Une nouvelle présence pour la rentrée 2016 dans certains collèges des quartiers classés prioritaires,50 médiateurs intègrent ces établissements.
Focus, ce matin, sur une nouvelle présence, en cette rentrée 2016, dans certains collèges classés réseau éducation prioritaire, où les difficultés sont les plus importantes. 50 médiateurs intègrent ces établissements, pour déminer toutes sortes de conflits et donc apaiser un climat scolaire parfois tendu, C'est l'aboutissement d'une expérimentation qui a démarré il y a plus de deux ans.
La sonnerie de la récréation, en forme de virgule musicale, vient de retentir au collège Jean Lurçat d'Achères dans les Yvelines. Jenny Armoogum, la médiatrice, arrivée ici mi-2013, balaye méthodiquement la cour du regard, et s'élance à la rencontre des élèves, avec une pointe de tendresse.
Elle explique qu’une élève n’est pas contente parce que pendant le sport une équipe de foot, la sienne, n’a joué qu’une fois. Des petit tracas qui pourraient sembler anecdotiques mais qui ne le sont pas tant que ça. Au fil des mois, cette professionnelle du dialogue, indépendante de l'institution Education national, est passée du règlement de grosses disputes entre collégiens, au déminage de tensions, parfois toutes petites mais qui, quand on a 14 ans, peuvent prendre des proportions énormes.
Jenny Armoogum
Je ne me fâche pas, je ne punis pas, ça crée un champ libre pour l’échange, ils viennent tous seuls, et je vois un changement de comportement. Moins de violences et de bagarres.
Moins de bagarres désormais mais encore pas mal d'insultes gratinées, et des faits de harcèlement. Emma, prise à partie par un groupe de copines, et Roxane, un peu agressive, sont toutes les deux passées par le bureau de Jenny. "Je m’énerve moins qu’avant", explique Roxane.
Le premiers jours avant que ça se règle, je rasais un peu les murs pour pas les croiser, ça a aidé à régler le problème rapidement et même pour la vie personnelle ça m’a permis de régler des problèmes familiaux, dit Emma
Cette médiatrice forme aussi depuis deux ans des collégiens à devenir eux même, médiateurs, ce qu'on appelle la médiation par les pairs. Paco est encore tout jeune, mais il se débrouille très bien pour faire parler ses copains de classes quand ça ne va pas.
Quand il y a une bagarre ils viennent nous voir, ils expliquent ce qui s’est passé, je reformule ce qu’ils ont dit et ils trouvent une solution par eux-mêmes
Le combat de Chiara Chibati, la conseillère principale d'éducation, le décrochage scolaire, elle aussi regarde très attentivement ce nouvel outil.
C’est une action qui devrait être systématisée, on retrouve nous un rapport de confiance. On voit la différence et l’élève est plus sur les apprentissages.
Finalement, c'est toute une équipe éducative qui a, un peu, changé de regard sur les élèves, et celle qui le dit c'est la principale elle-même du collège Marie-Noëlle Ménard.
Ils ont évolué dans la manière même d’écouter les enfants et leurs plaintes.
Ce dispositif a fait l'objet d'une expérimentation ces dernières années. Au collège Jean Lurçat, à Achères dans les Yvelines, le dispositif est expérimenté depuis 2013. La bagarre, les insultes et le harcèlement ont depuis brutalement chuté, selon une étude de Sciences Po.
Laurent Giraud, du réseau associatif France Médiation.
Pour les garçons de 6e on a vu moins 46% de harcèlement. C’est énorme, du jamais vu. Vous permettez aux enfants d’être co-responsables d’une solution négociée et d’avoir de l’empathie pour l’autre. On a vu aussi une amélioration de la relation entre les familles et l’école.
C'est donc bien aussi de citoyenneté dont il est ici question, avec un dispositif pertinent, martèlent ses initiateurs, bien au-delà des établissements prioritaires et des quartiers populaires.
► POUR EN SAVOIR PLUS | LIRE : Une étude de SciencesPo sur les médiateurs en milieu scolaire
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