On ne passe presque plus entre la Syrie et la Turquie

France Inter
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Ahmoud, soigné par Médecins du Monde, est hémiplégique après un bombardement russe
Ahmoud, soigné par Médecins du Monde, est hémiplégique après un bombardement russe
© Radio France - Mathilde Dehimi

La Turquie et l’Union européenne se réunissent aujourd’hui à Bruxelles pour gérer la crise migratoire. La Turquie accueille à elle seule 2,5 millions de Syriens sur son territoire, une partie d’entre eux tenteront de rentrer en Europe. Bruxelles demande notamment à Ankara de mieux contrôler ses frontières.

Mathilde Dehimi s’est rendue dans le sud de la Turquie, dans la province d’Hatay. Près de la ville turque de Reyhanli, le poste frontière de Bab al Hawa en Syrie est devenu un enjeu stratégique pour tous les acteurs de ce conflit car Alep est à seulement 40 km de là. Contrôler Bab al Hawa s’est faciliter l’entrée d’armes et de combattants. C’est aussi par ce poste que passaient il y a encore quelques temps les djihadistes français.

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Un mur plutôt que des barbelés

Depuis cet été, la Turquie a entrepris de construire un mur de 7km de long pour l’instant, sur les 900 km de frontière commune entre Turquie et Syrie. Dans la région, il est devenu plus difficile de passer clandestinement. Seuls ceux qui ont de la famille autour de cette frontière arrivent à traverser encore par les montagnes.

Près du poste frontière de Bab Al Hawa, 120.000 Syriens dorment dans des tentes dans les camps de Atma et Qah. Ces réfugiés qui ont fui les combats ne peuvent plus passer, seuls quelques-uns qui ont déposé une demande officielle obtiennent une autorisation de rentrer en Turquie.

La Turquie a débuté la construction d'un mur à la frontière syrienne près de Reyhanli
La Turquie a débuté la construction d'un mur à la frontière syrienne près de Reyhanli
© Radio France - Mathilde Dehimi

La frontière est aussi ouverte un peu aux marchandises et surtout aux blessés graves qui ne peuvent être soignés en Syrie. Après leur opération, ils reçoivent des soins à Reyhanli dans une clinique gérée par Médecins du Monde et l’ONG de médecins syriens UOSSM.

Blessés par les bombardements russes

Ces dernières semaines, les blessés qui affluent ont été touchés par des frappes aériennes russes, des raids qui ont fait évoluer les différentes lignes de front où se mêlent sur quelques centaines de km² armée syrienne, opposants, kurdes, djihadistes du Front Al Nosra et de Daesh.

Médecins du Monde vient juste de faire parvenir des médicaments à Alep où l’armée syrienne a repris des positions. Les humanitaires s’inquiètent du bombardement récurrent par le régime syrien et les Russes d’hôpitaux ou de centres de soins notamment dans les villes assiégées d’Alep et d’Idlib. Des frappes ciblées qui ne sont pas une erreur mais relèvent d’une stratégie.

Parmi les réfugiés qui demandent l’asile en Europe, se trouvent de nombreux médecins qui ont fui la guerre et les bombardements. Les ONG pointent déjà des pénuries de soignants dans certaines villes.

Le long de la frontière de Bab al Hawa, personne aujourd’hui ne croit en la pérennité du cessez-le-feu.

Au poste frontière de Bab Al Hawa, les camions passent encore, pas les hommes
Au poste frontière de Bab Al Hawa, les camions passent encore, pas les hommes
© Radio France - Mathilde Dehimi

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