Les yeux de la mer : le robot Bathybot va plonger dans l'obscurité des abysses méditerranéennes

Le rover Bathybot va plonger au fond de la mer Méditerrannée
Le rover Bathybot va plonger au fond de la mer Méditerrannée - Compte Twitter @bathybot
Le rover Bathybot va plonger au fond de la mer Méditerrannée - Compte Twitter @bathybot
Le rover Bathybot va plonger au fond de la mer Méditerrannée - Compte Twitter @bathybot
Publicité

Un petit robot nommé Bathybot va plonger à plus de 2,5 kilomètres au fond de la Méditerranée, là où plus aucune lumière ne pénètre. Sa mission : inventorier les organismes des abysses, et révéler les mystères de la bioluminescence.

Bathybot est un petit rover jaune et blanc à chenillettes. Il se balance au bout d'une grue, avant de plonger dans un bassin d'eau claire, où ont lieu les dernières vérifications d'étanchéité et de connectivité. Jusqu'à présent, l'exploration des océans s'est faite par des plongées ou des campagnes de courte durée, et souvent, là où passe la lumière. Avec Bathybot, ce sera tout le contraire : le robot sera installé à demeure pendant des années. Posé sur le sable à 2400 mètres de profondeur, cet observatoire va tenter de faire connaissance avec les habitants des abysses.

"A 180 mètres de profondeur en Méditerrannée, on commence déjà à être dans une obscurité quasi totale, et à 1000 mètres, on est dans le noir complet", explique Christian Tamburini, chercheur au CNRS à l'Institut méditerranéen d'océanologie. "La zone crépusculaire, c'est la zone où l'on comprend mal ce qu'il se passe. Il y a beaucoup de vie, de plancton, on en connait très peu, et on connait peu les interactions avec la surface", dit-il.

Publicité

Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Bathybot est équipé de caméras, mais aussi d'autres capteurs : "Il y a des capteurs environnementaux, notamment un profileur de courant qui va permettre de mesurer la colonne d'eau. On aura l'image du courant sur 60 m au dessus de l'eau, tous les mètres", dit Carl Gojak, ingénieur de recherche du CNRS. "On a aussi un système qui permet d'observer le plancton, de le détecter, de compter quels types d'espèces il y a, et de renvoyer tout cela à terre" : la température, la conductivité de l'eau, la profondeur ou la pression peuvent aussi être calculés par le robot.

Avec, en plus, un sismomètre et un radiomètre pour mesurer la radioactivité, il faut alimenter le robot en énergie et lui permettre de transmettre ses données. La chance du programme, c'est qu'il y a déjà, au même endroit sous l'eau un réseau de câbles sous marins : Ils ont été installés il y a plus de 10 ans par des astrophysiciens qui traquent des particules venues de l'espace : les neutrinos. C'est sur ce réseau que sera raccordé Bathybot, avec sa propre "boite de jonction", à la fois multiprise et box internet.

Le sous-marin Nautile fera les branchements la semaine prochaine, une opération aussi délicate que pour un robot sur mars. Pour élargir son champ d'exploration, le robot va pouvoir prendre de la hauteur en montant sur un récif de béton. Un récif artificiel réalisé en impression 3D qui doit permettre à des formes de vie de s'installer, comme elles l'ont fait sur l'épave du Titanic : "La biodiversité peut s'accrocher dessus, c'est un minéral", explique Olivier Taquet, architecte du Lab Rougerie et Tangram, spécialiste des habitats sous-marins. "Le fait que ce soit très ajouré, c'est vraiment pour offrir un maximum de surface pour le développement de la biodiversité. Plus on a de rugosité, plus on a de niches pour que les espèces puissent se développer", ajoute-t-il.

75% de ces espèces produisent de la lumière : c'est la bioluminescence, un phénomène qui fascine les chercheurs. À quoi servent ces flashes qui font scintiller l'eau ? À attirer les proies, éloigner les prédateurs ? Pourquoi lors des hivers froids, les courants venus de la surface agissent-ils comme un interrupteur ? Christian Tamburini n'a pour l'instant que des hypothèses : "Il y a des organismes qui, comme les crevettes, vont libérer des flashes lumineux, du coup le prédateur va aller vers ce flash lumineux et la crevette va pouvoir s'enfuir. Ce qu'on veut voir avec Bathybot, c'est l'utiliser pour voir ces organismes et les identifier", explique-t-il.