

Une enquête de Benoît Collombat.
- La 9ème fortune de France
Patrick Drahi, c’est le nouveau roi des télécommunications et des médias, c’est aussi la 9ème fortune de France, devant Vincent Bolloré. L’empire Drahi regroupé au sein du groupe Altice, c’est 55 000 salariés, un chiffre d’affaires de 25 milliards d’euros, avec des réseaux câblés et de téléphonie mobile. En France, il s’agit de Numéricable-SFR. L’autre versant de cet empire, c’est la presse. Patrick Drahi possède notamment Libération, L’Express, BFM TV ou RMC.
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- Un homme qui fuit les projecteurs
Patrick Drahi s’est installé en Suisse, non loin de Genève, sur la commune de Cologny, une colline « dorée » où se retrouvent les milliardaires. Le journaliste Luigino Canal, économiste et journaliste fait, depuis 16 ans, la liste des 300 plus grandes fortunes de Suisse pour le magazine Bilan.
Je pense que Patrick Drahi a investi entre 100 et 150 millions d’euros dans l’immobilier sur Genève et Zermatt.
Zermatt, c’est une commune dans le canton du Valais où Patrick Drahi bénéficie d’un statut fiscal très avantageux.
- Un spécialiste de l’optimisation fiscale
Il suffit de se glisser dans les coulisses de son groupe Altice, dont le siège est domicilié à Amsterdam, pour s’en rendre compte. Avec un organigramme financier très « luxembourgeois ». L’économiste Benoît Boussemart a tenté de reconstituer les pièces du puzzle.
Il y a 6 niveaux de holdings entre Altice Luxembourg et Numéricable France.
- L’empire Drahi : un endettement colossal
Patrick Drahi assume parfaitement ses 50 milliards d’euros d’endettement devant les sénateurs, en juin dernier.
Je dors beaucoup plus facilement avec 50 milliards de dettes qu’avec les premiers 50 000 francs français de dette que j’ai contractés en 1991.
Désormais les banques déroulent le tapis rouge à Patrick Drahi, et lui proposent de ne rembourser que les intérêts, pas le capital. Elles y trouvent aussi leur compte, explique Christopher Dembick, analyste financier chez Saxo Bank, explique que les banques y trouvent aussi leur compte.
Les banques ont intérêt à devenir des banques « conseils » sur la stratégie des entreprises. Dans un sens, elles leur font le cadeau de ne pas rembourser le capital dans l’immédiat.
- Donner des garanties aux banques
Il dispose d’une valorisation de ses actifs sur les marchés de 70 milliards, mais surtout : il coupe dans les coûts pour dégager des marges quand il reprend une entreprise. Son ancien associé Thierry Pigeon s’en souvient.
Les sociétés que visent Patrick Drahi sont des sociétés dans lesquelles il y a beaucoup de gras. Quand on veut rentabiliser une société, il faut faire un peu de nettoyage pour la faire mieux repartir ensuite.
La conséquence concrète de cette stratégie, c’est la suppression de plus de 1000 postes chez SFR, et d’un tiers des salariés à Libération et L’Express.
- « Acheter de l’influence politique »
En rachetant des médias, Patrick Drahi s’est également assuré la bienveillance des politiques. L’économiste Julia Cagé estime que cela peut le servir dans ses affaires :
Peu importe pour Patrick Drahi que le président de la République soit de droite ou de gauche. Ce qu’il veut éviter, c’est la régulation par l’Etat du secteur des télécoms. Il veut acheter de l’influence politique pour s’ouvrir des portes et se garantir des profits dans le secteur des télécommunications.
Derrière la figure de Patrick Drahi, c’est toute la presse qui est en pleine recomposition, avec une dizaine d’hommes d’affaires et de financiers qui contrôlent désormais les médias.
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L'enquête intégrale de Benoît Collombat à lire et écouter ici.
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