Ils sont officiellement 1,2 millions de Syriens à avoir trouvé refuge dans le pays du Cèdre. Soit un quart de la population libanaise. Ces réfugiés vivent dans des conditions de plus en plus précaires. Les organisations humanitaires essaient d'aider les plus fragiles, notamment les blessés de guerre. Yann Gallic a suivi les équipes de Handicap International dans la plaine de la Bekaa.
Nous sommes à une vingtaine de kilomètres de la frontière syrienne. Ici, le paysage est parsemé de petits bidonvilles le long des routes, au milieu des champs. Les réfugiés, fuyant la guerre, se sont installés dans des campements improvisés.
Amal habite dans l'un de ces nombreux abris de fortune avec son mari et ses quatre enfants en bas âge
Allongée sur un matelas posé à même le sol, cette jeune femme de 26 ans est aujourd'hui paraplégique. Elle se déplace dans un fauteuil roulant, prêté par Handicap International.
Un kinésithérapeute de l'ONG vient régulièrement chez elle pour des séances de rééducation. Amal a été gravement blessée dans un bombardement en Syrie.
Elle s'en souvient dans les moindres détails. C'était le 27 octobre 2012.
Amal :
Je n'étais pas chez moi ce jour-là. J'étais en visite chez des amis qui habitent à Homs. Des avions ont bombardé le quartier. Le mur de la maison s'est écroulé sur moi. J'avais des éclats d'obus dans les pieds. Après cette blessure, j'ai eu très peur, j'ai compris qu'il fallait partir. Alors, je me suis enfuie au Liban avec mon mari et mes enfants.
J'ai besoin de soins, deux fois par semaine, car j'ai des escarres. Il faut nettoyer les plaies et changer les pansements. Je dois payer à chaque fois que je vais au centre de santé ou à l'hôpital. Mais quand je n'ai pas d'argent, je ne peux pas me faire soigner et j'ai des inflammations. Il m'arrive parfois d'être découragée. C'est dur pour moi physiquement. Et ici, les conditions de vie sont très difficiles.
Malgré tout, Amal espère pouvoir remarcher un jour.
Arrivée au Liban en 2013, Amal est enregistrée comme réfugiée auprès des Nations-Unies
Mais la famille a dû se débrouiller seule pour trouver un logement. Fahed, le père de famille, n'a pas eu d'autre choix que de fabriquer une petite cabane en bois, recouverte de bâches en plastique.
Fahed :
J'ai construit cet abri petit à petit. Dès que j'en avais les moyens, j'achetais du matériel de construction. En tout, ça m'a coûté plus de 1 000 euros. Pour des gens pauvres comme nous, c'est très cher ! On s'est endettés, c'est un libanais qui nous a prêté de l'argent. Nous l'avons rencontré ici dans le camp. On paie 90 euros par mois pour le terrain, l'eau et l'électricité.
Les Nations-Unies nous fournissent une aide alimentaire tous les mois. Depuis quelques semaines, nous recevons aussi de l'argent liquide de la part d'une ONG qui aide les réfugiés. Au total, on touche environ 200 euros par mois. Ce n'est pas suffisant pour vivre ici avec toute la famille mais il faut faire avec.
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Aujourd'hui, Amal et Fahed n'ont qu'un seul espoir : celui de rejoindre l'Europe. Car le Liban ressemble de plus en plus à une impasse pour de nombreux exilés syriens qui survivent uniquement grâce à l'aide humanitaire. Mais les financements de cette aide internationale sont en baisse alors que les conditions de vie des réfugiés continuent de se dégrader.
Au Liban, 70% des réfugiés syriens vivent avec moins de trois euros par jour
Cet été, les Nations-Unies ont réduit l'aide alimentaire versée aux réfugiés. Une aide qui a divisé par deux depuis l'an passé. Faute de financements suffisants, les organisations humanitaires sont obligées de renoncer à certaines missions.
Julien Dupuy est le responsable de Handicap International au Liban.
On va devoir arrêter dès fin septembre le soutien psycho-social qu’on proposait à ceux qui en avaient besoin, par défaut de financement. Les besoins de ces réfugiés ne sont pas moins importants qu’au début de la crise et leur situation ne s’est pas améliorée. Le Liban a besoin d’aide, 25% de la population est composée de réfugiés. Cela pèse de manière très forte sur les infrastructures du pays qui n’était pas prêt à accueillir toute cette population.
Ce samedi 26 septembre, Handicap International organise à Paris et dans une vingtaine de villes en France sa traditionnelle "pyramide de chaussures". Cette année, Handicap International appelle à la mobilisation pour soutenir les victimes de guerre, blessées par des bombardements ou des armes explosives, notamment en Syrie.
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