

La Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) affirme que les actes racistes ont baissé en 2016. Pourtant, les Roms restent la population la plus rejetée.
La hiérarchie des rejets demeure stable : les juifs, les noirs et les Asiatiques restent les minorités les mieux acceptées, les musulmans les moins acceptés, à l’exception des Rom et des gens du voyage, population de très loin la plus rejetés et décriée par les français
A Marseille, plusieurs affaires ces dernières années ont illustré ce racisme anti-Rom. La dernière remonte à novembre 2016 avec l’incendie d’un campement. Et la plus spectaculaire à septembre 2012, quand des riverains avait sciemment incendié, déjà un campement, aux yeux et au vu de tous, sans soulever la moindre réaction.

Illustration de ce racisme bête et ordinaire avec Yoann qui vit avec une douzaine de famille rom dans un squat : un voisin est venu à deux reprises renverser un conteneur à poubelle devant l’entrée, pour montrer que les roms infectent le quartier ou qu’ils sont sales. La saleté, c’est d’ailleurs le reproche qu’ils entendent le plus souvent, comme Répi,12 ans, qui subit les moqueries de ses camarades d’école : "Les enfants, des fois, disent que je suis sale" dit l’enfant qui le reconnait, il ne peut pas prendre une douche tous les jours. Le problème de cette population rom, c’est d’abord son extrême pauvreté, mais aussi la difficulté à s’intégrer qui en découle, parce qu’ils sont en permanence rejetés à la rue, et vont de campement en campement, de squat en squat.
Les enfants, premiers stigmatisés
La problématique des enfants, en particulier, illustre bien une dérive de notre société . Jane Bouvier, fondatrice de "l'École au présent" se bat au quotidien contre l’administration pour imposer leur scolarisation :
La situation des Roms n’intéresse personne, au contraire, je pense que leur situation est instrumentalisée : les pauvres, les migrants sont responsables de toutes vos difficultés. Et il faut savoir qu’une expulsion équivaut à six mois de déscolarisation
Le premier combat est donc d’empêcher les expulsions encore et toujours, car, comme le reconnait Jean-Francois Bien Aimé, le directeur de l’école Kalliste qui accueille quinze enfants rom, aucune procédure administrative n’est en place pour veiller à la scolarisation des enfants quand ils se retrouvent dans la rue :
Les familles ne connaissent pas le fonctionnement de ces systèmes et l’éducation nationale ne va pas les chercher dans la rue. Seules les associations s’en occupent
Le constat des enseignants : quand ils sont scolarisés, ces enfants s’intègrent vite. Raphaelle Frilière, responsable de l’unité pédagogique spécialisée dans l’apprentissage du français :
Ce sont aujourd’hui des enfants lecteurs, qui n’avaient jamais été scolarisés auparavant, ni en France, ni dans leur pays d’origine. Aujourd’hui ils parlent français, lisent caculent. Pour moi, ce sont des références pour les autres, des exemples à suivre
Des paroles de profs à l’opposé du racisme et du rejet constaté ailleurs. Malgré tout, à Marseille des expulsions de squat sont déjà programmées le 10 avril prochain, sans que cela ne règle absolument rien : la population Rom est stable ici depuis 20 ans, et représente 0,1% des Marseillais. Population qui déménage au gré des décisions de la Préfecture, mais qui ne quitte pas la ville. Loin de résoudre la question, cette politique ne fait que marginaliser une nouvelle génération, qui ne demande pourtant qu’à s’intégrer.
Des chiffres du rapport CNCDH
Les actes antisémites baissent depuis 2014, avec un net recul de 58,5 % en 2016 par rapport à l’année 2015, pour un total de 335 actes (contre 808 en 2015). Les actes anti-musulmans enregistrent une baisse de 57,6 % en 2016 par rapport à 2015 (429 actes), évolution qui doit être mise en perspective avec le niveau particulièrement élevé d’actes recensés en 2015.
Les autres faits, c’est-à-dire ni antisémites ni anti-musulmans, recensés dans la catégorie générique d’ "actes racistes", enregistrent une baisse de 23,7 %, pour atteindre un total de 608 en 2016 (contre 797 en 2015).
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