Sprint final pour l'EPR de Flamanville

A l'entrée du chantier de Flamanville 3, 3000 ouvriers et ingénieurs travaillent chaque jour pour livrer le premier réacteur nucléaire EPR à la fin juin 2023
A l'entrée du chantier de Flamanville 3, 3000 ouvriers et ingénieurs travaillent chaque jour pour livrer le premier réacteur nucléaire EPR à la fin juin 2023 ©Radio France - Delphine SIMON/Radio France
A l'entrée du chantier de Flamanville 3, 3000 ouvriers et ingénieurs travaillent chaque jour pour livrer le premier réacteur nucléaire EPR à la fin juin 2023 ©Radio France - Delphine SIMON/Radio France
A l'entrée du chantier de Flamanville 3, 3000 ouvriers et ingénieurs travaillent chaque jour pour livrer le premier réacteur nucléaire EPR à la fin juin 2023 ©Radio France - Delphine SIMON/Radio France
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EDF voit le bout du chantier de l’EPR de Flamanville. Avec plus de dix ans de retard, l’entreprise promet de livrer sa nouvelle centrale d'ici à un an. Visite au cœur du réacteur.

Le chantier de l’EPR de Flamanville a viré au cauchemar, accumulant les années de retards et les problèmes notamment de soudure. EDF annonce aujourd'hui une date de livraison, qui – l’entreprise le promet - ne bougera plus : dans un an. Il faut en effet, pour le géant de l'électricité, rétablir la crédibilité du réacteur, dans la mesure où Emmanuel Macron a promis la construction de 6 nouveaux EPR d'ici 2035.

3.000 ouvriers et ingénieurs encore sur site

En haut de la falaise de Flamanville, quelques bâtiments Algeco. Vu de l’extérieur, le chantier semble terminé. Pourtant sur le parking, le ballet des camions est continu. 3.000 ouvriers et ingénieurs travaillent encore sur place. "Le combustible est arrivé sur le site l'année dernière, et il est stocké dans le 'bâtiment combustible'.  C'est une piscine sécurisée et surveillé 24h/24 par l'exploitant de manière à s'assurer qu'il soit prêt pour la mise dans la cuve au 2ème trimestre 2023", explique Alain Morvan, directeur du projet Flamanville 3.

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Avant de charger le combustible nucléaire dans l'EPR, il faut régler le problème des soudures, mal faites et mal contrôlées par l’industriel français Framatome. Les réparer, mobilisent 800 personnes dont des soudeurs venus des États-Unis ou du reste de l'Europe. EDF fait appel à un groupe américain, Westinghouse. Dans le bâtiment réacteur, l'un de ses employés roumains pilote les opérations sur un écran d'ordinateur : "Nous sommes en train d'aplanir les soudures à l'extérieur des principaux tuyaux de vapeur qui sortent de générateurs. C'est un processus automatisé, sur écran et sur ordinateur. On a l'habitude".

Ressouder des tuyauteries inaccessibles grâce à des robots

Il faut ressouder de l’intérieur des tuyauteries inaccessibles désormais derrière les murs d’enceinte du réacteur. Ce sont donc des robots qui s'en chargent, explique le directeur du projet Alain Morvan : "Vous avez un robot qui se glisse à l'intérieur de la tuyauterie, et qui vient souder par l'intérieur. Nous avons un ensemble de 122 soudures à remettre à niveau et actuellement nous en avons réalisé 59%, autant dire que le chantier est bien avancé."

Des ouvriers de Westinghouse contrôlent par ultra son les soudures qu'EDF doit réparer afin d'obtenir le feu vert de l'ASN pour la mise en service de l'EPR
Des ouvriers de Westinghouse contrôlent par ultra son les soudures qu'EDF doit réparer afin d'obtenir le feu vert de l'ASN pour la mise en service de l'EPR
© Radio France - Delphine SIMON

Autre défi d’ici 12 mois, tirer les leçons des anomalies qui ont contraint à l’arrêt l’EPR chinois de Taishan. Une solution a été trouvée, selon Xavier Ursat, directeur général chargé du Nouveau nucléaire chez EDF. Il se montre confiant sur le dernier calendrier avancé par EDF, même si, il le reconnait, "les marges sont faibles". Conscient aussi qu'il s'agit d'une question de crédibilité, vues les attentes très fortes du gouvernement, qui veut construire 14 EPR. "Le calendrier sera tenu. Dès l'autorisation de l'Autorité de sûreté nucléaire, nous tenons à démarrer Flamanville 3", déclare Xavier Ursat.

Objectif : fournir en électricité une ville grande comme Paris

À pleine puissance, l’EPR pourra fournir la population d'une ville grande comme Paris. L'objectif est désormais de charger le combustible au deuxième trimestre 2023. Les premières réactions nucléaires sont attendues deux mois plus tard, avec ensuite une montée en puissance progressive. Le réacteur sera couplé au réseau et y enverra ses premiers électrons lorsqu'il aura atteint 25% de puissance, normalement avant la fin 2023. Au bout d'un an, en 2025, l'EPR sera mis à l'arrêt quelques mois, le temps d'un premier check-up habituel sur les nouveaux réacteurs, ce sera l'occasion de changer le couvercle de la cuve du réacteur, entaché lui aussi de malfaçons.