Emmanuel Macron traversera la semaine prochaine 11 départements de l’Alsace au Nord-Pas-de-Calais pour y commémorer les 100 ans de l’armistice, rendre hommage aux poilus de 14-18, et tenter de renouer avec le monde rural. Reportage dans ces villages fortement marqués par l'Histoire et la pauvreté.
Dans ces villages d’un millier d’âmes où aucun chef d’État n’est jamais venu, près d’un quart des habitants vivent sous le seuil de pauvreté.
Maxence Lambrecq vient d’arpenter trois villages de l’Aisne (La Flamengrie, Rozoy-sur-Serre) et du Nord (Sars-Poteries).
À La Flamengrie le premier cessez-le-feu a retentit le 7 novembre 1918. Aujourd’hui, on y refait les trottoirs en attendant le Président, alors que le village se meurt et que le chômage mine la vie des familles.
Au bord des Ardennes, à Rozoy-sur-Serre, un habitant dit : "Nous, c’est pas le village qui est en difficulté, c’est le département complet, vous avez les statistiques, plus pauvre département de France d’après ce qui se dit."
À Rozoy-sus-Serre, certains se sentent éloignés de tout, car le village est à 70 km de la gare TGV de Reims, et à 45 km de l'autoroute de Laon. Une maison de santé vient d’ouvrir à proximité et Olivier, avant de partir faire une tournée de 5 ou 6 heures, relativise : "Nous, ça va on a un centre bourg avec des commerces, mais à côté, il y a des villages où il n’y a absolument plus rien. En plus de mon commerce fixe, j’ai mon camion ambulant."
À la station-service, un consultant a un message pour le président de la République : "Si on prend le prix du gasoil, moi qui fais 4 500 à 5 000 km par mois, vous imaginez un peu l’impact que cela a sur mon activité. Maintenant on vient nous expliquer qu’il faut faire un effort pour le climat, nous on veut bien, mais le soucis, ici c’est comment on se déplace ? Ici, en ruralité, comment on fait ?"
Le prix du diesel revient quasiment dans toutes les conversations.
Extrême-droite et abstention
Dans ces villages, Marine Le Pen a réuni plus de 60% des voix au second tour de la présidentielle et ça n’étonne personne. "Ici, à Rozoy, il y a beaucoup de social, donc les gens se laissent aller, se laissent vivre, on leur donne toutes les aides possibles et imaginables, et puis vous vous crapahutez toute la journée pour avoir pour vivre ce que eux ont, alors les gens, ils en ont marre."
Dans le village de Sars-Poteries le maire est en place depuis 1989. "Moi ce qui m’attriste c’est l’abstention qui est de plus en plus grande."
Difficile de voir ce qu’Emmanuel Macron peut venir apporter à cette France périphérique.
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