

Elles ont été pionnières. Elles ont aujourd'hui déserté l'informatique et le numérique. Pourquoi y a-t-il si peu de femmes développeurs, d'ingénieures systèmes ? Alors que le mathématicien-député Cédric Villani s'apprête à remettre son rapport sur l'intelligence artificielle, retour sur une fâcheuse rareté.
Ces jeunes filles sont en 3e. Elles en conviennent : se projeter dans un métier du numérique leur est difficile. La faute aux préjugés.
Elles ignorent tout d' Ada Lovelace, fille du poète Lord Byron, première femme programmeuse informatique de l'histoire, ou d' Hedy Lamarr, actrice de cinéma, mais aussi inventrice du premier système de codage des télécommunications.
Des pionnières dépourvues d'héritières. Après avoir été bien représentées, la part des femmes dans le monde numérique est en forte régression. Leur nombre a été divisé par deux en vingt ans. Les idées reçues ont la vie dure, confirme Hélène Sancerre, directrice de la conduite du changement dans Cisco.
Depuis dix ans, l'entreprise informatique organise chaque année une journée "Connected Girls". Pour donner aux 13-17 ans l'envie de faire des études d'informatique, elle les invite à rencontrer des étudiantes ingénieures, des femmes qui travaillent dans le numérique et proposent des ateliers ludiques.
Indispensable diversité
Avec son parcours numérique, artistique, pédagogique, Clara Devanz, chargée d'enseignement au sein du programme Innov' Avenir, incarne la diversité des profils du secteur. Et la diversité, elle est indispensable, affirme-t-elle.
Il y a un manque de modèle, donc un manque de projection dans le numérique.
Laurence Devillers est roboticienne, chercheuse au CNRS. Elle alerte sur les biais que comporterait une société numérique conçue et bâtie par une majorité masculine.
On crée des machines qui vont interagir dans notre vie quotidienne et qui sont faites par des hommes.
Spécificités féminines
Dans son rapport sur l'intelligence artificielle, Cédric Villani partage cette analyse. D'autant que les femmes, selon des chercheurs en sciences de l'éducation, sont plus enclines aux projets collaboratifs que les hommes.
La mixité n'a qu'une vertu : éviter les biais, enrichir les points du vue. A l'Inria, organisme de recherche en informatique où l'équipe de direction ne comporte que 20 % de femmes, à compétences égales, il semble qu'il ne soit pas aisé de recruter, selon son PDG par intérim François Sillio.
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