

Malgré les chutes de neige ce week-end, les remontées mécaniques restent à l'arrêt dans de nombreuses stations de moyenne montagne. Pour certaines, c'est un déclic salutaire : il faut s'adapter et repenser l'activité économique. Ce que fait la station de Métabief, plus grand domaine skiable du Jura.
Au pied des pistes de Métabief, on croise un groupe de cyclistes à VTT. Une quinzaine de sportifs sur les pentes de la station de ski, activité improbable pour un mois de janvier. A quelques pas de là, sur le tableau d'affichage du domaine skiable, toutes les pistes sont marquées de rouge. Fermées depuis plusieurs jours, faute de neige. "Ah ben c'est sûr que là, on voit plus de vert que de blanc" décrit Olivier Erard, directeur du Syndicat mixte du Mont d'Or (SMMO) conscient que cette situation sera de moins en moins exceptionnelle.
Renoncer à remplacer les remontées mécaniques
Pour penser les investissements du futur, le Syndicat se base sur les résultats d'une étude commandée en 2019 et qui prévoit que d'ici 2040 l'exploitation du domaine de ski alpin ne sera plus rentable. "Si on utilisait la stratégie habituelle des domaines skiables, il fallait investir 15 millions d'euros pour renouveler les remontées" détaille Olivier Erard, "on s'est donc posé la question de savoir si nous avions au moins 20 ans pour amortir. Et très vite on s'est rendu compte qu'à l'horizon 2023-2024 la viabilité du ski était incertaine".
Les remontées mécaniques existantes sont donc entretenues mais pas remplacées, pour servir encore 15 ou 20 ans. Et l'argent généré par le ski alpin est utilisé pour développer d'autres activités, comme une luge sur rails capable de fonctionner en toutes saisons, ou des pistes de VTT.
Les salariés de la station suivent également des formations, pour garantir leur polyvalence. Et depuis un an une chargée de projet a été recrutée pour penser et organiser, progressivement la transition vers la fin du ski alpin.
Loueur de ski, mais aussi de VTT
S'adapter c'est aussi un défi pour les loueurs de skis. Ils sont désormais plusieurs à proposer aussi des vélos ou des chaussures de trail. Comme chez Gliss'Sport, boutique mais aussi café et restaurant : "Nous sommes obligés d'aller chercher des sports différents" explique le patron qui a repris le magasin il y a trois ans. "Depuis Noël, en plus de faire un peu de location de ski pour les enfants, nous avons remonté des VTT électriques pour permettre aux gens d'avoir une autre actvité et leur donner envie de revenir hors saison".
Mais rien ne compensera le ski, qui rapporte ici 4 millions d'euros de chiffres d'affaires l'hiver. Alors que le tourisme estival se chiffre à 600.000 euros.
Pour la commune, il faut donc mettre à profit les quelques années de neige à venir. "On maintient l'hiver car c'est indispensable. On aura encore de quoi skier à Métabief pendant plusieurs années. Et cette saison, plus rentable, doit nous permettre d'investir sur l'été" défend le maire, Gérard Dèque.
Changer les mentalités des clients
Dans le seul hôtel de Métabief, l'Etoile des Neiges, le patron a aussi investi. Et fait construire une piscine, un sauna et installer un jacuzzi, appréciés par les clients quand la neige manque. Mais "les stations ouvertes à Noël on fait le plein, on a vu la foule sur les remontées mécaniques qui étaient ouvertes" raconte Fabien Rousselet, "il va falloir que les gens se disent que la montagne est belle même sans neige. Mais c'est un vrai changement de mentalités pour faire comprendre ça à la clientèle".
Et en attendant ce changement, les professionnels du secteur espèrent tous pouvoir encore profiter de quelques belles saisons enneigées.