Si Cannes et son 75ème festival qui s’ouvre demain est la devanture du cinéma, Vilnius en est l’antichambre. La capitale lituanienne attire des producteurs du monde entier : 16 films ou séries ont été tournées l’année dernière dans le pays dont les trois quart viennent de l'étranger.
- Thibault Lefèvre Reporter
Des portes qui claquent, le bruit des clefs qui résonnent, des cellules minuscules, vétustes, aux murs jaunes pâles, restées dans leur jus. Avant de devenir un des principaux lieux de tournage de films et de séries en Lituanie, le centre pénitentiaire de Lukiskes a été utilisé par l’empire russe, les nazis et les soviétiques, l’ancien chanteur de Noir Désir, Bertrand Cantat, y est restés six mois, entre mars et août 2004. La prison n’accueille plus de détenus depuis trois ans, elle est désormais exploitée par une entreprise privée qui organise donc des visites et loue le lieu à des sociétés de production. Monika est guide. Elle anime un tour sur le thème du cinéma :
Actuellement, dans un des secteurs de la prison, dans le premier secteur pour être précis, il y des spots de lumières, des cameramen, des maquilleuses, qui travaillent et vont partout. Ils films une série télévisée. C’est tout ce que nous savons. La plupart de ces informations doivent rester confidentielles. "Guerre et paix" ou encore "Tchernobyl", pour les productions les plus connues et les plus récentes ont été tournées à Vilnius ou en Lituanie. Beaucoup d’équipes travaillent ici.
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Et parmi ces équipes, des créateurs de costumes, en pleine séance d’habillage. Avec des couturières et des figurants entourés de casques de cosmonautes, de combinaisons en plastiques jaune, des gilets pare-balle, des masques à gaz mais aussi des hauts de forme et des foulards aux couleurs chatoyantes. 5 000 pièces réparties dans plusieurs espaces. Flore Vauviller est française, elle dirige une vingtaine de personne sur le tournage de « La Forteresse », une série futuriste norvégienne qui doit sortir l’année prochaine. Elle travaille depuis une dizaine d’années à Vilnius :
Il y a eu une explosion totale du business en Lituanie. Il y a énormément de tournages, des grandes choses come Stranger Things qui se fait ici, des gros gros projets. Les équipes marchent extrêmement bien, ils sont super pros et rapides. On peut tourner où on veut, quand on veut. On a les autorisations très rapidement. J'ai des équipes de couturières lituaniennes, j'achète des tissus lituaniens. Donc, ça fait marcher toute une économie. J'ai jamais vu des équipes travailler aussi bien et aussi vite.
Comme Rutha Latchayta, une cheffe de projet qu’elle considère comme son bras droit. Il est 22h environ et Rutha n’a pas encore terminé sa journée de travail et c'est peut-être la fatigue qui la rend caustique :
On est moins cher, c’est pour ça qu’ils viennent ici… C’est la magie du cinéma. Une journée, c’est 13 ou 14h de travail. Un chef de projet norvégien peut toucher 500 ou 600 euros par jour. Ici, c’est 150 euros. Ce n’est quand même pas comme les Chinois, la qualité est meilleure.
Et puis le gouvernement a mis en place, il y a 8 ans, un système de déduction d’impôt pour les entreprises qui investiraient avec une ou plusieurs sociétés locales, un abattement de 30% qui attirent les productions étrangères et créent de l’emploi. 2 000 Lituaniens travaillent aujourd’hui dans le cinéma et c’est insuffisant pour répondre à une demande exponentielle.
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