshore à notre micro. En revanche, son avocat, Philippe Ouakrat, nous a écrit un mail dans lequel il confirme nos informations, tout en y apportant quelques précisions :
"Le choix d’une localisation aux îles Caïman a été fait par les partenaires non français de Cosmic Carrot car le très ambitieux projet de Buenos Aires ne pouvait trouver de moyens de financement en Argentine, assure-t-il_. Il était impossible de financer directement au plan international des investissements en Argentine, compte tenu du risque lié au péso argentin avec la crise de 2001-2002. Enfin, les Caïman étaient - et continuent de constituer - une localisation classique pour les entreprises américaines, à l’instar d’Apple ou de Microsoft, qui souhaitent procéder à des investissements en zone sud-américaines"._
Philippe Ouakrat assure par ailleurs que Philippe Starck a intégré tous les revenus issus de Cosmic Carrot aux comptes de sa société UBIK France… Sans que cela donne lieu, précise-t-il, à "contestation ou à redressement"…