Ces Français qui ne font plus confiance aux institutions : épisode • 17 du podcast Le Feuilleton de la France

Paméla fait partie du collectif Alliance du peuple
Paméla fait partie du collectif Alliance du peuple ©Radio France - Delphine Evenou
Paméla fait partie du collectif Alliance du peuple ©Radio France - Delphine Evenou
Paméla fait partie du collectif Alliance du peuple ©Radio France - Delphine Evenou
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Le feuilleton de la France, épisode 17 - Chaque mois, pendant toute une semaine, jusqu’à l’élection présidentielle, nous allons sur le terrain écouter les Françaises et les Français parler de ce qui à leur yeux, mérite débat. Aujourd'hui, la défiance envers les institutions, en Ille-et-Vilaine.

Une jolie maison, située dans une commune bretonne à quelques dizaines de kilomètres de Rennes. Le café finit à peine de couler. Sous la véranda, installés dans de confortables canapés, la discussion est déjà animée entre trois amis, trois copains qui se sont rencontrés sur un rond-point de gilets jaunes il y a trois ans. Ici, on ne mâche pas ses mots.

Ordinateur portable ouvert, Paméla montre une vidéo qu'elle est en train de préparer, destinée à lancer un appel aux citoyens, pour qu'ils fassent entendre leur voix aux élections. Sa production est destinée à un site internet alternatif. "Je fais partie d'un collectif qui s'appelle Alliance du Peuple", explique Paméla. "Ça a pour but de rassembler tous les citoyens qui veulent changer les choses. Et donc, on a notamment mis en place une télé sur internet". Pour elle, c'est une manière de contrer les médias qualifiés de "mainstream".

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"Information manipulée"

"Moi, j'ai plus de télé depuis six ans. C'était pour moi anxiogène, les chaînes d'information en continu. J'utilise beaucoup Internet et les réseaux sociaux et là, je suis beaucoup sur Telegram, où il n'y a pas de censure" détaille la quadragénaire au visage rond et souriant. Son amie Maryline va plus loin : "Moi, je ne m'informe que par internet, je n'ai jamais eu la télé. Je pars du principe qu'aujourd'hui, l'information est manipulée. En tant que gilets jaunes, on a tous commencé à s'informer différemment". "Oui, le nombre de manifestants était complètement biaisé, approuve Paméla, et alors qu'on était pacifiques, ils ne montraient que des images de violence". Maryline conclut : "Aujourd'hui, vous êtes l'organe de propagande de la France, enfin du gouvernement français attention, pas des Français ! Est ce que c'est vous qui êtes manipulés par le système de communication de l'Etat ? En tout cas, vous êtes de bons petits soldats."

Parmi les griefs listés par les trois amis, l'absence de "réelle investigation", les conflits d'intérêt, la "course au buzz", la "déconnexion avec le réel", et "l'absence de mise en perspective", décrit Nicolas : "Je prends l'exemple des masques. On nous dit une fois "c'est inutile", et le lendemain, c'est devenu "on se prend une amende si on ne le met pas". Donc on ne met pas en perspective une parole gouvernementale qui nous dit un truc et son contraire et les médias nous vendent ça sans sens critique".

L'impact de la crise du Covid

La crise du Covid a démultiplié ce sentiment de défiance. Alors, les groupes WhatsApp, Facebook, Telegram ont explosé pour relayer notamment la parole de scientifiques comme Didier Raoult ou Christian Peronne, mis au ban par leurs pairs. Absurde, s'agace Maryline : "Comment est-ce qu'aujourd'hui, on ose discréditer des gens, sachant que la science est justement basée sur le dissensus? Comment on peut faire avancer la science si tout le monde est d'accord?". "Le mot science n'est pas magique en soi, poursuit Nicolas. Ce sont des humains derrière. Il y a des conflits d'intérêts aussi".

Et la gestion politique de la pandémie est venue creuser un peu plus le fossé. "Sur le fait qu'on ait eu un conseil de défense sanitaire, c'est top secret. Pourquoi c'est top secret ? Ça, ça questionne aussi" explique Nicolas. "Et certaines personnes du conseil de défense n'ont pas été élues par nous, et ils ont dirigé ! Ils ont décidé pour 67 millions de personnes!" ajoute Paméla.

"Ça fait longtemps que je m'assume complètement complotiste"

Même si tous ne sont pas anti-vaccin, ils sont conscients qu'on leur appose volontiers l'étiquette de complotiste. "Alors ça c'est hyper intéressant !, sourit Maryline. Ça fait longtemps que je m'assume complètement complotiste. Aujourd'hui, en fait, celui qui va plus loin que commenter ce qu'on lui met devant les yeux, qui n'est même pas le réel et qualifié de complotiste parce qu'il essaye de comprendre la cohérence et la logique du système qui va le faire amener à une pensée construite". Paméla est tout à fait d'accord : "On est considéré comme complotiste quand on est en opposition au système." "Pour rebondir, termine Nicolas, en 2020, se poser la question - juste le fait de se poser la question, du fait est ce que le virus serait sorti du labo P4 de Wuhan, c'était être complotiste!".

Alors en qui avoir confiance aujourd'hui ? "Le peuple !, répond Paméla, c'est tout ce que je peux vous répondre, parce que je ne crois plus tout dans tout le système. Pour moi, tous les systèmes sont corrompus, à tous les niveaux. Tout est à refaire".

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